Caribou : le jour de la marmotte

Par Émélie Bernier 1:27 PM - 20 juin 2024 Initiative de journalisme local
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Les Premières Nations réclament depuis plusieurs années des mesures de protection immédiates du caribou sur leur nitassinan. Photo Courtoisie.

Comme chaque fois quand le fédéral fait mine de s’intéresser d’un peu trop près au dossier du caribou québécois, le gouvernement provincial monte au créneau. Cette fois encore, « Québec dénonce une intrusion inacceptable du gouvernement fédéral dans sa gestion du dossier des caribous forestiers ».

«  Considérant tous les efforts qu’il a déployés au cours des dernières années, le gouvernement du Québec juge injustifiée la décision prise par le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique d’aller de l’avant avec l’adoption d’un décret d’urgence visant la protection de l’habitat de trois populations de caribous forestiers au Québec, soit celles de Val-d’Or, Charlevoix et Pipmuacan », indique-t-on par voie de communiqué.

On qualifie le geste d’«intrusion du fédéral dans le domaine de la conservation et de la protection de la faune et de la biodiversité sur son territoire, un champ de compétence du Québec », et ce n’est pas la première fois.

On estime que plus de 100 M$ ont été investis par le gouvernement du Québec pour la protection et le rétablissement du caribou, rappelant le début d’une nouvelle ronde de consultations, le 30 avril 2024, dernier portant sur les projets régionaux concernant les  populations de caribous forestiers de Charlevoix et de caribous montagnards de la Gaspésie.

Le gouvernement provincial rappelle également les deux projets d’aires protégées annoncés en avril dernier et représentant 17,8 % de la superficie totale des aires de répartition des populations de caribous forestiers, soit près de 100 771 km2.

Les impacts économiques sont le principal argument de Québec dans sa charge frontale contre Ottawa. « Dans un contexte économique déjà difficile pour les communautés forestières, force est de constater que l’approche du fédéral ajoute une couche supplémentaire d’incertitude pour l’industrie forestière, ainsi que pour les autres usagers de la forêt, comme les pourvoyeurs, les villégiateurs et les entreprises récréotouristiques.(…) Le Québec rappelle que le gouvernement fédéral devra assumer pleinement les conséquences économiques de sa décision » peut-on lire dans une communication publiée plus tôt ce jeudi 20 juin.

« (…)  Considérant tout le travail déjà entrepris et ce que nous avons annoncé dans les derniers mois, la décision d’aller de l’avant avec l’adoption d’un décret d’urgence par le gouvernement fédéral en vue de protéger l’habitat des populations de caribous forestiers de Val-d’Or, Charlevoix et Pipmuacan ne peut être perçue que comme une intrusion injustifiée dans notre champ de compétence. L’analyse que fait le gouvernement fédéral des actions québécoises est incomplète et témoigne de son manque de sensibilité à l’égard de la réalité des régions concernées. J’invite plutôt le fédéral à collaborer financièrement aux efforts du Québec », le  ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charrette.

De leur côté, les Premières Nations d’Essipit et de Mashteuiatsh ont salué l’initiative du ministre de l’Environnement canadien, Steven Guilbeault. En entrevue à Radio-Canada jeudi matin, le ministre Guilbeault a proclamé que “quand l’espèce est partie, on ne peut pas la ramener. Si le caribou ne va pas bien, c’est que la forêt québécoise ne va pas bien” pour justifier son intention d’aller de l’avant avec le décret d’urgence.