« L’humain fait aussi partie de la biodiversité »- André Gilbert et Steeve St-Gelais, Boisaco

Par Émélie Bernier 4:37 PM - 15 décembre 2022 Initiative de journalisme local
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Alors que la COP15 se déploie autour des enjeux de protection de la biodiversité, l’entreprise forestière nord-côtière et saguenéenne Boisaco rappelle que les humains en font également partie.

« L’humain a-t-il encore sa place? », questionne André Gilbert et Steeve St-Gelais, respectivement directeur général et président de Boisaco, une entreprise forestière ayant son siège social à Sacré-Cœur.

« On dirait qu’on en est à un stade où on voudrait soustraire les humains de l’écosystème. Ça nous préoccupe beaucoup.  Oui,  les humains peuvent avoir des impacts sur la biodiversité et les écosystèmes, mais on pense qu’il faut travailler dans un esprit de développement durable et que l’humain fait partie de la solution, dans sa capacité à relever des défis », commente d’emblée Steeve St-Gelais.

La philosophie de l’entreprise Boisaco s’inspire des grands principes du développement durable et M. St-Gelais estime qu’une foresterie basée sur ces principes est un moyen de répondre aux enjeux actuels, notamment ceux reliés aux changements climatiques. «De l’aménagement écosystémique adéquat est un moyen pour améliorer la résilience de nos forêts », insiste M. St-Gelais.

André Gilbert. Courtoisie

Les deux hommes espèrent que les lois sur la protection des espèces menacées ou en danger n’omettront pas les impacts économiques des mesures de protection. « C’est ce qu’on déplore. On sent que dans certaines positions très polarisées, les humains ne sont plus pris en compte! L’utilisation de la forêt à des fins de villégiature, de tourisme, de chasse et de pêche et de production de matière ligneuse n’est pas incompatible avec le respect de la biodiversité», estiment-ils.

La protection du caribou et des autres espèces menacées ne saurait se faire en restreignant complètement l’accès à une grande proportion du territoire, selon les gestionnaires de Boisaco.

« On ne croit pas au principe de la cloche de verre. Il y a une énorme différence entre protéger une forêt ou un milieu humide dans le coin de Montréal et protéger la forêt qui est déjà régie par la loi de l’aménagement durable des forêts et qui n’est pas en situation de perdition! », estime pour sa part André Gilbert qui privilégie la conservation à la protection.

« Dans la conservation, l’humain est présent! On travaille dans le sens du développement durable, avec une utilisation rationnelle des ressources et la collectivité est cœur de tout ça. Ici, dans nos principes de gouvernance, on tient compte des piliers du développement durable : le  social, l’économie et l’environnement », insiste M. Gilbert.

Il rappelle que les communautés dépendent de ce lien avec la ressource et qu’il n’est pas à son avantage de l’exploiter sans penser au lendemain.

Steeve St-Gelais. Courtoisie.

« Il y a des enjeux planétaires à prendre en considération. Les changements climatiques bouleversent tout. Il faut s’assurer que ce qu’on va avoir comme orientation va être dans un esprit adaptatif et évolutif. On pense que le principe de la cloche de verre peut nous amener dans une direction plus dramatique que si on aménage adéquatement et qu’on évite des émissions de carbone extraordinaires comme celles liées à des feux de forêt, par exemple », indique André Gilbert et Steeve St-Gelais.

Boisaco est d’ailleurs associé à une chaire de recherche sur le carbone forestier. «On s’allie avec des chercheurs pour aller vers des interventions intelligentes, structurées,  pour travailler dans la rétention des GES et utiliser cette machine incroyable qu’est la forêt pour stocker le carbone », insistent-ils.

Boisaco a entamé cet automne une démarche de renforcement de son engagement envers le développement durable afin « d’incarner encore davantage cette philosophie basée sur la coopération citoyenne qui permet l’utilisation rationnelle de la forêt en tant que ressource renouvelable ». Cet exercice mènera à un plan d’action dont le déploiement est prévu en 2023.

« 100% des retombes engendrées par l’organisation reste dans notre milieu. De par notre structure, on a une préoccupation d’assurer le développement durable depuis la naissance de Boisaco, alors qu’on ne nommait même pas ça comme ça. La pérennité de nos activités à long terme pour le bien de notre communauté et la préservation de l’environnement dans lequel on vit, c’est la base de notre organisation, mais on veut pousser ça encore plus loin », concluent-ils.