Le décret pour protéger le caribou: un «drame», selon une mairesse de la Côte-Nord

Par Émilie Bergeron, La Presse Canadienne 1:42 PM - 26 août 2024
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Le ministre fédéral de l'Environnement, Steven Guilbeault. LA PRESSE CANADIENNE/Dustin Patar

Des témoins entendus par des élus fédéraux en comité ont fait valoir lundi qu’un décret pour protéger le caribou équivaudrait à un «drame» pour l’économie de toute une région.

«Comment peut-on imaginer toute une population qui se lève un matin sans aucune idée à quoi pourrait ressembler son avenir? On parle d’un drame pour notre municipalité», a dit Lise Boulianne, mairesse de Sacré-Coeur, sur la Côte-Nord.

À son avis, le «développement» de sa communauté «passe et passera toujours par l’industrie forestière».

À ses côtés, le président de Boisaco, Steeve St-Gelais, a affirmé qu’avec le décret proposé par Ottawa, 600 emplois seraient perdus.

«Et ce sera la perte de plus de 200 millions de dollars de retombées annuelles au total pour notre milieu. Cela est inconcevable», a-t-il soutenu.

La population de caribous est en déclin au Québec depuis plusieurs années et l’exploitation forestière est la principale cause de cette précarité, en raison notamment des chemins forestiers qui détruisent l’habitat et favorisent le déplacement des prédateurs naturels du caribou comme l’ours et le loup.

Le fédéral compte imposer un décret à Québec afin de forcer la province à protéger les caribous dans trois zones de répartition: Val-d’Or, Charlevoix et Pipmuacan.

À Val-d’Or et Charlevoix, les caribous vivent en enclos à longueur d’année avec respectivement 9 et 30 individus et la harde de Pipmuacan compte moins de 300 bêtes.

En avril dernier, Québec a manifesté son intention d’investir 59,5 millions $ pour mettre en œuvre des projets de protection des caribous pour trois des 13 populations de caribous de la province. 

Mais le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, s’attendait à ce que le gouvernement Legault dépose une stratégie de protection pour toutes les populations de caribou, comme convenu dans une entente de principe signée en août 2022 entre le fédéral et le provincial. 

Selon l’entente, les mesures mises en place pourraient permettre «d’atteindre un pourcentage de 65 % d’habitat non perturbé» dans chacune des aires de répartition du caribou.

Malgré une succession d’annonces pour protéger l’espèce, Québec n’a pas présenté de stratégie qui permettrait d’atteindre cet objectif.

C’est l’une des raisons pour lesquelles le ministre Guilbeault compte imposer un décret. Une consultation est en cours jusqu’au 15 septembre et doit mener à la version finale du futur décret.

Le gouvernement de François Legault a décidé de ne pas participer à la consultation. Il estime que ses propres mesures de protection de l’espèce en déclin portent ses fruits.

La province évalue qu’avec le décret fédéral, il y aura «une perte d’un minimum de 2000 emplois, et ce, uniquement pour les zones provisoires projetées».

– Avec des informations de Stéphane Blais