Il marche 27 000 km et emprunte la Côte-Nord
Marcus Jefferson lors de son passage à Rivière-au-Tonnerre.
De l’Arctique aux États-Unis, en passant par la Côte-Nord, Marcus Jefferson entend marcher 27 000 km pour montrer au monde que l’esprit humain est plus résilient qu’il paraît.
Vous l’avez peut-être aperçu longer la route 138 avec ses bâtons de marche, son sac de randonnée et son long drapeau.
L’homme de 40 ans, de Windsor en Ontario, a une mission : marcher le continent pour sensibiliser à la santé mentale.
« Je veux faire pour la santé mentale ce que Terry Fox a fait pour le cancer », dit-il.
Il veut créer une fondation avec son projet March of the Warrior – 27 000 km. Pour y parvenir, il y passe toutes ses économies.
« Je veux montrer aux gens, surtout aux enfants, que nous sommes les auteurs et les narrateurs de notre propre histoire. »
Affronter l’improbable
Le voyageur a commencé son aventure à Tuktoyaktuk dans la région d’Inuvik, près de l’océan Arctique. Il a quitté le hameau le 17 avril 2023. Depuis, il marche entre 20 et 60 kilomètres chaque jour.
Il n’arrête jamais, sauf pour dormir. Les terres publiques lui servent de dortoir.
M. Jefferson transporte 90 lb d’équipement sur son dos. Il se nourrit principalement de gruau, de poudre protéinée et de noix. Occasionnellement, les gens qu’il rencontre lui offrent des repas.
« Je garde toujours contact avec les forces policières pour les aviser de mon arrivée dans le secteur », mentionne le trekkeur, afin d’éviter des malentendus.
Il a parcouru environ 12 000 km jusqu’à maintenant. Il a l’intention de se rendre jusqu’au bout de la route 138. De là, il prendra le Bella Desgagnés vers la Basse-Côte-Nord et ensuite Terre-Neuve.
Un passé difficile
Vers l’âge de 30 ans, Marcus Jefferson fait face à plusieurs difficultés personnelles.
« À cause de ma dépression nerveuse, j’ai perdu ma fiancée », dit-il. « J’ai ensuite perdu un de mes patrons à cause d’une overdose de drogues. J’ai perdu un autre patron à cause d’une crise cardiaque. C’était un cycle de spirales descendantes. »
C’est après beaucoup d’introspection que M. Jefferson a compris d’où venaient ses maux.
« Je suis retourné à mon enfance. J’ai commencé à creuser, et finalement tout se résume aux abus sexuels et physiques que j’ai vécus. »
Ces difficultés, aggravées par le racisme extrême qu’il dit avoir subi dans sa jeunesse, ont contribué à un trouble de stress post-traumatique. Cependant, il n’a pas voulu se laisser définir par sa maladie.
« J’ai fini par me pardonner et comprendre que ces choses qui m’étaient arrivées n’étaient pas de ma faute et m’avaient transformé en la personne que je suis aujourd’hui », partage-t-il.
« Souffrance et récompense »
À 34 ans Marcus Jefferson décide de mettre de l’ordre dans sa vie. Il quitte le Canada pour rejoindre la Légion étrangère, une force combattante de l’Armée de terre française.
Pendant son service, Marcus réussit à calmer son esprit et ses douleurs intérieures grâce à l’activité physique.
« En allant à l’armée et en accomplissant des choses difficiles, j’étais plus articulé. J’étais calme et je pouvais dormir. Je n’avais plus de cauchemars et je ne pensais plus autant à mon passé qu’auparavant. »
Après son temps dans l’armée, Marcus Jefferson a décidé de partager son histoire.
« J’ai commencé à me souvenir de ce qui m’avait presque fait quitter l’armée. C’était la marche avec charge ! » admet le vétéran. « Alors, quoi de mieux pour montrer aux gens que nous sommes beaucoup plus forts que ce que l’on nous fait croire en faisant quelque chose de difficile que nous détestons ? »
« Il est très important de faire des choses que l’on déteste et de le faire comme si on l’aimait vraiment », poursuit-il. « Souffrance et récompense, c’est mon mantra. »
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