Petapan : les Innus dénoncent la “mauvaise foi du Québec”
Le chef de la Première Nation des Innus Essipit Martin Dufour. Photo : courtoisie
Dans une lettre ouverte diffusée lundi, les chefs des Premières Nations de Pekuakamiulnuatsh, Essipit et Nutashkuan parlent de la mise en péril du projet de Traité Petapan et pointent du doigt la « mauvaise foi » de la CAQ.
« Notre projet de traité est mis en péril par la mauvaise foi du gouvernement du Québec », déplorent d’emblée les chefs Gilbert Dominique, Martin Dufour et Réal Tettaut, dans une lettre ouverte diffusée le 1er avril.
Ils rappellent que la date butoir du 31 mars 2023 avait été convenue pour conclure les négociations du projet de Traité Petapan entre le Canada, Québec et les trois Premières Nations Innus.
« Nous étions alors en droit d’être positifs, puisque nos négociations avaient bien avancé au cours des dernières années et qu’il ne restait que quelques enjeux à ficeler avec le gouvernement du Québec, ceux avec le Canada ayant été réglés », écrivent-ils.
Ils affirment avoir été « trompés » par une déclaration du premier ministre François Legault qui aurait pris un engagement en ce sens.
« Non seulement le gouvernement du Québec a renié son engagement, mais il a imposé un nouveau délai sous prétexte d’un besoin de travail interne de pédagogie auprès des ministres et fonctionnaires concernés », expliquent-ils.
Les Chefs accusent Québec d’avoir voulu s’en prendre à des fondements du projet de Traité et d’avoir voulu rouvrir certains chapitres clés déjà négociés, alors que le gouvernement provincial prétendait plutôt vouloir de « simples précisions ».
« Par le fait même, le Québec se trouve à renier plusieurs éléments fondamentaux se trouvant dans l’Entente de principe d’ordre général qu’il a signé en 2004 avec nos Premières Nations et le Canada ! », disent-ils.
Les Chefs assurent avoir donné une chance à la négociation en étant « bons joueurs » et en répondant « avec la plus grande célérité » aux demandes de la province.
« Mais, il y a des limites à vouloir abuser de notre bonne foi… De plus, à l’instar des autres Premières Nations du Québec, nous sommes confrontées aux diverses positions politiques colonialistes du gouvernement de la CAQ, comme par exemple celles concernant l’exploitation du territoire, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ou encore le droit inhérent à l’autodétermination », déplorent-ils.
L’impasse qui subsiste met en péril le projet de Traité et « les relations entre nos communautés et l’État québécois », peut-on lire dans la lettre.
Le premier ministre François Legault n’aurait pas donné suite aux nombreuses demandes de rencontre formulées par les Chefs.
« Ces reports systématiques semblent être le reflet de l’attitude de ce gouvernement depuis plus d’un an, laquelle ne peut être qualifiée autrement que de » mauvaise foi ». Ce dérapage provoqué par le Québec marque ainsi au crayon rouge un grand rendez-vous manqué avec l’histoire des relations de Nation à Nation. »
Les Premières Nations affirment, malgré tout, toujours espérer que le dossier puisse se régler en 2024, bien que « peu optimistes ».
« À l’arrivée de ce triste anniversaire de l’engagement non tenu du Québec, est-ce que le Québec pourra changer son attitude ? Ou, serons-nous obligés de prendre des actions plus drastiques pour concrétiser l’ambition de nos communautés de construire une nouvelle société basée sur la reconnaissance de nos droits ? », questionnent-ils, précisant que « aucun scénario n’est exclu », dont celui de la voie juridique qui est très sérieusement considéré.
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