Les centres d’hébergement de Baie-Saint-Paul et des Éboulements accueillent environ 120 personnes pour la nuit

Par Émélie Bernier 11:23 AM - 2 mai 2023 Initiative de journalisme local
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Le centre d’hébergement d’urgence du centre éducatif Saint-Aubin (CESA) a accueilli environ 80 personnes pour la nuit tandis qu’une trentaine de réfugiés à l’est du pont Leclerc ont dormi au Camp Le Manoir.

Au CESA, les réfugiés des inondations ont dû attendre à minuit avant de pouvoir s’étendre sur les petits lits de camp de la Croix-Rouge, mais en général, les commentaires étaient plutôt positifs ce matin dans la cafétéria où plusieurs prennent un café et un petit déjeuner en attendant patiemment de pouvoir rentrer chez eux.

Une équipe dévouée est à pied d’oeuvre à la cafétéria du CESA.

Vers 10h, plus de 130 déjeuners avaient été servis par une armada de bénévoles et par les employés de la cafétéria. Lundi soir,  150 personnes ont soupé sur place.

« Il y a des sinistrés qui ont dormi ici, mais aussi des gens en transit, qui vivent vers l’est, de Charlevoix, de la Côte-Nord qui n’ont pas rapport dans la situation. Ils ont été coincés et n’ont pas trouvé de place dans les hôtels qui étaient tous pleins. Ils sont venus ici passer la nuit », expliquait une bénévole qui préférait taire son nom. Ce matin, les sinistrés étaient nombreux à quitter les lieux pour tenter d’aller constater les dégâts.

Dans le gymnase transformé en dortoir, quelques personnes tentaient encore de dormir, après une nuit plutôt courte.

Amélie Franchini, son mari Antony Barradis et leurs trois filles

Amélie Francini, son mari Antony Barradis et leurs trois filles, de Saint-Joseph-de-la-Rive, arrivaient d’un rendez-vous pédiatrique à Québec avec leurs filles Lilou et Lola quand ils ont compris l’ampleur de la situation. « On n’écoutait pas les nouvelles, on était avec la pédiatre. En sortant, on voit les alertes et tout… C’était stressant, disons », raconte Mme Francini.  Leur troisième fille, Ilena, se trouvait pour sa part à la garderie dans le secteur Tremsim où l’électricité était coupée, mais où la gardienne se faisait tout de même rassurante. La petite a pu être récupérée in extremis avant la fermeture complète du quartier et toute la famille s’est donc retrouvée dans le dortoir du CESA. «Nous, on n’a pas dormi, il faisait tellement froid. On a mis les filles par terre parce qu’elles gigotaient et elles ont plutôt fait une bonne nuit. On est allé se réchauffer quelques fois dans les toilettes… », racontent les parents qui attendent impatiemment de pouvoir rentrer à la maison.   

Lilou, Ilena et Lola se sont prêtés au jeu. « J’avais vu ça à la télé, mais jamais en vrai », confie l’aînée Lola.

Évacuées de la rue de la Tannerie,  Madeleine Bergeron, Élianne Gravel et Jeanne d’Arc Simard ont-elles aussi passé la nuit dans le gymnase du CESA. Elles n’ont que de bons mots pour l’organisation.

« On est bien accueilli, la nourriture est bonne. Hier, c’était tard  pour se coucher, vers minuit, mais le temps de tout organiser, on comprend. Au moins, on était couché », indique Mme Bergeron.

Madeleine Bergeron, Jeanne d’Arc Simard et Élianne Gravel.

La nuit n’a pas été des plus reposantes, bien sûr. « Y’en a qui brassent, ça dort pas vraiment… Moi je me suis cassée une côte en me penchant… Mais j’irai pas à l’hôpital, j’ai passé la nuit comme ça. La garde-malade qui était là m’a dit « mettez de la glace et prenez des tylenol », rigole avec bonhommie Mme Gravel. Jeanne d’Arc Simard amuse ses convives en parlant de sa nuit « à l’hôtel »…

Les dames espéraient pouvoir rentrer chez elles aujourd’hui.

Gilbert  Denis, résident de Saint-Irénée, a tenté de trouver une chambre à Baie-Saint-Paul. Seul le Germain avait de la disponibilité pour l’accueillir avec sa conjointe. « Au Germain, le lit de camp était parfait », rigole celui qui fait contre mauvaise fortune bon cœur. Lui aussi n’a que de bons mots pour l’organisation du centre d’hébergement d’urgence.

« Il y a beaucoup  de personnes âgées, certaines sont médicamentées et n’ont pas eu le temps de récupérer leurs médicaments avant de partir… Suffisait de le dire et une heure après, les médicaments rentraient”, salue-t-il.

Gilbert Denis et Aldé Massicotte.

De l’autre côté de la table, sa compatriote de Saint-Irénée Louisette Girard affichait un sourire résigné. « Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Là, on a hâte que ça ouvre », raconte la dame qui s’était déplacée en après-midi pour un rendez-vous chez le médecin et a été incapable de rentrer chez elle. «  C’était pas au programme de dormir dans un dortoir, mais le monde est tellement gentil, on n’a pas un mot à dire. J’avais laissé ma pompe dans mon auto à l’aréna quand ils nous ont déplacés en autobus de l’aréna à ici, mais on est venu avec moi chercher ma pompe dans auto”, raconte-t-elle.

Ils se sont virés de bord rapidement, j’en reviens pas », louangeait à son tour Aldé Massicotte, de Saint-Aimé-des-Lacs qui attendait également l’ouverture d’une des deux voies vers l’est pour retourner à la maison.

« J’espère rentrer chez nous aujourd’hui! Il le faut », lançait pour sa part Mme Girard.

La SQ, de nombreux bénévoles et la Croix-Rouge sont sur place où du soutien psychosocial est offert aux personnes qui en ressentiraient le besoin.

Les personnes réfugiées au Camp Le Manoir et qui ne peuvent réintégrer leur domicile seront vraisemblablement rapatriées au centre d’hébergement du CESA dès l’ouverture du pont.

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