Un auteur de Tadoussac retrace l’histoire des canots de toile

Bruno Forest a lancé son livre à Tadoussac le 25 octobre. Photo courtoisie
Lorsque Bruno Forest a acheté un canot de cèdre de fabrication traditionnelle en 2021, il ne pensait pas se lancer dans une enquête pour retracer l’histoire de la compagnie qui l’a fabriqué. Pourtant, trois ans plus tard, il lance un livre sur le récit des constructeurs de canots de toile.
C’est le 25 octobre, au Gibard de Tadoussac, que le Tadoussacien d’adoption a présenté son livre Les Canots Tremblay, Histoire des constructeurs de canots de toile du Lac-Saint-Jean en formule 5 à 7. Plusieurs autres lancements ont été tenus et le seront au cours des prochaines semaines.
« Ça a commencé avec l’achat d’un canot à Saint-Félicien. En parlant avec la dame qui vendait le canot de son père, elle m’a raconté un peu l’histoire du canot et pourquoi elle avait un attachement », raconte celui qui a toujours eu une passion pour l’écriture.
L’auteur et sa conjointe sont allés essayer le canot sur la rivière Ashuapmushuan à Saint-Félicien et de nombreux passants se sont arrêtés pour leur parler de leurs souvenirs liés à la manufacture des canots Tremblay.
« Là, j’ai vu qu’il y avait un intérêt, il y avait un engouement dans la région pour cette histoire-là qui n’était pas racontée », se remémore M. Forest qui a vite remarqué un numéro de téléphone sur son nouveau canot avec le nom de celui qui l’avait fabriqué.
Il a pris la chance de téléphoner se disant que certaines personnes conservent le même numéro longtemps. « J’ai appelé et j’ai pu rencontrer M. Rodrigue Pelchat qui avait construit le canot. En le rencontrant, j’ai vu la richesse de son univers », dit-il se rappelant encore toute la nostalgie ressentie autour du temps des constructeurs de canots.
De fil en aiguille, il a retrouvé cinq anciens artisans des Canots Tremblay, soit Roger Jacques, Yvon Tremblay, Rodrigue Pelchat, Harold Boivin et Magloire Tremblay. Il a réalisé des entrevues avec chacun d’entre eux, à la base, parce qu’il s’intéressait à la construction des canots.
Finalement, c’est allé beaucoup plus loin. « Ce n’était pas juste des constructeurs de canots. Ça débordait sur l’histoire du Lac-Saint-Jean, sur leurs souvenirs de jeunesse, les expéditions de pêche, les grands changements qui ont eu lieu avec les années. Il y avait même des charges émotives parfois », relate Bruno Forest qui a gardé ces récits deux ans dans ses tiroirs.
C’est l’hiver dernier qu’il a pris les choses en main et qu’il s’est installé pour écrire ce qui est devenu son premier livre historique publié aux Éditions GID le 7 octobre.
En fouillant dans les archives historiques, il s’est rendu compte que l’histoire des canots Tremblay débutait bien avant qu’il le croyait. La création de la compagnie remontait au début du 20e siècle.
« Il y a la colonisation du Lac-Saint-Jean qui entrait dans l’histoire ainsi que tous les grands événements de l’histoire du Lac-Saint-Jean qui avaient tous à leur manière touché la petite manufacture de canots », souligne l’auteur.
Le livre est donc devenu une histoire du Lac-Saint-Jean à travers un objet symbolique et frontière. « Parce que le canot de toile, c’est comme la frontière entre les temps sauvages, les temps de liberté du territoire quand il est encore inchangé. Petit à petit, le progrès avance et finit par déclasser le canot », explique le Tadoussacien depuis cinq ans.
À travers le bouquin, on peut lire de grands pans de l’histoire de cette région du Québec et de la compagnie des Canots Tremblay, mais on y retrouve également les trajectoires individuelles des artisans rencontrés par l’auteur.
Bruno Forest a un autre projet de roman dans la mire. Pour l’instant, celui sur l’histoire des canots Tremblay est disponible dans toutes les librairies ainsi que sur le Web.
Une grande expédition
En parallèle du roman, Bruno Forest travaille sur un autre projet d’envergure : une grande expédition sur la route des fourrures. À l’été 2025, une brigade d’aventuriers pagayera en canots de cèdre entoilés entre les 1 200 kilomètres qui séparent Tadoussac et la Baie-James.
« Ça a toujours été un peu en arrière-plan. C’est un projet de jeunesse que j’ai depuis l’adolescence presque. J’avais même à un certain moment rêvé de construire des canots pour faire cette expédition-là », partage le Montréalais d’origine.
Son rêve est finalement devenu réalité. M. Forest a convaincu Rodrigue Pelchat, un des artisans des Canots Tremblay, de se relancer dans la construction de canots de cèdre. « L’été dernier, il m’a un peu initié. J’ai été son apprenti et on a construit cinq canots en plus du mien que j’avais acheté qu’on a réparé », se réjouit-il.
Les embarcations seront finalisées cet hiver et ils serviront pour la grande expédition prévue à l’été 2025.
L’objectif est de faire de l’expédition un projet public. « On va s’arrêter dans 12 communautés sur le long de la route. Les fêtes du départ vont être à Tadoussac. Ensuite, on va faire des escales, des rencontres avec le public, parler d’histoire, faire essayer les canots, faire essayer le portage… », divulgue le directeur de l’organisme À la mer du Nord. Un film documentaire est également au programme.
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