À la retraite après 34 ans comme éducatrice : « les enfants vont me manquer »
La retraite de Gitane Brisson a été soulignée en grand le 29 août. Photo Johannie Gaudreault
Gitane Brisson était beaucoup plus qu’une éducatrice pour la quarantaine de familles qui ont franchi le pas de sa porte au fil des 34 années où elle a tenu son service de garde en milieu familial. Le 29 août, l’heure de la retraite a sonné pour celle qui pense déjà s’ennuyer des enfants.
« C’était une troisième grand-maman », témoigne Marie-Hélène Chiasson, dont les trois enfants ont fréquenté la garderie de Gitane à Forestville. « On partait travailler le cœur en paix. On savait qu’ils étaient bien, qu’ils étaient aimés », enchaîne-t-elle en mettant l’accent sur le mot aimé.
Pour Isabelle Gauthier, maman de Nathan, Mathis et Hally, le constat est le même. « C’est un gros morceau. On confie nos enfants à Gitane comme si c’était la continuité de notre famille à nous. Gitane, c’est ça qui est spécial, c’est pareil comme si c’était de la famille », affirme celle qui a apprécié ses valeurs de respect et de sensibilité.
Après sa dernière journée à titre d’éducatrice, Gitane Brisson ne s’attendait pas à célébrer sa retraite en grand. Des familles qui l’ont côtoyée au cours des dernières années se sont rassemblées chez sa fille Karol-Ann Tremblay pour la surprendre et surtout, « en signe de reconnaissance pour tout ce qu’elle a transmis aux enfants », comme le dit si bien Mme Chiasson.
Quand la fêtée a découvert le pot aux roses, les larmes ont tout de suite coulé sur ses joues. « Je pensais que c’était un souper avec mes trois filles », dit-elle encore émotive de voir tous ceux qui se sont déplacés pour l’occasion.
Les débuts
Gitane Brisson a démarré son service de garde en 1990 pour une raison bien précise. « Je voulais être à la maison avec mes enfants, je voulais élever mes enfants et un service de garde en milieu familial, c’était une bonne façon de le faire », se remémore l’éducatrice qui n’a jamais regretté son choix.
Elle n’a jamais trouvé difficile de prendre soin de ses quatre enfants en même temps que ses bambins de la garderie. « Ils se sont fait des amis », raconte celle qui est fière que sa fille Karol-Ann ait suivi ses traces. Quant à son conjoint, il ne s’est jamais plaint non plus. « C’était mon cuisinier », ricane la Forestvilloise.
Alors qu’elle n’avait que 18 mois quand sa mère a commencé à garder des enfants à la maison, Karol-Ann a toujours apprécié avoir des amis chez elle. Elle se rappelle d’ailleurs certains moments où ils étaient nombreux à célébrer dans son salon.
« Elle a commencé avec 10-12 enfants. Ce n’était pas toujours les mêmes. Quand il y avait des fêtes spéciales, on était vraiment beaucoup, 25-26 pour fêter l’Halloween », se souvient-elle.
Celle qui exerce le métier d’éducatrice à son tour n’a jamais souffert de voir sa mère s’occuper d’autres enfants. « C’est sûr qu’elle ne pouvait pas venir aux sorties d’école, mais moi ça ne m’a jamais dérangé », rapporte la jeune femme.
« On pouvait aller dîner à la maison et après l’école, on s’en allait chez nous. Je me trouvais chanceuse quand je voyais mes amis qui allaient souvent dans une garderie après l’école », poursuit Karol-Ann.
Du temps pour soi
Aujourd’hui âgée de 61 ans, Gitane tourne cette page de sa vie, non sans émotion. « Je n’aurais peut-être pas arrêté tout de suite », laisse-t-elle tomber en précisant qu’elle est toujours en forme. Après la perte d’une de ses proches amies l’an dernier, son conjoint lui a conseillé de prendre du temps pour elle.
« Nos projets, c’est vendre la maison, aller rester à notre chalet, mais je vais m’ennuyer des enfants. Je ne suis pas tannée », assure Mme Brisson qui n’a que de bons mots pour les parents qui lui ont confié leurs enfants.
