Soucieux de me faire comprendre ce qui l’anime, Jacques Gélineau m’a invitée sur son bateau. La journée s’annonce magnifique et ensoleillée et le rendez-vous est donné au quai des Pêcheurs de Port-Cartier, où son zodiac est amarré.
On charge le carburant, le lunch, le drone, l’appareil photo, les jumelles avant de prendre le large. On croise d’abord les grands bateaux qui attendent leur cargaison, à l’arrêt.
Puis l’œil de Jacques Gélineau est attiré par un clapotis, que mon œil peu averti ne voit pas. « Des thons », lance-t-il, en mettant les gaz.
Mais cette première observation n’est que la pointe de l’iceberg. Au fil des déplacements, nous croiserons sept baleines bleues, deux baleines à bosse, un rorqual commun, des phoques, des pingouins, un macareux… Il y a de la vie dans le golfe Saint-Laurent. Chaque souffle de baleine est une source d’émerveillement.
Toute la journée, il notera ses observations sur un bloc-notes. L’heure, les coordonnés GPS, les animaux observés, en plus de prendre des photos avec son appareil doté d’un puissant téléobjectif. Chaque baleine sera prise en photo du côté gauche et droit pour qu’elle soit facilement identifiable.
« Ce travail permet de dire quels sont les animaux qui fréquentent la zone, avec qui ils se tiennent, quels sont leurs comportements… Aujourd’hui, je suis vraiment heureux, parce qu’on a vu un rorqual commun et ils sont de plus en plus rares. »
À quelques reprises, il sortira un drone pour effectuer des captures vidéo. Sa maîtrise des outils est impressionnante.
« Je suis habitué de travailler tout seul », explique-t-il.
Il participe régulièrement à des expéditions de prélèvement. Entre autres, l’équipe de la station de recherche utilise des drones pour récolter des gouttelettes expulsées par le souffle des baleines. L’expertise de Jacques Gélineau est alors la bienvenue. « Je suis pilote de drone agréé. C’est étonnant toute l’information qu’on peut recueillir en analysant ces particules, tout se ramasse dans le souffle. »
Le travail d’observation et d’inventaire qu’il fait lors de ses sorties en mer (trois ou quatre par semaine durant la haute saison des baleines) a également pour but de prouver la présence des mammifères et, le cas échéant, de tenir les capitaines qui naviguent dans le secteur informés de leurs allées et venues.
« Tout l’été, les baleines sont en plein milieu du trafic maritime. Quand je constate qu’un bateau se dirige là où se trouvent les baleines, j’appelle la station de la garde côtière aux Escoumins pour les informer. Ils me donnent les coordonnées du bateau et je peux joindre l’équipage pour leur dire : « pouvez-vous dériver un mil nautique, il y a présence de baleine sur votre itinéraire actuel ». En général, les capitaines sont de bonne foi. Ils ne veulent pas frapper les animaux, particulièrement les baleines noires qui sont dures à voir », explique-t-il.
Pour Jacques Gélineau, il ne fait aucun doute que la santé des animaux doit primer sur les intérêts pécuniaires des compagnies qui utilisent la voie maritime.
« Si les compagnies ont besoin de données probantes pour s’adapter, il y en a ! Et ce n’est pas une idéologie, mais des faits. »
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