L’interdiction du cellulaire en classe se déroule somme toute assez bien dans les écoles de la Côte-Nord. La cyberintimidation demeure toutefois un enjeu.
L’interdiction du cellulaire en classe est officielle depuis le 31 décembre 2023 au Québec.
« La pratique était déjà celle privilégiée par les milieux depuis plusieurs années », affirme Patricia Lavoie, responsable des communications du CSS de l’Estuaire. « Mais certains se réjouissent d’avoir ce cadre réglementaire, pour appuyer les décisions et les faire respecter. »
Malgré la règle déjà en vigueur dans les établissements, de manière générale, la collaboration des élèves et des parents est assez bien. Toutefois, certains milieux soulèvent que des élèves ont de la difficulté à se départir de cet appareil électronique très présent dans leur vie.
Les écoles ne comptent pas bannir les cellulaires. La sensibilisation est privilégiée.
« Ce qui ressort plutôt, c’est la volonté de sensibiliser les élèves à une saine gestion de leur temps d’utilisation du cellulaire », dit Mme Lavoie.
On souhaite éduquer sur la façon de s’en servir efficacement comme outil de travail.
« C’est un enjeu de société important et on n’a pas le choix, en éducation, de le prendre comme ça », dit Lise Madore, directrice par intérim du CSS du Fer.
Les enfants sont entourés de gens qui utilisent les écrans. « Ça va un peu à l’encontre de ce qu’on essaie de mettre en place avec eux », souligne-t-elle. « Ça manque de cohérence ».
Dans les écoles
La directrice de l’école secondaire Monseigneur-Labrie, de Havre-Saint-Pierre, Julie Corbeil, rapporte que la réglementation fait maintenant partie de la vie scolaire. Les élèves se sont bien adaptés.
« Avec belle surprise, j’ai appris que les élèves, des fois, n’apportent plus leur cellulaire à l’école, parce que ça n’en vaut plus la peine », dit Mme Corbeil.
Plutôt que de le mettre dans la pochette à l’entrée de la classe, ils ne l’apportent tout simplement plus.
Au primaire, le cellulaire est interdit.
À l’école Bois-Joli de Sept-Îles, la loi est venue appuyer la réglementation de l’école.
« Ça fait notre affaire d’avoir une directive comme ça, qui vient valider que le cellulaire n’a pas sa place, sauf pour les approches pédagogiques particulières », dit le directeur, Philippe Maloney.
Ils ont maintenant moins de gestion à faire. « Au niveau des parents qui n’avaient pas la même vision, ça s’est réglé », dit-il.
« Il arrive parfois qu’un enfant le cache dans son sac à dos, mais c’est rare », dit Michela Cox, directrice de l’école du Boisé, de Sept-Îles.
L’Institut d’Enseignement de Sept-Îles n’est pas tenu de respecter cette loi, puisqu’il s’agit d’une école privée. L’école a tout de même interdit le cellulaire en classe.
Limiter la dépendance
Des activités de sensibilisation sont organisées dans les écoles de la Côte-Nord.
À la Polyvalente des Rivières de Forestville, le sujet du temps d’écran est abordé dans les saines habitudes de vie, en éducation physique. En sciences, ils discutent des effets de la dépendance sur le corps et le cerveau.
Au CSS du Fer, du divertissement est mis en place pour favoriser le temps sans écran. Jeux organisés, panier de basketball extérieur, table de Mississippi, etc. Les dîneurs ont de quoi s’occuper. Cela semble fonctionner. « Ce que je peux voir de mon bureau, les jeunes se rassemblent pour discuter, marcher, etc. », dit Lise Madore.
Le Syndicat de l’enseignement du Fer (SERF-CSQ) y voit aussi du positif. « Que les étudiants se parlent et qu’ils se regardent au lieu de regarder leur cell c’est certain que ça aide ! », dit Monica Chiasson, présidente du SERF-CSQ. « Pour les enseignants et le personnel de l’école, c’est intéressant aussi ! ».
Sanctions
Puisque chaque école est responsable de déterminer les sanctions, elles varient d’un milieu à l’autre. On parle d’avertissement verbal, confisquer l’appareil, communication avec le parent, rencontre parent et élève avec la direction. Plus il y a de récidives, plus les sanctions augmentent.
« La possession d’un appareil électronique pendant un examen est considérée comme du plagiat et entraîne la note zéro », précise Patricia Lavoie.
Cyberintimidation
À l’école Monseigneur-Labrie de Havre-Saint-Pierre, la cyberintimidation demeure un enjeu.
« On me rapporte des événements qui se passent en fin de journée, ou la fin de semaine », dit la directrice Julie Corbeil. « Des fois, c’est difficile de s’ingérer dans les situations où ça s’est produit en dehors des heures de classe. »
Elle compte toutefois mettre en place l’accompagnement aux familles.
« Ce qu’on gère souvent, ce sont des platitudes envoyées à un autre », dit Lise Madore, du CSS du Fer. « Envers du personnel ou entre élèves, des montages pas le fun. Des niaiseries. »
Dans ces cas, elle ne sait pas si elle doit qualifier de cyberintimidation. « J’appellerais plutôt ça un manque de savoir-vivre », dit-elle.
La cyberintimidation est prise au sérieux. « Automatiquement, le policier en milieu scolaire est impliqué », dit Lise Madore. La procédure s’en suit. Rencontre avec les parents, parfois de la médiation et un suivi sont effectués. « Pour le moment, ce ne sont que quelques cas », dit-elle. Selon la directrice du CSS du Fer, la sensibilisation au fil du temps a possiblement eu un impact positif et fait diminuer le nombre de cas de cyberintimidation.
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