Les Québécois ont un meilleur rapport avec l’alcool qu’il y a 35 ans, dit Éduc’alcool
Le Old Forester Straight Bourbon Whiskey est utilisé pour préparer des cocktails Old Fashioned au Seven Grand bar, un bar à whisky du centre-ville de Los Angeles, le samedi 4 mars 2023. (AP Photo/Damian Dovarganes)
Le rapport des Québécois avec l’alcool a changé pour le mieux, bien qu’il ne faut pas cesser de sensibiliser la population sur les bonnes habitudes, conclut dans un rapport Éduc’alcool qui fête ses 35 années d’existence.
L’organisme à but non lucratif a d’ailleurs nommé pour l’occasion André Robitaille à titre de nouvel ambassadeur. Depuis 1989, l’organisation indépendante s’est affairée à informer et sensibiliser la population québécoise aux impacts de la consommation d’alcool.
Trente-cinq ans plus tard, des avancées majeures ont été réalisées, notamment en termes de consommation au volant, mais aussi la relation des Québécois avec les boissons alcoolisées a changé. Aujourd’hui, 60 % de la population déclare avoir une relation modérée avec l’alcool.
«Il y a encore du chemin à faire, certes, mais si on compare avec avant, c’est mieux», a déclaré en entrevue Geneviève Desautels, directrice générale d’Éduc’alcool. Elle souligne toutefois qu’il reste un 30 % de la population qui boit davantage de façon risquée. «Il faut continuer à les sensibiliser de la bonne façon pour que, eux, puissent faire des choix éclairés et non pas que nous on soit en mode prescriptif», dit-elle.
Il y a eu de grands changements par rapport à la modération, estime l’organisme québécois pionnier en matière de promotion de la consommation responsable. Mme Desautels se souvient d’images d’archives qui illustraient une banalisation de la consommation d’alcool et même de la surconsommation.
La fameuse image de la bière entre les deux jambes en conduisant, par exemple, était un comportement «pas du tout répréhensible», se rappelle Mme Desautels. Les mœurs ont bien changé et il est bien implanté de nos jours que lorsqu’on boit, on ne conduit pas. Il est monnaie courante d’avoir un chauffeur désigné, surtout pour les jeunes qui ont une tolérance zéro sur leur permis de conduire.
«On ne banalise plus à ce point la consommation d’alcool, on est dans une culture de modération», affirme Mme Desautels.
Elle a fait valoir que la science ne s’entend pas pour dire si l’alcool est nocif dès la première gorgée ou s’il y a des quantités à faibles risques. «C’est pour cela que chez Éduc’alcool, on dit: au-delà des quantités, ce qui est plus important, c’est pourquoi tu bois», indique la directrice.
Déguster un produit local, célébrer ou bonifier une expérience sont des habitudes de consommation à favoriser, contrairement à boire pour se dégêner dans une fête ou oublier sa charge mentale.
«On parle d’amener la population québécoise à faire des choix éclairés en matière de consommation responsable et on n’est pas dans la prescription de quantité, mais beaucoup plus dans la réflexion de sa relation avec l’alcool», résume Mme Desautels.
Une montée de la sobriété
Le rapport d’Éduc’alcool montre que 10 % de la population ne boit pas du tout.
«On l’a plus vu dans les dernières, mais il y a une non-stigmatisation des gens qui choisissent de ne pas consommer d’alcool, indique Mme Desautels. (…) Les gens veulent avoir un verre à la main parce que c’est socialement intéressant comme béquille, mais il n’est pas obligé d’avoir de l’alcool dedans et on questionne de moins en moins ce qu’il y a dans le verre de chacun parce que ça regarde chacun.»
L’un des défis d’Éduc’alcool pour les prochaines années est de déstigmatiser la consommation. Selon l’organisme, 25 % des personnes mentent à leur médecin sur leur consommation parce qu’ils sont gênés d’en prendre «trop» ou qu’ils n’en ont aucune idée.
L’organisme veut aussi s’attaquer à ce qui est en périphérie de l’alcool, comme la consommation de cannabis et les jeux de hasard.
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