La chaleur et la sécheresse ont causé la saison des feux en 2023, selon une étude
Les arbres brûlés par l'incendie de Bush Creek East à Squilax, en Colombie-Britannique, le lundi 11 septembre 2023. Seuls 7 % de la superficie brûlée en 2023 au pays ont été touchés par des flammes d'origine humaine. La foudre a été responsable du reste. LA PRESSE CANADIENNE/Darryl Dyck
La plus vaste étude réalisée sur les feux de forêt catastrophiques de 2023 au Canada conclut qu’il est «inévitable» que la chaleur extrême et la sécheresse aient causé cette saison record, tandis que la quantité de jeunes forêts consumées pourrait rendre la récupération plus difficile.
L’étude prévient que les températures extrêmes observées l’an dernier équivalaient déjà à certaines projections climatiques pour 2050.
«Il est inévitable que la chaleur extrême et les déficits d’humidité aient permis à la saison des feux de forêt record de 2023 de se produire», peut-on lire dans l’étude, qui a été publiée mardi dans la revue Nature Communications.
Lors de la saison 2023 des incendies, 150 000 kilomètres carrés de forêt ont été consumés par les flammes, soit sept fois la moyenne historique. Quelque 232 000 Canadiens ont été forcés de fuir leur domicile, alors que 5500 pompiers du monde entier, des ressources nationales et l’armée ont été nécessaires pour combattre les brasiers. La fumée s’est propagée jusqu’en Europe.
«En 2023, nous avons connu les conditions météorologiques les plus extrêmes en matière d’incendies jamais enregistrées dans une grande partie du pays», a observé Piyush Jain, un scientifique qui travaille pour Ressources naturelles Canada.
«Je pense que le lien est assez clair.»
Selon l’étude, même si la saison des feux de 2023 ne s’est pas déroulée de la même façon dans les différentes régions du pays, partout, les causes sous-jacentes étaient les mêmes.
Cette saison a été marquée par des conditions météorologiques extrêmes propices aux feux de forêt — définies comme une combinaison de chaleur et de sécheresse qui dépasse 95 % de tous les jours de la saison des incendies — plus que toute autre année depuis le début des relevés, en 1940.
Dans tout le pays, les températures ont été en moyenne de 2,2 degrés au-dessus de la normale pendant la saison des incendies.
Mais alors que les incendies dans l’Ouest ont été favorisés par une sécheresse qui sévissait depuis des années, le Québec a souffert d’un phénomène relativement nouveau connu sous le nom de «sécheresse éclair».
«Cette région n’était pas en sécheresse, a noté M. Jain. Elle est passée à la sécheresse très, très rapidement.»
L’étude souligne que la sécheresse éclair est un «processus émergent que nous commençons seulement à comprendre».
La foudre aussi en cause
L’étude révèle que les longues périodes de temps chaud et sec ont été aggravées par des zones de haute pression qui ont bloqué le mouvement de l’air normalement entraîné par le courant-jet, un fleuve d’air à haute altitude qui encercle la planète et qui détermine une grande partie du temps sur Terre.
La plupart des endroits au Canada connaissent en moyenne 14 jours sous de tels systèmes de haute pression immobiles. En 2023, les zones qui ont subi les pires incendies en ont connu jusqu’à 60.
De plus, bon nombre de ces «événements de blocage» dans l’Ouest se sont produits tôt dans la saison, accélérant la fonte des neiges en montagne et augmentant la durée pendant laquelle les forêts étaient vulnérables aux incendies.
«Cela a été provoqué par ces événements météorologiques à grande échelle», a mentionné M. Jain.
Par ailleurs, le temps sec généralisé a contribué à provoquer des incendies plus importants que jamais. Bien que 834 grands incendies aient eu lieu en 2023, seulement 60 d’entre eux ont été responsables de près des trois quarts de la superficie brûlée.
Seuls 7 % de la superficie brûlée ont été touchés par des flammes d’origine humaine. La foudre a été responsable du reste.
De jeunes forêts en péril
Les incendies ont également affecté plus de 10 000 kilomètres carrés de forêt qui avait déjà brûlé au cours des trois dernières décennies.
«Cette perturbation est susceptible de provoquer d’importants échecs de régénération des arbres après un incendie, car les arbres immatures ne peuvent pas fournir suffisamment de graines après un incendie», peut-on lire dans l’étude.
Ainsi, certaines zones pourraient se transformer de façon permanente en prairies ou en d’autres écosystèmes. Des recherches antérieures ont démontré que des forêts boréales se sont transformées en forêts de feuillus ou en zones arbustives après avoir été affectées par plusieurs incendies.
«Si une jeune forêt n’est pas au stade où elle se propagerait naturellement, ces espèces pourraient être éliminées du paysage», a prévenu M. Jain.
L’étude indique que plus de 3000 kilomètres carrés de forêt commerciale au Québec sont désormais vulnérables aux «échecs de régénération».
Cette nouvelle étude s’ajoute aux autres travaux de recherche qui ont révélé que les changements climatiques rendaient les conditions favorables aux incendies jusqu’à trois fois plus probables.
La combinaison de la chaleur extrême et de la sécheresse en 2023 pourrait être un signe précurseur de ce qui est à venir, a affirmé M. Jain. Les modèles climatiques suggèrent que dans les scénarios d’émissions de carbone les plus extrêmes, ces conditions pourraient être normales d’ici 2050.
«D’ici le milieu du siècle, nous connaîtrons fréquemment les mêmes conditions météorologiques qu’en 2023, a-t-il soulevé. Cela aurait des conséquences sur un plus grand nombre de ces grandes saisons d’incendies.»
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