Il y a une semaine, jour pour jour, le CISSS de la Côte-Nord a annoncé des coupures de services de l’ordre du jamais-vu. L’entrée en vigueur de nouvelles mesures imposées par Québec, visant la fin du recours à la main-d’œuvre indépendante, est venue ébranler un réseau déjà fragilisé par la pénurie de travailleurs de la santé.
Le CISSS de la Côte-Nord a 3 800 employés. Quotidiennement, entre 600 et 700 travailleurs proviennent des agences privées.
La particularité sur la Côte-Nord est qu’environ seulement 2 % de ces travailleurs d’agences proviennent de la région. Les autres se déplacent loin de leurs proches pour venir travailler.
« Ces gens quittent leur famille pour venir sur la Côte-Nord travailler le plus d’heures possible, dans un plus petit laps de temps possible, pour retourner ensuite vers leur famille », a illustré la PDG du CISSS Côte-Nord, Manon Asselin.
Or, désormais, les contrats avec les agences ne permettent plus d’octroyer du temps supplémentaire. Résultat : la main-d’œuvre est moins intéressée à venir sur la Côte-Nord. C’est cette mesure qui fait le plus mal à la région, qui se retrouve en « crise santé », avec un réseau fragile, voire non fonctionnel, depuis le 19 mai (date d’entrée en vigueur des nouvelles mesures de Québec).
Le conseil d’administration du CISSS de la Côte-Nord dénonce l’imposition de ces mesures « mur à mur » à travers le Québec. Le gouvernement n’a pas pris en compte les particularités des régions comme la Côte-Nord et l’Abitibi, qui vivent une réalité différente. On aurait souhaité que les nouveaux contrats avec les agences privées autorisent, ici, exceptionnellement, le temps supplémentaire.
« Ce qu’on demandait au ministère, c’était de tenir compte dans le contrat des disparités régionales et des difficultés des régions comme l’Abitibi et la Côte-Nord. De faire une exception, d’alléger le contrat, ce qui nous aurait permis de passer au travers », a expliqué Ginette Côté, présidente du conseil d’administration du CISSS Côte-Nord.
La PDG du CISSS Côte-Nord assure, pour sa part, travailler à la mise en place de solutions et échanger avec le ministère de la Santé pour voir ce qui pourrait être fait au niveau législatif, l’objectif étant de stabiliser les équipes.
En attendant, tout le monde se relance la balle : c’est la faute des agences, c’est la faute des travailleurs qui ne veulent plus venir, c’est la faute des gestionnaires qui ont fait une planification médiocre, c’est la faute du gouvernement qui pense juste à son image… etc.
« Je n’ai pas à chercher la faute de qui. Pour moi, il y a des Jean-Marc, des Sophie, des Luc et des Raphaël à qui on doit donner des soins. Je n’irai pas donner le blâme à qui que ce soit. Je m’occupe de donner des soins sécuritaires à notre population », a résumé Mme Asselin.
C’est vrai qu’à travers tout ça, ce qui compte, c’est que vous voulez que vous et vos proches ayez droit à des soins. Pourra-t-on vous soigner ? C’est tout ce qui compte. Point final. Vous voulez vous sentir en sécurité dans votre région.
Une excellente image est justement venue résumer l’origine de cette crise sur la Côte-Nord. La semaine dernière, en plein cœur de la tempête, une cellule de crise atterrit en avion à Sept-Îles, envoyée d’urgence par le ministre de la Santé, Christian Dubé. Mission : aller voir sur le terrain ce qui se passe. Rencontrer les gens. Parmi eux, Dr Youssef Ezahr, président du comité exécutif du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens et chef du département régional d’anesthésiologie. Il figure parmi les 22 médecins signataires d’une lettre publiée le 13 mai, mettant en lumière les impacts du plan de contingence du CISSS Côte-Nord.
Les envoyés spéciaux voulaient aller rencontrer le même jour Dr Ezahr, qui est à Baie-Comeau. Ils ont bien vite réalisé de un, que la Côte-Nord, c’est grand. C’est un déplacement pas impossible, mais un peu ambitieux. Et de deux, qu’il faut réserver un mois à l’avance pour avoir une voiture de location, ici. Le CISSS a dû leur prêter une voiture et ils ont déplacé leur rencontre à Baie-Comeau un autre jour…
C’est ça le problème, encore et toujours. On pense à Montréal des solutions qui ne peuvent pas s’appliquer dans la réalité de la Côte-Nord.
À l’avenir, ne vous gênez pas. Demandez-nous, on va vous expliquer.
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