Abeilles sur la Côte-Nord : une mortalité qui inquiète
Yannick Tremblay se désole de la mortalité de ses abeilles. Photo Courtoisie
Depuis quelques années, les changements climatiques favorisent la prolifération de l’ennemi numéro 1 des abeilles qui prend du momentum sur la Côte-Nord : le varroa destructor. Nos apiculteurs commencent à en sentir les effets et les prochaines années risquent d’être éprouvantes pour le futur de l’apiculture dans la région.
Le varroa avait causé des pertes catastrophiques dans le sud du Québec en 2022 et 2023 avec des taux de mortalité bondissants, faisant craindre le pire lors de sa migration sur la Côte-Nord.
Pendant un temps le parasite n’arrivait pas à se développer pleinement dans les ruches d’ici en raison d’un retour du froid plus prononcé à l’automne, même s’il a toujours été connu des apiculteurs nord-côtiers.
« Ce qui est différent maintenant, ce sont les changements dans le climat et des températures en dents de scie qui sont de plus en plus fréquentes », explique Marie-Pierre Fortier, propriétaire d’Herbamiel à Sacré-Cœur et apicultrice depuis une vingtaine d’années.
Ces changements qui déstabilisent de plus en plus les populations des ruches les forcent à redoubler la cadence de leur besogne « pouvant les mener à consommer davantage de réserve », explique le relationniste du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), Yohan Dallaire Boily.
La plupart des apiculteurs de la région signalent des pertes de l’ordre de 30 % à 40 %, sauf Ragnarüches de Port-Cartier qui indique un taux de survie de 100 %.
Quelles solutions ?
Le propriétaire d’Apiculture Haute-Côte-Nord, Yannick Tremblay des Bergeronnes, explique que les traitements contre le varroa sont efficaces, mais qu’ils requièrent du temps pour bien les appliquer.
« J’ai effectué un traitement à l’automne, mais en rétrospective il en aurait fallu un dernier avant l’hiver. Pour l’instant, c’est assez difficile à prévoir », raconte-t-il.
L’apiculteur à Gallix, Jean-Claude Picard, privilégie le travail du temps pour renforcer la population de ses ruches, inspiré par l’élimination « complète du varroa à Terre-Neuve ».
« J’ai laissé descendre mon nombre de ruches et j’aménage des champs neufs chaque année. Je vais essayer de voir si en les traitant autrement, je vais réussir à surmonter le problème », analyse-t-il.
De son côté, le MAPAQ dit « collaborer de près » avec l’industrie et les experts du milieu afin d’offrir toute l’information sanitaire nécessaire aux apiculteurs et documenter la situation et collaborer à la mise en place de solutions.
Une agriculture « de pauvres »
Yannick Tremblay qualifie l’apiculture « d’agriculture de pauvres » aux yeux du MAPAQ, et se désole du manque de support du ministère.
« On passe en dernier. C’est la base, et on dirait que personne ne s’en rend contre dans les paliers de gouvernement », juge l’apiculteur.
Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, un tiers de la production alimentaire mondiale dépend des abeilles de par la pollinisation.
Les abeilles sont également citées comme des espèces parapluies à l’instar du krill dans le fleuve Saint-Laurent.
« Sans les abeilles, il y a plusieurs choses qui n’existeraient pas », juge Yannick Tremblay.
Ce dernier cite la confusion dans les conseils du MAPAQ quant aux traitements contre le varroa.
« Personne n’est capable de me dire quel traitement utiliser. Quand on a un automne qui est long, ils devraient nous dire quel traitement utiliser et à quelle fréquence », fait-il savoir.
L’apiculteur dénonce le manque d’intérêt de la population et du gouvernement, qui ne « sont pas conscients de ce que l’abeille apporte dans toute la chaîne alimentaire ».
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