Le Mériscope : 450 stagiaires plus tard

Par Johannie Gaudreault 12:00 PM - 1 décembre 2022
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L’équipe du Mériscope est composée de deux employés et de plusieurs bénévoles. Les voici accompagnés de stagiaires de passage cet été. Photo Le Mériscope

Depuis sa fondation en 2001, il y a 21 ans, Le Mériscope a accueilli pas moins de 450 stagiaires en provenance de 12 pays différents et de 40 universités un peu partout sur la planète.

Son 20e anniversaire est passé sous silence en raison de la pandémie engendrant une pause forcée pour quelques-unes de ses activités. Mais le fondateur et codirecteur de la station de recherche marine, Dany Zbinden, n’est pas peu fier de tout le chemin parcouru depuis la mise sur pied de l’organisme qui devait être « un projet temporaire » au départ.

Originaire de Suisse, celui-ci avait étudié la biologie marine à Zurich, mais il n’avait pas eu l’opportunité de faire des expériences terrain. Il a donc atterri aux Bergeronnes d’abord pour passer deux saisons avec un groupe anglophone qui s’occupait des petits rorquals. L’ambiance n’étant pas à son goût, il s’est lancé en affaires.

C’est sa rencontre avec Denise Fournier en 1997 qui l’a amené à Portneuf-sur-Mer. « Je travaillais en bioacoustique et à Portneuf-sur-Mer, je n’avais plus le bruit des traversiers et des croisiéristes alors que la pollution sonore dans le coin des Bergeronnes/Tadoussac était énorme. C’était impossible de travailler, même la nuit », se remémore le biologiste marin.

Il s’est donc associé à deux autres personnes qui réalisaient un doctorat sur les baleines dans le Saint-Laurent, tout comme lui, et qui avaient les mêmes besoins en termes d’équipements afin de « faciliter leurs travaux ».
« Ce n’était pas pensé que ça deviendrait un projet à long terme. Même moi, mon but ce n’était pas ça. Je voulais terminer mon doctorat et aller dans le monde académique », raconte Dany Zbinden. En 2009, ayant terminé maîtrise et doctorat, il était temps de mettre fin à l’organisme mais, pour le fondateur, « c’était trop beau pour laisser tomber ça ».

Collaboration universitaire

En 2014, un premier projet de collaboration avec une université a vu le jour. Deux étudiants de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) ont œuvré sur la biopsie des petits rorquals en écotoxicologie pour découvrir les contaminants qu’on trouve dans le corps des baleines. Ce projet de recherche a duré six ans.

Depuis l’an dernier, un nouveau projet s’est ajouté avec l’Université McGill consistant à suivre les petits rorquals pendant leur migration dans l’estuaire et l’Atlantique grâce à des balises satellites et des biopsies.

« On a aucune idée où sont les aires de reproduction des petits rorquals ni les rites de migration. En regardant la composition du gras d’une baleine, tu peux faire le profil de la proie qu’elle a mangée dans le passé », explique le directeur du Mériscope.

Quand il regarde en arrière, le Nord-Côtier d’adoption admet avoir été encouragé par « les feedback des stagiaires universitaires » qui se sont faits nombreux au fil des ans.

« Même les enseignants sont bien contents parce qu’on offre ce qu’ils ne peuvent pas apprendre à l’université. On est une petite équipe, mais on est bons dans ce qu’on fait », ajoute celui qui donnera des conférences en Antarctique cet hiver.

Alors que les stages ont été mis sur pause durant la pandémie, cette année, Le Mériscope a eu trois fois plus de demandes d’étudiants.

« On a une capacité d’environ six personnes à la fois. On a dû faire un choix parce que ce sont des stages de formation de six semaines et plus. Finalement, on a reçu 13 stagiaires. C’est deux à trois fois plus que le nombre qu’on accueille normalement », de faire savoir le codirecteur.

En plus des stages de formation, Le Mériscope participe au camp de jour d’Explos-Nature, offre des conférences à des élèves du Cégep de Ste-Foy et ouvrait ses portes au grand public avant la pandémie. Ces expéditions pour la population n’ont pas eu lieu cette saison, mais devraient être de retour au cours des prochaines années.

Un avenir prometteur

La station de recherche marine ne s’assoit pas sur ses lauriers. Le fondateur a de nombreux projets en tête pour l’avenir de l’organisme afin de jouer un rôle important dans l’immersion des jeunes avec la nature. D’abord, il souhaite doubler le nombre de stagiaires reçus annuellement.

« Pour être capable de faire ça, nous voulons agrandir la station de recherche. On cherche un terrain pour consolider les activités à long terme », poursuit-il.

Du côté de la conservation, Le Mériscope souhaite augmenter son impact sur le sauvetage des mammifères marins empêtrés dans les filets de pêche ou échoués.

« On est membre du Réseau québécois d’urgence pour les mammifères marins. On aimerait recevoir la formation de Pêches et Océan Canada pour professionnaliser notre capacité à intervenir en cas d’empêtrement des mammifères marins, puisqu’au Québec, il n’y a aucune équipe qui est formée.

Voici là des projets qui sauront occuper les prochaines années du nouveau soixantenaire, qui pense déjà à retarder sa retraite.

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