L’escale d’Air Liaison sauvée in extremis

Par Karianne Nepton-Philippe 9:01 AM - 2 juillet 2024
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L’aéroport de Baie-Comeau a failli perdre le service d’Air Liaison la semaine dernière. Photo Karianne Nepton-Philippe

Sans entente ferme de la part de la MRC de Manicouagan, Air Liaison a songé à complètement arrêter son escale à Baie-Comeau. Le manque de rentabilité en est la cause. Mais, le service peut continuer, pour l’instant. 

« On a levé un drapeau rouge, pour qu’on nous dise qu’on va nous aider parce qu’on veut que la desserte continue », déclare d’entrée de jeu Yves Côté, directeur de l’expérience client et développement des affaires chez Air Liaison, peu de temps après avoir reçu une bonne nouvelle de la MRC.

Air Liaison doit réussir à diminuer les coûts, là où il le peut. C’est pourquoi M. Côté souhaite obtenir ses propres installations de carburant. 

« Pour réussir à faire des dessertes régionales comme Air Liaison fait, le contrôle de nos coûts est important. 50 % de nos coûts, c’est l’approvisionnement en carburant, dit-il. Donc, on a travaillé au travers des dernières années à obtenir notre autonomie à peu près partout. »

Ces démarches ont débuté il y a environ un an, selon M. Côté. 

« Air Liaison nous a fait une demande il y a un certain temps pour pouvoir installer leur propre installation pétrolière à l’aéroport. C’est un enjeu qui n’est pas facile pour nous, car nous avons déjà une entente avec Air Jet, qui est un fournisseur de produit pétrolier et qui est installé dans les aéroports au Canada », explique pour sa part le préfet de la MRC, Marcel Furlong. 

Cette situation actuelle est cependant loin d’être rentable pour la compagnie aérienne. 

« Le fournisseur à Baie-Comeau fait sa job, ses profits, mais moi je ne pouvais plus [continuer] en m’approvisionnant comme ça. Si je veux que mon arrêt à Baie-Comeau soit rentable, ou du moins que je ne perde pas d’argent, il faut que je coupe dans mes frais d’approvisionnement en carburant », rétorque Yves Côté. 

« Ouvert » à la possibilité

Ce que la MRC dit, c’est : « On est ouvert à la discussion et à l’acceptation probable ou potentielle de ces installations. »

« Ils sont revenus à la charge et on en a parlé le mercredi (19 juin) dans notre caucus au conseil de la MRC. […] On est ouvert à la possibilité de permettre cela à Air Liaison », ajoute M. Furlong. 

« Moi, je n’ai pas l’intention de vendre, rétorque M. Côté. Je veux juste pouvoir mettre mon propre gaz dans mes propres avions et dans les hélicoptères quand elles passent. Ça nous permet d’économiser, de rentabiliser des dessertes qui sont plus dures à rentabiliser. »

Pas d’exclusivité

L’ouverture de la MRC ne signifie pas pour autant un gage d’exclusivité. 

« Si on donne à Air Liaison tout ce qu’elle veut, est-ce que cela veut dire qu’automatiquement, il n’y aurait plus jamais aucun autre transporteur qui pourra s’installer à Baie-Comeau ? Non. On ne veut pas ça, on veut quand même une certaine concurrence pour avoir des billets au meilleur prix possible pour nos citoyens », soutient le préfet. 

« On est pris un peu entre l’arbre et l’écorce. On essaie de trouver la meilleure solution pour Air Liaison, car c’est notre transporteur actuel, mais aussi pour l’aéroport, la MRC et la population. On veut une desserte. On ne veut pas nécessairement donner une exclusivité à Air Liaison », poursuit-il. 

Long terme

Air Liaison aimerait garantir une escale fiable à long terme pour Baie-Comeau. « Je veux me permettre de rester à très long terme à Baie-Comeau. Ce sont des coûts importants de s’installer et ça prend quelques années à les rentabiliser. »

« À Québec, poursuit-il, j’ai des réservoirs et je m’approvisionne en carburant, par exemple. Et ça fait déjà longtemps qu’on a entrepris des démarches pour pouvoir le faire du côté de Baie-Comeau. »

Yves Côté réitère sa volonté de continuer et même bonifier son service en terrain nord-côtier. 

« Il n’y a pas de mauvaise relation entre nous et Air Liaison », conclut Marcel Furlong.

Air Liaison veut s’améliorer

Malgré les nombreuses critiques formulées à l’encontre d’Air Liaison, Yves Côté est conscient que le service est à améliorer dans la région. 

« L’objectif est de continuer le service, de l’accroître. Par contre, il y a une chose dont il va falloir tenir compte dans tous les cas, c’est que c’est dur de voler en Côte-Nord et en Basse-Côte-Nord. Tous nos vols sont interreliés », dit-il. 

« Quand on a un des aéroports de notre desserte où on ne peut pas arrêter, comme c’est déjà arrivé, ce n’est pas toujours évident, poursuit-il. Ce sont des contraintes avec lesquelles on vit. »

Il réitère que son objectif premier est « d’être à l’heure ». Avec une solution pérenne pour son escale à l’aéroport de Baie-Comeau, M. Côté espère réussir à y bonifier son service à long terme. 

« Oui, on doit rendre notre service plus efficace, affirme-t-il. Je pense qu’en ayant notre autonomie au niveau du carburant à Baie-Comeau, ça va donner une raison de plus d’éventuellement de faire un petit saut de plus pour se rendre sur l’autre côté du Saint-Laurent. »