Décès et accidents en motoneige : une question de comportement plus que de signalisation

Par Renaud Cyr 6:00 AM - 9 mars 2023
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Depuis plusieurs semaines, les policiers de la Sûreté du Québec, en collaboration avec leurs partenaires locaux, intensifient leur présence sur le réseau récréotouristique hivernal. Photo Sûreté du Québec

Au cours des deux dernières semaines, accidents mortels et/ou avec blessures graves se sont succédés sur les sentiers de motoneige du Québec. Les 5 décès survenus sur le territoire depuis le 24 février, ont laissé craindre le pire pour le reste de la fin de semaine de relâche.

Fort heureusement, au moment d’écrire ces lignes aucun décès supplémentaire n’a été enregistré. Selon la Sûreté du Québec, la Côte-Nord présente un bilan de deux collisions mortelles en motoneige pour l’année 2023, toutes deux ayant eu lieu sur le territoire de la Haute-Côte-Nord.

Selon les chiffres de la Fédération des clubs de motoneigistes du Québec (FCMQ), plus de 550 motoneigistes seraient décédés depuis l’an 2000 dans la province. Les différents bilans de saison affichent des statistiques troublantes : 53 % des décès ont lieu la nuit, 52 % des décès ont lieu hors sentier, et 24 % d’entre eux impliquent des facultés affaiblies.

Les résultats d’une étude entreprise au printemps dernier apportent toutefois une nuance importante sur le long terme. « Nous avons observé que le bilan des décès a baissé de tout près de 50 % depuis 20 ans », explique Michel Garneau, directeur des relations externes à la Fédération des clubs de motoneigistes du Québec.

« Ça veut dire que le message commence à passer », insiste-t-il. En effet, la FCMQ multiplie depuis plusieurs années, les démarches de prévention auprès des motoneigistes et des clubs afin d’assurer le respect des consignes de sécurité et de la signalisation sur les sentiers.

« Les panneaux d’arrêt que l’on retrouve aux traverses de route et d’entrée privée ne sont pas de simples ornements. Respectez-les et immobilisez-vous. Évitez de devenir une statistique », peut-on lire dans l’article de la FCMQ rapportant ces données cruciales.

Comme sur l’autoroute

Pour Tony Roussy, l’agent provincial de la FCMQ et superviseur de la Côte-Nord, il existe des similitudes entre le comportement des usagers en motoneige et des automobilistes.

« C’est un peu comme sur la route 138. Il y a celui qui n’est pas habitué, le téméraire et celui qui suit la route et qui est délinquant de temps en temps », précise-t-il.

La pandémie de Covid-19 a eu comme effet de susciter l’intérêt de la population envers la pratique de ce sport, et le nombre d’usagers en sentier a un impact indéniable sur le nombre d’incidents. Heureusement pour les nouveaux initiés, la FCMQ dispose du guide du motoneigiste.

« C’est un outil très complet pour aider les gens à s’initier à la motoneige de façon sécuritaire et responsable », indique Michel Garneau.

« On souhaite que les gens commencent à prendre connaissance de la gestion de risques et d’agir en conséquence. Ça demeure une activité hors route et il est possible d’être confronté à des animaux, du verglas, et d’autres phénomènes qui relèvent du hasard », décortique-t-il.

Patrouilles et sensibilisation

La Sûreté du Québec, en collaboration avec les agents de la FCMQ et les agents de clubs de sentiers, intensifie sa présence sur le réseau Trans-Québec. Dans la MRC de Sept-Îles, plus d’une trentaine de patrouilles à motoneiges effectuées avec les partenaires locaux ont se sont conclues avec l’émission de plus de 60 constats d’infractions, dont une dizaine pour le non-port du casque.

« C’est toujours du positif, surtout que nous les réalisons en collaboration avec des partenaires bénévoles, comme la fédération ou encore les clubs locaux », laisse entendre le sergent Hughes Beaulieu, agent d’information pour le service de la diffusion et des relations médias à la Sûreté du Québec.

« On laisse toujours une trace dans l’esprit des motoneigistes qui sortent du relais qui se rappellent avoir vu des patrouilles durant leurs excursions », précise-t-il.

Lors d’une grande patrouille avec plus de 150 interceptions, les agents impliqués ont d’ailleurs eu le plaisir de constater « qu’aucun conducteur avec les facultés affaiblies n’avait été intercepté », indique Hughes Beaulieu.

Plus dangereux qu’ailleurs?

Un accident survenu le lundi 27 février à Portneuf-sur-Mer impliquant une motoneigiste qui est entrée en collision avec un arbre remet en lumière la nature de notre territoire nord-côtier.

Est-ce alors raisonnable d’assumer que la nature inégale du relief de notre région et ses parcelles montagneuses est accidentogène?

Pour Tony Roussy, la signalisation ne peut être en cause car elle est encadrée par la loi, et la survie des clubs de motoneiges en dépend. « Nos sentiers sont davantage accidentés et tortueux qu’ailleurs en province », laisse-t-il toutefois entendre.

La région des Laurentides dispose d’un terrain semblable en terme de relief au notre, et le bilan de collisions et de décès reste vierge pour la saison 2022-2023.

« À la base, même s’il y a des décès, nous sommes chanceux qu’il n’y en ait pas davantage compte tenu des conditions de terrain de la Côte-Nord », estime Tony Roussy.

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