Fouilles archéologiques aux Bergeronnes : d’une richesse incroyable

Par Renaud Cyr 2:30 PM - 30 juin 2023
Temps de lecture :

L’archéologue et chargée de cours à l’UQAC Noémie Plourde, accompagnée de ses archéologues assistants Jany-Claude Bouchard et Marc-André Béchard ainsi que leur stagiaire de l’Université de Sherbrooke.

35 000 os d’animaux et plusieurs outils primitifs ont été retrouvés sur le site archéologique de la Pointe-à-John exploité par une équipe d’archéologie de l’UQAC l’an dernier. L’équipe est de retour cette année et cumule les trouvailles depuis le 5 juin, ajoutant des fragments d’histoire à notre patrimoine collectif et régional.

Les fouilles archéologiques se poursuivent sur le terrain d’un particulier aux Bergeronnes, à la Pointe-à-John sur la rue de la Mer.

La collaboration entre le ministère de la Culture, le Centre Archéo-Topo et l’Université du Québec à Chicoutimi, qui en est à son deuxième été de fouilles, a permis de sortir 35 000 os du premier site.

La première tranchée faisait en 2022 17,5 mètres de long sur 1 mètre de large, et le site excavé jusqu’à la fin de cette semaine est un carré de 12 m2.

Site de débitage

L’archéologue responsable du site, Noémie Plourde, va droit au but lorsque questionnée sur la signification du nombre ahurissant d’os trouvés sur ce que le gouvernement désigne comme le site classé Lavoie.

« C’est un site de débitage », affirme-t-elle avec le sourire. En plus des os, une multitude d’objets de la culture matérielle datant de l’époque archaïque ont été retrouvés sur le site, comme en témoignent les éclats de quartz provenant d’outils.

L’archéologue, qui prend la route de Chicoutimi après chaque jour de fouilles pour remettre les trouvailles au laboratoire d’analyse, est optimiste quant à la nature du sol excavé.

« La différence avec l’endroit où nous étions l’an dernier, c’est que cette portion a été moins perturbée par les labours d’autrefois », rapporte-t-elle.

Chasse abondante

Le site, que le fleuve touchait il y a plus de 5 000 ans, servait alors aux populations autochtones pour utiliser toutes les parties possibles des animaux marins que l’eau pouvait leur fournir.

« L’an passé nous avons trouvé un type de poinçon en quartzite qui servait fort probablement à percer les peaux », illustre-t-elle.

Tout cela amène l’archéologue et son équipe à penser qu’il s’agissait d’un lieu transitoire et saisonnier. « Les campements étaient probablement plus loin avec des accès à l’eau douce pour éviter les odeurs des carcasses », indique l’archéologue assistant Marc-André Béchard.

C’est la présence de loups-marins qui attiraient possiblement les populations autochtones à cet endroit, en plus des autres animaux aquatiques ou des oiseaux d’appoint qui complémentaient leur mode de vie chasseurs-cueilleurs.

Une tête de harpon a même été trouvée à cet endroit, témoignant de la pratique courante de la chasse.

Une tête de harpon utilisée pour la chasse aux phoques. Photo Courtoisie

Fin de vie des artéfacts

Noémie Plourde rappelle que les trouvailles seront cataloguées et qu’elles seront en temps et lieu analysées.

« Le laboratoire va conserver les artéfacts trouvés ici et Archéo-Topo pourra faire une demande d’emprunt s’il y a lieu de les intégrer dans le musée », explique-t-elle.

Un rapport d’activité sera soumis au ministère de la Culture, et les artéfacts pourront être consultés sur la bibliothèque numérique en archéologie.

Galerie photo