Des groupes écologistes contre le remblai de 37 plans d’eau au lac Bloom

Par jacobbuisson 9:33 AM - 11 juillet 2024 Initiative de journalisme local
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Les cercles rouges indiquent les positions et superficies approximatives des nouvelles zones d’entreposage. Photo capture d’écran Google maps

Le gouvernement fédéral a approuvé le plan de la mine du lac Bloom pour l’entreposage de résidus miniers dans 37 plans d’eau abritant des poissons, près de Fermont. 

Pour l’organisme Eau Secours, la décision du fédéral, tout comme celle du provincial en 2022, va à l’encontre de la recommandation du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). Le BAPE considère que Minerai de fer Québec n’a pas mis suffisamment d’effort pour explorer d’autres options. Or, dans un rapport produit par la firme de génie-conseil WSP, les autres options sont écartées pour diverses raisons, notamment la conservation du potentiel minéral. 

« C’est au nom de la préservation d’un “potentiel minéral” présumé […] que des alternatives comme le remblaiement des fosses ont été écartées », déplore Émile Cloutier-Brassard, responsable des dossiers miniers d’Eau Secours.

La minière juge aussi trop coûteux de chercher des sites d’entreposage à plus de dix kilomètres de la mine. Environnement Canada a jugé les explications suffisamment étayées pour accepter le projet.

Pour Me Rodrigue Turgeon, coresponsable du programme national de MiningWatch Canada et membre de la Coalition Québec meilleure mine, « autoriser la destruction de lacs, de rivières et de cours d’eau en s’appuyant sur la seule demande de l’industrie est une honte nationale ».

En réaction à la nouvelle, les groupes écologistes dénoncent l’écoblanchiment fait par le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, qui affirmait récemment que le Québec produisait un acier « vert ».

Plus de 157 hectares d’habitat de poissons seront détruits. « On le voit aujourd’hui, le prix à payer pour produire cet acier “vert”, c’est le sacrifice de dizaines de lacs et de centaines d’hectares de milieux humides et hydriques », souligne M. Cloutier-Brassard.

Pour les organismes signataires, la technologie n’est pas l’unique solution à la crise climatique.

« Une réduction drastique de notre dépendance à l’extraction de minéraux vierges s’impose, et elle s’impose rapidement, car avec autant de lacs et de rivières inscrits sur sa liste noire, l’acier » vert « ne sera jamais bleu », conclut le responsable des dossiers miniers d’Eau Secours.

Eau Secours et la Fondation Rivières ont démontré en 2023 que ce projet s’est développé à coups de décrets, en permettant des agrandissements à la pièce.

Réaction innue

Le conseil innu de Uashat mak Mani-utenam (ITUM) appuie le projet, qui amène des emplois et des opportunités économiques dans la région. « ITUM ne se réjouit pas de la destruction de milieux naturels », assure Djavan Habel-Thurton, directeur des communications d’ITUM. « Nous savons toutefois que le territoire affecté se trouve déjà au cœur d’une zone d’exploitation minière, que MFQ s’est engagé à des activités de compensations sur notre territoire ».

Le conseil serait donc à la recherche d’occasions mutuellement bénéfiques. « Nous nous assurons que les activités minières et industrielles ayant lieu sur notre territoire aient des retombées sociales, culturelles et économiques concrètes et positives pour l’ensemble de nos membres », souligne M. Habel-Thurton.