C’est ce jeudi qu’ont débuté les travaux de la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes (CSESJ).
Les députés membres de cette commission entendront une quarantaine d’experts d’ici au 26 septembre. Ceux-ci sont issus des domaines de l’éducation, de la santé et des services sociaux, de la sécurité publique, du droit et du numérique.
Parmi les sujets qui seront examinés: le temps que les jeunes consacrent aux écrans, les mesures d’encadrement à l’école et sur le web, l’accès aux réseaux sociaux, y compris par l’entremise des jeux vidéo, et la cyberintimidation.
On discutera aussi du partage de matériel sexuellement explicite, de l’accès à la pornographie sur le web, des mécanismes visant à créer une dépendance et de la publicité destinée aux enfants sur les plateformes et les applications.
C’est le premier ministre François Legault qui a proposé, en mai dernier, de tenir cette commission, pressé notamment par les jeunes caquistes, qui voulaient fixer à 16 ans l’âge minimal pour accéder aux réseaux sociaux et limiter le temps d’écran à l’école.
De plus en plus d’études montrent que l’utilisation des écrans par les jeunes peut avoir des conséquences néfastes sur leur santé. Selon le médecin en chef des États-Unis, Vivek Murthy, les réseaux sociaux sont le «moteur d’une crise nationale en santé mentale des jeunes».
«Le consensus, c’est qu’il y a urgence de faire quelque chose, a affirmé en point de presse le député Alexandre Leduc, de Québec solidaire. La classe politique est unie, sur cette lecture-là, de faire quelque chose. Mais quoi exactement? C’est ce que nous devrons trouver.»
«Tous partis confondus, on est tous d’accord qu’on a un problème de société et qu’on doit avoir une prise de conscience collective», a renchéri la caquiste Amélie Dionne, qui préside la commission.
Pas de mur-à-mur, dit une fédération de parents
Premier groupe à être entendu jeudi, la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) a prévenu les députés contre le fait d’adopter une approche dite «mur-à-mur» dans le dossier de la gestion des écrans à l’école.
Les décisions qui influencent la vie des élèves doivent respecter les besoins et les particularités des milieux, ainsi que les pouvoirs des conseils d’établissement, a déclaré la présidente de la FCPQ, Mélanie Laviolette.
Les téléphones cellulaires sont déjà interdits en classe, mais ils peuvent toujours être utilisés le midi et pendant les pauses. Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a fait savoir en mai dernier qu’il songeait à interdire complètement les cellulaires à l’école.
La FCPQ s’oppose à une telle interdiction, plaidant notamment que les parents doivent pouvoir être en mesure de rejoindre leurs enfants en cas d’urgence. «On n’est pas aux États-Unis, mais il y a des inquiétudes sur la sécurité», a lancé sa directrice générale, Corinne Payne.
La députée libérale Elisabeth Prass a ensuite relaté un épisode dans la vie de son fils. «La semaine dernière, le prof n’était pas là. Ils leur ont dit: “Bien, vous avez votre téléphone, donc vous pouvez passer votre cours là-dessus”. Il m’a dit: “Je trouve ça poche”.»
Mme Prass a demandé aux représentants de la FCPQ s’ils étaient d’accord pour que l’on interdise les «écrans récompenses» à l’école, ce à quoi Mme Laviolette a répondu qu’il fallait certainement mieux les encadrer.
Il faudrait d’ailleurs privilégier l’éducation numérique, et une utilisation saine et éthique des écrans, plutôt que l’interdiction, a-t-elle ajouté, affirmant que les parents souhaitaient eux aussi être mieux outillés pour pouvoir soutenir leurs enfants.
La commission spéciale doit déposer son rapport au plus tard le 30 mai 2025.
Horizon
Horizon, des contenus marketing présentés par et pour nos annonceurs.