La technologie pour palier à la pénurie de vétérinaires sur la Côte-Nord

Par Marie-Eve Poulin 5:00 AM - 16 octobre 2024
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Vétérinaire Côte-Nord

La télémédecine pourrait alléger la pression sur les cliniques vétérinaires. Photo Pixabay

L’impact causé par l’importante pénurie de vétérinaires pourrait s’amoindrir grâce à la technologie. 

Alors qu’une pénurie de vétérinaires frappe le Québec, particulièrement les régions éloignées comme la Côte-Nord, les propriétaires d’animaux n’ont d’autre solution que de se tourner vers des services de consultation virtuelle. 

Il n’y a pas de solution miracle, mais la télémédecine en plus de techniciens en santé animale peuvent soulager l’énorme pression qui pèse actuellement sur les vétérinaires. 

À Baie-Comeau, quatre techniciennes en santé animale ouvriront en novembre Boréatch, une clinique qui prendra en charge plusieurs soins, accompagnées de vétérinaires en télémédecine. 

À Sept-Îles, ce type de clinique n’existe pas. Toutefois, cela ne signifie pas que les Septiliens ne peuvent bénéficier de télémédecine. Deux vétérinaires, Dr Luis-Manuel Vacaflor et Dre Florence Deschênes, ont lancé le mois dernier Neovet, une clinique virtuelle qui s’adresse à toutes les régions du Québec. Ils ont d’ailleurs établi un partenariat avec la clinique Boréatech et tentent aussi de créer un partenariat avec la Clinique Vétérinaire Septilienne.

Prescriptions

Les consultations en télémédecine permettront divers soins tels que des conseils en nutrition et comportement jusqu’aux soins préventifs et au suivi de conditions chroniques. 

Les motifs de consultation en télémédecine sont divers. « Allergies, otites, conjonctivites, piqûres de guêpe, vomissements chroniques avec bon état général et diarrhée, démangeaisons, des accidents qui ne mettent pas la vie de l’animal en danger, etc. », énumère Dr Vacaflor. 

Il mentionne que ce sont des urgences non urgentes. « Des choses qu’on veut régler rapidement », dit-il. « Bien souvent le temps d’attente en région est très long et les vétérinaires sont débordés. C’est surtout pour cette raison qu’on a démarré ce service. » 

Les vétérinaires de Neovet pourront faire des prescriptions lorsque nécessaire. « Après la consultation, si on doit faire une prescription de médicament, on peut l’envoyer à la Clinique Vétérinaire Septilienne ou l’envoyer directement dans une pharmacie », explique Dr Luis-Manuel Vacaflor. 

Service limité

Cette solution n’est toutefois pas optimale pour la Côte-Nord. L’entreprise Neovet qui offre des services de technicien à domicile ne pourra pour le moment l’offrir dans la région. « On souhaite élargir partout au Québec selon les besoins », mentionne le Dr Luis-Manuel Vacaflor. Il espère être en mesure d’avoir des techniciens basés un peu partout d’ici six à douze mois. 

Dr Luis-Manuel Vacaflor et Dre Florence Deschênes ont lancé le mois dernier Neovet. Photo Isabella Kara Media

Solutions et prévention

Il n’y a pas de solution miracle pour amoindrir les impacts de la pénurie de vétérinaires en région éloignée. Toutefois, quelques solutions pourraient désengorger les cliniques vétérinaires. 

Dre Ève-Lyne Bouchard, présidente de l’Association des médecins vétérinaires du Québec en pratique des petits animaux (AMVQ), a quelques solutions en tête pour alléger la pression sur les services vétérinaires en région éloignée. 

La télémédecine est une option « prometteuse », mais encore faut-il s’assurer auprès de l’Ordre des vétérinaires que les professionnels opèrent en toute légalité. Combiné aux techniciens en santé animale qui pourront effectuer quelques actes comme des prélèvements sanguins, prise de température, etc., cela pourrait aider grandement à désengorger les cliniques vétérinaires. 

Grande séduction

« En médecine humaine, il y a toutes sortes d’incitatifs du gouvernement pour apporter les étudiants en région », note Dre Bouchard. « Mais en médecine vétérinaire, ce n’est pas quelque chose que nous avons ». Elle croit que les municipalités pourraient jouer un rôle important dans le recrutement. « Aller dans les écoles vétérinaires faire la promotion des régions », dit-elle. « Même faire des stages rémunérés pour créer un attachement émotionnel à la région. » 

Elle croit que les municipalités pourraient offrir des locaux temporaires pour faire des cliniques temporaires. « On pourrait faire une mobilisation de vétérinaires d’ailleurs qui viennent en groupe faire des stérilisations, des cliniques de vaccination, etc. », suggère-t-elle. 

Dre Ève-Lyne Bouchard, présidente de l’AMVQ. Photo courtoisie