Jessica Nanipou caressait un rêve, celui de se sentir chez elle à l’extérieur de sa communauté, soit Pessamit. De retour dans sa région natale, elle désirait partager sa culture innue dans sa nouvelle ville. Ce souhait est né il y a moins d’un an, s’est concrétisé il y a six mois et s’officialisera le 27 septembre.
« L’an dernier, je recevais 15 jeunes Innus à dîner les midis dans mon appartement », raconte en riant Mme Nanipou. Force est d’admettre que jeunes et moins jeunes autochtones cherchant un endroit où être eux-mêmes et surtout où se rassembler n’en trouvaient pas ailleurs que dans leur communauté.
Voulant proposer un lieu de rencontre à Baie-Comeau, Jessica Nanipou a pu compter sur ses 10 années d’expérience lorsqu’elle a participé à l’ouverture du Centre d’amitié autochtone du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Elle savait exactement comment elle voyait celui de la Manicouagan.
Mme Nanipou est très fière du résultat des six derniers mois. L’endroit qui rassemble autochtones et allochtones est un lieu accueillant, sécuritaire où les gens se sentent bien, selon ses observations. Du café est toujours disponible et parfois du pain banique accompagné de confiture maison aussi.
« On me dit souvent une fois que la personne y soit entrée, qu’elle y resterait toute la journée », mentionne avec dignité la directrice de l’organisme.
« Innu veut dire humain »
« Le côté accueillant est tellement primordial dans les valeurs autochtones. C’est d’ailleurs quelque chose qu’on prône ici », précise la directrice. Cet accueil est tout aussi important avec les allochtones, les autochtones et les nouveaux arrivants. Le mélange des cultures est « riche » pour Mme Nanipou.
La directrice de l’organisme devient « le pont » pour plusieurs personnes. Elle a pu aussi réaliser que beaucoup de membres de la communauté autochtone peuvent se sentir difficilement bien dans les institutions publiques et une méfiance est encore bien présente. « Il y a des répercussions intergénérationnelles de ces endroits-là », explique-t-elle.
La fréquentation du Centre d’amitié par des policiers, des enseignants, des directeurs d’autres organismes et des professionnels, permet d’établir des liens précieux qui peuvent souvent devenir un lien de confiance entre ceux-ci et une personne ayant besoin d’être rassurée.
L’organisme d’amitié pourra contribuer à « changer les mentalités » et « adapter sa façon de faire au niveau humain », lance Jessica Nanipou avec confiance. « Innu en français c’est être humain, tout le monde est innu dans le fond, tout le monde est humain », rappelle-t-elle.
L’histoire de Baie-Comeau
Elle relate lors de son entretien avec Le Manic que Baie-Comeau n’existerait pas si la première rencontre entre l’Innu Pierre « Ti-Basse » St-Onge et le colonel américain Robert R. McCormick n’avait jamais eu lieu.
Ti-Basse agissait comme guide lorsque McCormick naviguait sur la rivière aux Rochers avec sa femme Amy Irwin lors de sa visite à la première concession forestière de la Côte-Nord. Une tempête a eu lieu et grâce aux connaissances héritées de ses ancêtres, Pierre « Ti-Basse » St-Onge qui vivait de chasse et de pêche a pu sauver et loger McCormick et sa femme.
Une amitié est rapidement née de ses évènements, selon l’écrivain et membre des Premières Nations, Shayne Michael. Jessica Nanipou a également confié que Ti-Basse est son arrière-arrière-grand-père.
Dates à retenir
Le Centre d’amitié autochtone de la Manicouagan offre aussi plusieurs services personnalisés comme un dîner par semaine, de l’accompagnement, du transport, de l’écoute, des jeux et des ateliers.
Son ouverture officielle est planifiée le 27 septembre dès 15 h pour le grand public et le 30 septembre, Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, une programmation sera disponible afin de marquer cette journée importante dans tout le pays.
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