De nouvelles images chocs sur les paquets de cigarettes au Canada
THE CANADIAN PRESS/HO-Health Canada
Un horrible kyste sur la langue. Un gros orteil devenu noir verdâtre à cause de la gangrène. Un nourrisson de fumeuse, hospitalisé, relié à un tube respiratoire.
Voilà quelques-unes des 14 nouvelles images et photos chocs qui commencent désormais à apparaître sur les paquets de cigarettes au Canada pour mettre en garde les fumeurs contre les méfaits du tabagisme.
Elles mettent en lumière le cancer de la langue, de l’estomac ou du cou, ainsi que la gangrène, pour la première fois depuis que le Canada a été le premier pays à adopter cette approche d’images explicites, en 2001. Les premières images ont été ensuite mises à jour en 2012, avec des photos lugubres de patients. L’emballage neutre et les noms de marque écrits dans une police blanche standard sont entrés en vigueur en 2020.
La dernière série d’avertissements photographiques percutants s’appuie également sur divers autres méfaits du tabagisme, notamment les crises cardiaques, les lésions cérébrales et la mort par accident vasculaire cérébral, ainsi que l’impuissance due à la réduction du débit sanguin vers le pénis. «Il est alors difficile d’avoir ou de garder une érection», prévient-on.
Un porte-parole de Santé Canada a précisé que les fabricants doivent s’assurer que ces avertissements apparaissent sur leurs emballages avant le 31 janvier prochain; les détaillants devront ensuite les proposer d’ici le 30 avril.
L’objectif est de faire passer le taux de tabagisme au Canada d’environ 10 % à moins de 5 % d’ici 2035, dans le cadre d’une campagne qui a introduit l’année dernière des avertissements imprimés, en français et en anglais, sur chaque cigarette — l’un de ces messages annonçant au fumeur «du poison dans chaque bouffée».
Rob Cunningham, analyste politique principal à la Société canadienne du cancer, soutient que les données provenant de plusieurs études menées à travers le monde montrent l’efficacité de ces images chocs imprimées sur les paquets de cigarettes, une stratégie adoptée maintenant par des dizaines de pays.
«Une image a vraiment un impact. On s’en souvient plus, elle est plus évocatrice, évidente. Elle raconte la vérité sur la cigarette», a-t-il déclaré.
Une photo particulièrement convaincante, montrant une femme d’Edmonton, famélique, décédée d’un cancer du poumon à 42 ans, a été reprise à partir de 2012 dans une version légèrement différente. Mais même ces images percutantes ne dissuaderont peut-être pas certains fumeurs d’écraser, admet M. Cunningham.
Il réclame donc une approche globale, qui pourrait inclure des taxes plus élevées sur les cigarettes, plus de financement pour les programmes d’abandon du tabagisme et un âge minimum de 21 ans pour en acheter, comme c’est le cas à l’Île-du-Prince-Édouard, au lieu de 18 ou 19 ans, selon les provinces. Les cigarettes devraient également être vendues dans moins de points de vente, selon lui.
«On ne vend pas de cannabis dans les dépanneurs et les stations-service. On ne devrait pas y vendre de cigarettes non plus.»
Une autre série de 14 avertissements photographiques devrait apparaître sur les paquets de cigarettes dans deux ans.
«On ne les voit plus»
Lesley Mulgrew, de Regina, raconte qu’elle a fumé sa première cigarette à l’âge de 14 ans, le 22 décembre 1995 précisément, lorsqu’elle a trouvé un demi-paquet dans la vieille veste d’hiver de sa sœur, cachée là pour une amie.
Les cigarettes ont duré six mois, puis sont devenues une dépendance trois ans plus tard, lorsque sa mère a été tuée par un chauffard ivre, a-t-elle déclaré. «Ce soir-là, j’ai fumé un paquet et demi, et je fume régulièrement depuis.»
Cette femme de 42 ans a tenté à plusieurs reprises d’arrêter de fumer en raison du coût élevé des cigarettes et des nombreux risques pour la santé qui ont coûté la vie à ses deux grands-pères et à un oncle. «Pour moi, fumer, c’est comme avoir un meilleur ami qui essaie toujours de te tuer», dit-elle.
Les images percutantes sur les paquets de cigarettes ne l’ont pas décidée à arrêter. «Je ne les vois même pas, dit-elle. Je ne regarde pas consciemment la photo parce que j’y suis tellement habituée maintenant. Quand ils les ont mis pour la première fois, oui, on regarde tous ces trucs dégoûtants et c’est comme: eurk!.»
Le docteur Peter Selby, directeur de la Clinique de dépendance à la nicotine du Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto, souligne que ces images chocs contiennent de nombreuses informations sur les méfaits dont de nombreuses personnes ne sont peut-être pas conscientes, mais qu’elles doivent être modifiées régulièrement pour continuer à avoir un impact.
Les paquets de cigarettes affichent également un numéro de téléphone sans frais qui connecte les gens aux services d’abandon du tabac dans leur province, bien que le recours ait diminué ces dernières années, a déclaré le docteur Selby, qui souhaite plus de programmes parce que seulement environ 10 % des personnes parviennent à arrêter de fumer.
«La cigarette crée une telle dépendance que la rechute est davantage la norme et il faut quelques coups de pied avant de réussir», a-t-il déclaré.
Horizon
Horizon, des contenus marketing présentés par et pour nos annonceurs.