Marie-Hélène Chiasson, qui n’avait plus besoin des services de Gitane depuis quatre ans, a eu un deuil à faire quand son petit dernier a quitté la garderie. « En sept ans, elle nous a accueillis environ 1 700 matins et toujours avec le sourire », a-t-elle calculé.
« Gitane, elle était toujours contente de voir les enfants comme si ça faisait un mois qu’elle ne les avait pas vus. Pourtant, elle les avait vus la veille. C’est une boule d’amour », conclut la maman.
Une éducatrice exceptionnelle
Si la carrière de Gitane Brisson est impressionnante de par le nombre d’années où elle a exercé son métier d’éducatrice, ce qui marque ses collègues, c’est avant tout sa personnalité généreuse et bienveillante.
Marie-Christine Joubert, directrice générale du CPE La Giroflée, côtoie Gitane depuis 32 ans. Son lien professionnel s’est transformé en amitié au fil des années. Elle ne conservera que du positif de son travail à ses côtés. « Elle a beaucoup d’ouverture et la bienveillance, c’est un synonyme de Gitane », commente-t-elle d’entrée de jeu en ne manquant pas de souligner son engagement envers le bureau coordonnateur.
« On faisait beaucoup de colloques dans le temps, elle était toujours là. Elle a siégé à nos conseils d’administration à plusieurs reprises aussi. Elle est toujours présente quand on fait une activité. On fait l’Halloween ensemble, elle et moi, depuis trois-quatre ans », raconte Mme Joubert qui s’ennuiera de sa collègue et amie.
De plus, elle qualifie son travail de « très professionnel » avec les enfants. « Elle a connu les agences, toute l’évolution des centres de la petite enfance. Elle s’est adaptée sans animosité, tout allait de soi », reconnaît la directrice.
« C’est une perle », lancent en cœur Marie-Christine Joubert et Katy Bouchard, une autre collègue qui a fait ses débuts au CPE La Giroflée en même temps que Gitane.
« C’est une grosse perte. Tout ce qu’on a vécu pendant ces 34 années-là, les batailles qu’on a eues, les guerres qu’on a gagnées, Gitane était là », ajoute Mme Bouchard, qui occupe aujourd’hui le poste de directrice adjointe secteur est du CPE.
C’est un coup de foudre professionnel et amical qui a frappé Katy et Gitane. « Il y a un lien qui s’est créé très rapidement par sa façon d’être, sa personnalité, sa façon d’intervenir auprès des enfants et son accueil aussi », se remémore Katy Bouchard à qui Gitane ouvrait toujours la porte que ce soit pour des activités ou des formations.
Les deux consœurs de travail souhaitent le meilleur à la nouvelle retraitée. « Une retraite à la hauteur de son travail, de ce qu’elle est et qu’elle prenne soin d’elle aussi », espèrent-elles.
Des places en moins
Gitane Brisson laissera un grand vide dans le cœur des familles qui l’ont côtoyée et de ses collègues, mais la fermeture de son service de garde réduit aussi le nombre de places disponibles sur le territoire. Toutefois, la directrice du CPE La Giroflée, Marie-Christine Joubert, demeure positive pour l’avenir grâce à des projets qui se concrétisent ces jours-ci. « Heureusement, le ministère a sorti ce qu’on appelle les services en collectivité », témoigne-t-elle en rappelant l’ouverture de deux de ce type de services en Haute-Côte-Nord, soit aux Escoumins et aux Bergeronnes.
À Forestville, un projet du même genre se discute présentement. « On est en pourparlers avec un partenaire. Il faut que je trouve le meilleur endroit qui respecte les normes pour déposer le projet parce que c’est le ministère qui a le dernier mot. Mais, on devrait voir un 12 places arriver aussi », dévoile la directrice. De plus, le CPE de Forestville prévoit ajouter une pouponnière à son service un peu plus tard cet automne, ce qui offrira cinq places supplémentaires pour les enfants âgés entre 0 et 18 mois. L’initiative sera annoncée officiellement prochainement.
« Ça va venir un peu combler le manque de places, mais ça ne répondra pas à tous les besoins, c’est certain », mentionne Mme Joubert concernant tous les projets en développement.
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