Le faux départ de l’hiver au Québec déçoit les touristes
Un début d’hiver inhabituellement doux au Québec refroidit le moral d’une province autrement connue pour sa culture hivernale dynamique. Des gens marchent dans les rues sans neige du Vieux-Montréal, le mercredi 3 janvier 2024. LA PRESSE CANADIENNE Ryan Remiorz
La saison hivernale inhabituellement douce au Québec a déçu des touristes venus admirer l’hiver québécois et semble avoir diminué l’affluence dans les centres de ski de la province.
Jean-Philippe Bégin, météorologue à Environnement et Changement climatique Canada, souligne que le mois dernier a été le deuxième mois de décembre le plus chaud jamais enregistré dans le sud du Québec après décembre 2015, avec des températures moyennes de plusieurs degrés au-dessus de la normale et des chutes de neige relativement faibles dans plusieurs villes. Les conditions clémentes ont amené l’organisme fédéral à parler de «faux départ pour l’hiver» au Québec.
Les conditions douces se sont poursuivies au cours de la première semaine de janvier à Montréal, où certains touristes espérant profiter du temps hivernal dans le pittoresque Vieux-Montréal se sont dits déçus d’être dans un paysage urbain gris et humide.
Yull Navarro, de Guadalajara, au Mexique, affirme qu’il avait hâte de voir de la neige lors de sa première visite dans la ville. Mais il dit n’avoir trouvé qu’une seule parcelle de glace sale sur la place centrale du Vieux-Montréal, la place Jacques-Cartier.
«On m’avait promis de la neige, ici, à Montréal, a-t-il déclaré. Ça a l’air un peu sale parce que tout est brun.»
Katrina Hercules, née à Ottawa et résidante de longue date de la Californie, a également été déçue.
«La neige me manque vraiment», a-t-elle témoigné, pointant le même amas de glace.
«Je vis dans le sud de la Californie, donc le fait de venir voir la neige est en grande partie la raison pour laquelle j’aime venir visiter le Canada pendant l’hiver.»
Opérations de nettoyage au ralenti
Golshan Matinfar, de Vancouver, a souligné les déchets éparpillés le long de certains bâtiments et bordures de trottoir. «Je m’attendais à une ville plus propre», s’est-il désolé.
Les opérations de nettoyage ralentissent pendant les mois les plus froids et les équipes rangent les balayeuses de rue, car les réservoirs d’eau gèleraient, a expliqué la porte-parole de la Ville de Montréal, Sara-Ève Tremblay, dans un courriel.
La neige recouvre généralement une grande partie de la saleté hivernale jusqu’au printemps.
La semaine dernière, Montréal a dû louer une balayeuse de rue pour aider les employés municipaux dans leurs efforts de nettoyage manuel du centre-ville, a indiqué Mme Tremblay.
La ville devra peut-être envisager d’autres moyens de s’adapter avec les changements climatiques, a-t-elle ajouté.
Baisse de visiteurs aux stations de ski
À Québec, le directeur général de l’Office du tourisme, Robert Mercure, a déclaré que les conditions météorologiques en décembre ont probablement réduit le trafic de visiteurs vers les stations de ski entourant la capitale, qui n’ont reçu que 19 pour cent de leurs chutes de neige habituelles en décembre, selon les estimations.
La ville elle-même était animée pendant la période des vacances malgré un ralentissement des réservations d’hôtels, la neige ayant cédé la place à la pluie, a indiqué M. Mercure. En dehors de la ville, cependant, il ne croit pas que les attractions touristiques aient connu une activité prospère en décembre.
M. Mercure pensait que 2023 s’avérerait être une année touristique record pour la région de Québec, mais le manque de neige à la fin décembre demeure une déception.
Plus au sud, près de la frontière américaine, la neige et les températures froides de début décembre ont permis à la station de ski du mont Sutton de garder ses pistes ouvertes tout au long du mois, mais elle a tout de même enregistré une baisse de fréquentation pendant la période des Fêtes, a indiqué le président et directeur général Jean-Michel Ryan. Selon lui, le manque de neige à Montréal pourrait avoir dissuadé les citadins de faire le trajet d’environ 90 kilomètres jusqu’à la montagne.
Ces dernières années, la station de ski a investi plusieurs millions de dollars dans ses systèmes d’enneigement afin de se préparer aux saisons plus chaudes en raison des changements climatiques, a expliqué M. Ryan.
Il pense que les skieurs devront eux aussi ajuster leur perception des conditions hivernales du Québec, car s’il n’y a pas de neige dans la ville, les pistes en montagne sont encore là, souligne-t-il.
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