DOSSIER | Pneumonie atypique

Six consultations avant le bon diagnostic

Par Anne-Sophie Paquet-T. 6:47 AM - 20 novembre 2024
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Clara, 4 ans, a été hospitalisée plusieurs jours à l'hôpital Le Royer de Baie-Comeau après qu'une pneumonie atypique lui ait causé des complications. Photo Amélie Emond Tremblay

Les cas de pneumonies atypiques sont en recrudescence au Québec et la Côte-Nord n’y échappe pas. Parfois mal diagnostiqués, les enfants atteints doivent se rendre à plus d’une reprise à l’urgence pour comprendre ce qui se passe.

 C’est le cas pour Amélie Emond Tremblay, résidente de Baie-Comeau, qui allègue avoir consulté à six reprises aux urgences de Baie-Comeau et Forestville sur une période de six semaines, soit du 19 septembre au 1er novembre. 

Chaque fois, on l’a retournée à la maison avec sa fille Clara 4 ans avec « le mauvais diagnostic », dit-elle. 

Fièvre au-delà de 40 degrés, saignement de nez de plus de deux heures, toux, fréquence cardiaque plus élevée que la normale, difficulté respiratoire et même détresse respiratoire font partie de la liste des symptômes dont Clara a souffert pendant ces six semaines.

Mme Emond-Tremblay a confié au Manic ne pas comprendre pourquoi elle repartait la plupart du temps « dans le néant », lors de ses visites médicales.

« Ce qui m’a mis le plus en colère, c’est qu’on n’a pas plus investigué lors de ma cinquième visite et qu’on a dû se rendre à une sixième », laisse tomber la maman épuisée. « Qu’est-ce qui serait arrivé si j’avais écouté le dernier médecin qui m’a dit que ce n’était qu’un virus ? » se demande-t-elle émotive.

Chronologie des événements 

18 septembre 

Clara et sa maman se rendent à l’urgence de l’hôpital Le Royer de Baie-Comeau tard en soirée. La jeune fille est à son quatrième jour de fièvre. Après huit heures d’attente, la mère de famille prend la décision de quitter sans avoir vu un médecin pour aller se reposer. 

19 septembre 

Clara et sa maman se rendent une seconde fois à l’urgence de l’hôpital de Baie-Comeau dans la nuit puisque l’enfant saigne du nez depuis deux heures et demie et elle est à son cinquième jour de fièvre. Selon la mère, on lui explique qu’elle peut donner du Tylenol et Advil à sa fille et de revenir s’il n’y a pas d’amélioration dans 72 heures. 

22 septembre 

L’état de Clara ne s’améliore pas. Elles retournent consulter à la même urgence. L’enfant passe une radiographie de ses poumons et le médecin de garde diagnostique une pneumonie. On lui prescrit un antibiotique du nom d’Amoxicilline pour une durée de sept jours.

22 octobre

Mme Emond Tremblay décide d’aller consulter à l’urgence de Forestville puisque la toux de sa fille ne s’amoindrit pas et la fièvre est revenue depuis quatre jours. D’après elle, le médecin lui annonce qu’il ne s’agissait pas d’une pneumonie la dernière fois, mais bien d’une bronchite après l’analyse des radiographies. Le médecin aurait déclaré que présentement, Clara aurait une pneumonie après une deuxième radiographie. On lui dit que l’enfant a aussi une otite. Elles repartent avec une prescription antibiotique du nom de Clavulin pour une période de sept jours. 

27 octobre

La fièvre de Clara n’aurait jamais cessé depuis la dernière visite du 22 octobre. Elle retourne à l’urgence de Baie-Comeau et l’état de sa fille est « à son pire ». Sa mère se rappelle qu’elle avait un pouls à 140 bpm et qu’elle luttait pour respirer en présentant un tirage respiratoire. « Le médecin me dit qu’on n’a pas besoin de faire de radio puisque, le 22 octobre, il n’y avait aucune pneumonie et il ajoute qu’elle ne fait pas d’otite », explique Amélie Emond Tremblay. On lui dit que c’est probablement un virus et que c’était sans doute aussi un autre virus lors de sa visite à Forestville. Elle quitte l’hôpital avec une prescription d’une pompe Ventolin et une inquiétude encore plus grande qu’à son arrivée.  

1er novembre 

L’état de Clara est « encore pire que le 27 octobre », se souvient la maman. Elle se rend à Forestville et se rappelle que sa fille respirait « très très vite ». « Je me souviens de la panique du personnel », raconte-t-elle. « Ils l’ont rapidement placée dans une salle avec de l’oxygène et un soluté », ajoute Mme Emond Tremblay. « On m’a dit que c’était le temps que je vienne consulter parce qu’elle n’allait vraiment pas bien. Je me rappelle de la colère que j’ai ressentie d’avoir entendu cette phrase après mes six visites sans succès », conclut-elle. 

Clara a finalement été transférée à Baie-Comeau où elle a été hospitalisée sur une période de quatre jours. Le diagnostic de pneumonie atypique est finalement tombé. Lors de sa sortie, elle a reçu une prescription d’azithromycine et de cefprozil. En date d’aujourd’hui, Clara se porte bien, divulgue sa mère, heureuse de voir sa fille remonter la pente. 

Un test PCR accessible sur la Côte-Nord 

« L’analyse de Mycoplasma pneumonia est disponible dans les laboratoires de Sept-Îles et Baie-Comeau via un instrument acquis durant la pandémie », divulgue la Direction adjointe des communications et des affaires publiques du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Saguenay–Lac-Saint-Jean (CIUSSS) au journal Le Manic. 

En plus d’être accessible dans la région, l’analyse s’effectue dans un délai de 90 minutes lors de l’ouverture des laboratoires.

Puisque cette maladie est à déclaration non obligatoire, il n’est pas possible de savoir combien de tests ont été effectués et combien parmi ceux-ci ont été déclarés positifs dans la région. 

Au CISSS de la Côte-Nord, on n’a pas pu répondre à savoir si les médecins des établissements se tournaient vers ces tests lors d’un diagnostic de pneumonie.

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