Caribou : Guilbeault fait miroiter beaucoup d’argent et invite Québec à négocier
Un caribou sauvage erre dans la toundra près de la mine d'or Meadowbank, située dans le territoire du Nunavut au Canada, le 25 mars 2009. Le ministre de l'Environnement, Steven Guilbeault, a invité son homologue du Québec à la table de négociations afin de trouver une entente sur le caribou. LA PRESSE CANADIENNE/Nathan Denette
Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, invite son homologue du Québec à la table de négociations afin de trouver une entente sur le caribou avant Noël, et souligne que la province pourrait profiter de centaines de millions de dollars de financement pour la protection de la biodiversité.
Le ministre Guilbeault a envoyé jeudi une lettre au ministre provincial de l’Environnement, Benoit Charette, et à la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina.
Dans sa missive, M. Guilbeault réitère que son gouvernement est prêt à mettre en œuvre «une approche de collaboration», incluant un financement, pour protéger le caribou et éviter un décret fédéral.
Jusqu’à 465,8 M$
«Le gouvernement peut rendre disponible jusqu’à 77,8 millions de dollars de contributions pour le caribou boréal; ce montant est actuellement réservé à cette fin, mais devra être réaffecté à d’autres programmes si aucune opportunité ne se matérialise au Québec dans un avenir rapproché», a écrit le ministre fédéral.
Également, Steven Guilbeault écrit qu’il aimerait négocier un accord sur la nature, «pour lequel Environnement et Changement climatique Canada est prêt à apporter une contribution supplémentaire de 100 millions de dollars» et «cette somme s’ajouterait aux 220 millions de dollars qui font actuellement l’objet de négociations avec Ressources naturelles Canada». Ces deux montants proviennent de programmes du gouvernement qui ne sont pas spécifiquement liés à la protection du caribou, mais qui peuvent être utilisés dans des projets qui intègrent la sauvegarde de l’espèce.
Le ministre explique aussi que «68 millions de dollars provenant du programme 2 milliards d’arbres pourraient également être mis à disposition pour soutenir une éventuelle entente de collaboration visant à soutenir la plantation d’arbres pour la restauration de l’habitat».
Au total, «le gouvernement fédéral pourrait ainsi verser jusqu’à 465,8 millions de dollars pour soutenir les efforts du Québec en vue d’atteindre nos objectifs communs en matière de conservation, notamment la protection de 30 % des terres et des eaux d’ici 2030», a fait savoir le ministre fédéral à son homologue provincial.
«Je souhaite entamer le plus rapidement possible des négociations sur une entente sur le caribou et, idéalement, conclure une entente avant Noël», a indiqué le ministre fédéral dans sa lettre.
Les détails d’un «plan approprié»
Le ministre Guilbeault a écrit qu’il suivait de près l’évolution des projets de protection du caribou annoncés le 30 avril dernier dans Charlevoix et en Gaspésie par le gouvernement du Québec et qu’il attend «avec impatience les mesures prises par le Québec pour protéger le caribou dans les aires de Val-d’Or et de Pipmuacan».
Il a souligné que le projet d’aire protégée que Québec s’est engagé à créer avec la Première Nation des Innus de Pessamit «serait une action concrète et bénéfique».
Le ministre Guilbeault a également énuméré un certain nombre d’éléments qui pourraient être inclus dans un «plan de conservation approprié», qui permettrait d’éviter la mise en place d’un décret fédéral.
Ainsi, un plan à long terme de conservation, ou d’aménagement, devrait être mis en place pour chaque population locale de caribou et ce plan devrait atteindre un objectif de 65 % d’habitat non perturbé.
Le gouvernement du Québec devrait fournir «des échéances claires pour la mise en œuvre» et un «objectif de restauration et d’autosuffisance pour l’espèce» ainsi que «des mesures immédiates pour contrer les menaces imminentes, telles que l’inclusion, l’ajout ou l’expansion d’aires de protection».
Également, le ministre fédéral de l’Environnement écrit que la participation des peuples autochtones à l’élaboration et à la mise en œuvre des mesures de conservation devrait faire partie des éléments inclus dans un «plan approprié de conservation et de rétablissement du caribou boréal».
Ottawa ouvert à compenser les impacts socio-économiques
Le ministre de l’Environnement du Canada conclut sa lettre en indiquant qu’Ottawa «demeure également ouvert à des conversations qui permettraient de minimiser les impacts socio-économiques des mesures de protection nécessaires à la protection et au rétablissement du caribou et de son habitat».
Environnement et Changement climatique Canada compte finaliser la rédaction du décret d’urgence par Ottawa pour protéger les caribous au cours des prochains mois.
La lettre du ministre Guilbeault se veut une réponse à une missive de six pages envoyée le 24 juillet par les ministres Charette et Blanchette Vézina qui indiquait que le décret d’urgence annoncé au début de l’été par Ottawa représentait une «décision unilatérale et illégitime du gouvernement fédéral, laquelle est rejetée catégoriquement par le Québec».
Non seulement Québec ne participera pas aux consultations qui servent à préciser la portée du décret, avaient annoncé les ministres, mais «le gouvernement fédéral devra pleinement assumer les conséquences économiques et sociales de sa décision», avaient-ils fait valoir.
Le Bloc offre sa collaboration
En milieu d’après-midi vendredi, le cabinet du ministre Benoit Charette n’avait pas réagi à la lettre de Steven Guilbeault.
De son côté, le porte-parole du Bloc québécois en matière de ressources naturelles, Mario Simard, a écrit dans une déclaration que son parti accueille favorablement «cette nouvelle ouverture du fédéral» et «offre sa collaboration au ministre afin de trouver une solution à la fois durable pour le secteur forestier et la protection du caribou».
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