Changements climatiques : une œuvre sur les récits du territoire
Dany Chartrand, conteuse, Fred Le Maire, concepteur sonore, Nadia Cardin, chargée de projets chez Communagir, et Judes Brousseau, membre du comité citoyen, lors de la première soirée de présentation le 15 novembre à Forestville. Photo Johannie Gaudreault
Parler autrement des changements climatiques, sans le ton moralisateur qui vient souvent avec le sujet, c’est ce que souhaitait faire Communagir par son projet pilote Dialogues climatiques — récits du territoire réalisé en Haute-Côte-Nord.
Une trentaine d’entrevues ont été menées au courant de l’été auprès de citoyens particulièrement touchés par le sujet, mais aussi auprès d’autres qui ne se sentaient pas nécessairement concernés. Ils ont abordé les impacts des changements climatiques dans leur milieu de vie avec la chargée de projets chez Communagir, Nadia Cardin.
« On n’était pas en train de dire si c’est bon ou pas bon, qu’est-ce qu’il faut faire ou ne pas faire. L’idée, c’était juste que le citoyen puisse se déposer par lui-même, puis qu’il réfléchisse finalement à ce qu’il observe », explique celle qui venait pour la première fois visiter la région.
Les rencontres ont donné lieu à des moments émouvants et à des prises de conscience. Certaines personnes ne pensaient n’avoir rien à dire et finalement, elles se sont rendu compte que les changements climatiques étaient complexes et impactaient leur quotidien.
« On a vraiment senti de la détresse chez certaines personnes. C’est les feux de forêt, mon terrain qui s’effrite. Qu’est-ce qui se passe avec le décret du caribou ? Je veux protéger le caribou, oui, mais c’est aussi des emplois. On a vraiment senti comment ça a des impacts importants chez les gens », témoigne Mme Cardin.
Transformation en œuvre artistique
Tous les enregistrements audio des entrevues ont été acheminés à l’artiste Dany Chartrand, aussi connue sous le nom de Mme Chose, afin d’en faire une œuvre artistique. Cette œuvre, sous forme de récit rythmé, a été présentée à trois reprises du 15 au 17 novembre, soit à Forestville, Tadoussac et Sacré-Cœur.
Quand elle s’est fait proposer le contrat, Mme Chartrand n’était pas certaine d’accepter. Ce n’était pas un sujet avec lequel elle était à l’aise, mais elle a fini par dire oui. « C’était un gros défi. Juste avec l’écoute des entrevues, j’en avais pour des heures et j’avais déjà un automne chargé », mentionne la raconteuse d’histoires, installée aux Bergeronnes depuis deux ans.
Dans l’œuvre qu’elle a créée, on retrouve deux grands thèmes : l’amour des résidents pour leur territoire ainsi que tous les impacts des changements climatiques relevés par les interviewés.
« Vous parlez de la Côte-Nord comme d’un grand amour », a lancé l’artiste durant sa présentation en enchaînant avec des dizaines de commentaires de citoyens qui s’émerveillent devant les beautés de la nature nord-côtière.
La seconde partie, intitulée « Il faut changer », énumère les nombreux changements climatiques qui ont touché la région, vus par les citoyens. « L’air est plus chaud, le vent plus chaud, l’eau plus chaude. Il ne reste plus de saumons, il n’y a plus de morues. Ça ne mord pas fort. Il n’y a plus de poissons, ils restent au fond », a-t-elle commencé.
Après la présentation artistique, les gens présents ont pu discuter ensemble de l’œuvre et aussi de la création d’espaces pour mieux dialoguer des changements climatiques. Dany Chartrand a été chaudement applaudie pour sa prestation qui entremêlait humour et émotions.
La suite…
Quelle sera la suite de ce projet pilote réalisé en Haute-Côte-Nord ? Tout n’est pas encore clair, mais une chose est sûre, l’œuvre artistique sera transformée en balado afin qu’elle puisse être réécoutée.
Communagir sera maintenant en phase de bilan. « On voit déjà qu’il y a des approches, des choses vraiment intéressantes qui sortent de là, qui peuvent inspirer d’autres milieux », fait savoir Nadia Cardin qui souhaite que le projet continue de vivre même si Communagir n’est plus de la partie.
« Notre clé est vraiment de se rattacher aux organismes, et à ceux que c’est leur travail au quotidien. Il y a du matériel, autant de l’audio, de podcast, qui peut servir de médium de discussion pour la suite », ajoute-t-elle.
L’objectif n’était toutefois pas de créer un plan d’action ou encore de tabletter une politique sur les changements climatiques. Le but était de parler des changements climatiques d’une façon différente, plutôt ouverte, sans jugement ni culpabilité.
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