Les parents de Raphaël Lecomte, 13 ans, ont fait appel à la Sûreté du Québec en renfort lorsque leur enfant s’est désorganisé. Une demande d’aide qu’ils regrettent amèrement aujourd’hui.
Le 11 octobre vers 21 h 30, la famille Lecomte, qui demeure à Baie-Comeau, fait face à une troisième crise de la part de Raphaël souffrant de plusieurs problématiques de santé mentale. « Depuis le décès de son éducateur en juillet, les crises de mon fils sont plus sévères », explique Karine Tremblay.
Un nouveau protocole d’urgence a été déterminé entre la mère et la travailleuse sociale. Le renfort d’agents de la Sûreté du Québec est la première étape lorsqu’une crise survient. Une stratégie établie pour la protection de tous. « C’est pensé pour désamorcer la crise jusqu’à son arrivée à l’hôpital », explique la mère de famille.
« Il est où lui que je le ramasse ? »
La soirée du 11 octobre, un appel est logé au 911 par Mme Tremblay. « Il entendait des voix, il murmurait et il était rendu agressif », se rappelle-t-elle.
Selon le discours de la mère, le jeune homme brisait les murs de sa chambre en guise de détresse et tentait de sauter de sa fenêtre située au deuxième étage de la résidence.
Karine Tremblay aurait réussi à maîtriser son garçon sur son lit, les mains au dos. Une technique de contention sécuritaire qui permet à son fils de se calmer.
« C’est à ce moment-là que les policiers sont arrivés », raconte-t-elle. Les dires du père et de la mère sont similaires, « les deux policiers sont débarqués crinqués à bloc », évoquent-ils.
« Il est où lui que je le ramasse », a demandé le premier agent au père de Raphaël selon ses souvenirs. « Ils étaient agressifs », ajoute-t-il. Perplexe, André Lecomte lui a indiqué qu’il se trouvait à l’étage avec sa mère. « J’avais l’impression qu’il venait chercher un criminel », confie-t-il.
Le second agent aurait ordonné au reste de la famille de sortir immédiatement de la maison. « J’ai voulu habiller mes trois enfants pour aller dehors et il ne m’a pas laissé le temps. Mes enfants étaient nu-pieds et il m’a crié dehors », lance-t-il indigné.
Arrivée à la chambre, Mme Tremblay soutient que le policier n’a pas pris le relai de la contention calme qu’elle avait réalisée à son garçon. « Il m’a tassé, l’a rapidement pris par les épaules, il le secouait de tous les côtés », déplore-t-elle. « La tête de Raphaël se faisait cogner sur le mur et le meuble de son lit et il essayait de se débattre et demandait qu’on le lâche », s’attriste-t-elle. « Mon garçon hurlait qu’il lui faisait mal », dit-elle.
« Là, tu vas te calmer, calme-toi crisse » est la phrase qui aurait été hurlée sur son garçon par les agents en question durant l’intervention de plus d’une heure, selon Mme Tremblay.
Une fois au rez-de-chaussée à la demande d’un paramédic, la mère de Raphaël se sentait outrepassée par cette situation. « Je ne voyais plus ce qui se passait, mais j’entendais mon enfant qui se faisait bardasser, les agents hurlaient les mains dans le dos », dit-elle. « J’étais figée, j’étais paniquée. Je me sens coupable de ne pas avoir pu protéger mon enfant », confie-t-elle ébranlée.
Raphaël Lecomte a de vagues souvenirs de ces évènements. Il raconte au journal Le Manic qu’il se rappelle d’avoir eu peur et qu’un des deux policiers lui aurait demandé plusieurs fois pourquoi il était en crise. « Il répétait, c’est tu à cause de ta mère », déclare le jeune adolescent.

Des blessures importantes
Arrivée à l’hôpital Le Royer de Baie-Comeau, Karine Tremblay a réalisé les blessures physiques. Un rapport médical confirmerait que l’adolescent est arrivé à l’hôpital avec plusieurs ecchymoses au visage et au corps, une dent cassée partiellement, la lèvre inférieure fendue, un traumatisme craniocérébral léger et des côtes fissurées.
Un choc post-traumatique familial
Depuis, Raphaël vit dans la peur, la peur de croiser un policier ou une autopatrouille partout où il va. « Lorsqu’il entend des sirènes, il tremble comme une feuille et pleure », explique sa mère.
Elle soutient qu’il a régressé mentalement et ne peut plus dormir dans sa chambre où les évènements se sont déroulés.
« Il dort quelques heures et fait des cauchemars en criant lâchez moi toutes les nuits », se désole-t-elle deux semaines après les évènements. « J’ai passé une nuit à le bercer », confie-t-elle.
L’image de son fils menotté et blessé revient en boucle dans la tête de la maman. « Moi aussi j’en fais encore des cauchemars », exprime-t-elle.
Pour sa part, le père du garçon se rappelle régulièrement des cris des policiers et du vacarme qu’il a entendu de l’extérieur. « Je me disais, ils vont tout défaire chez nous et au final, ce n’est pas ma maison qu’ils ont défaite, c’est mon enfant », dit-il émotif.

Une plainte en déontologie policière
Karine Tremblay et André Lecomte, les parents de Raphaël, ont déposé une plainte en déontologie policière contre les deux agents en question le soir du 11 octobre. Le rapport envoyé, dont le journal Le Manic a obtenu une copie, stipule les évènements tels qui se sont produits d’après les parents.
La famille Lecomte reproche également aux deux agents d’avoir utilisé une force plus grande que nécessaire pour accomplir leur travail, leur langage agressif et blasphématoire envers Raphaël, l’omission de s’être identifié et l’intimidation effectuée envers leur adolescent.
Trouvant cette situation plus que désolante, Mme Tremblay et M. Lecomte souhaitent que ce type d’intervention n’arrive plus. Ils sortent publiquement aujourd’hui pour protéger d’autres personnes neuro-atypiques qui pourraient faire face à des agents d’un corps policier qui auraient le même type de comportement inadéquat selon eux.
Par le passé, Mme Tremblay a appelé la SQ à quatre reprises pour une désorganisation de son fils. « Toutes ces fois, c’était des perles », mentionne-t-elle. « Ils étaient humains, ils prenaient le temps d’établir un lien de confiance avec lui », assure la mère qui fait référence à une intervention il y a trois semaines. « L’agente discutait avec Raphaël calmement et le deuxième agent nous demandait comment on allait et si on avait besoin de quelque chose », se rappelle-t-elle.
Karine Tremblay explique qu’un des deux policiers a dû faire une contention rapide où le visage de Raphaël s’est retrouvé au sol, mais elle précise que c’était fait avec professionnalisme et d’une manière sécuritaire.
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