Les pharmaciens pourraient réduire l’attente dans les urgences de la Côte-Nord

Par Emy-Jane Déry 1:07 PM - 22 novembre 2024
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On compte 16 pharmaciens d'établissements au CISSS de la Côte-Nord, sur un plan de postes de 27,5. Photo Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec, Normand Huberdeau

Un plus grand nombre de pharmaciens d’établissements sur la Côte-Nord contribuerait à diminuer la longue attente dans les salles d’urgence, plaident-ils.

Il manque plus d’une dizaine de pharmaciens d’établissements sur la Côte-Nord. Ceux en postes dans les hôpitaux de Sept-Îles et Baie-Comeau arrivent tout juste à fournir les services de base, affirme l’Association des pharmaciens d’établissements de santé du Québec (APES). Ils ne parviennent pas à être mis à contribution dans des départements, où ils pourraient faire une différence dans la rapidité et la qualité des services offerts aux patients, plaide l’organisation, qui était de passage sur la Côte-Nord pour rencontrer ses membres, jeudi et vendredi.

« Il y a un côté insatisfaisant et inquiétant, quand on est pharmacien d’établissement et qu’on se dit qu’on ne peut pas tout couvrir les patients, qu’on y va au plus urgent », affirme Linda Vaillant, directrice générale de l’Association. « Je vais où le feu prend, mais je n’ai pas le temps de regarder si le feu est en train de prendre ailleurs », a-t-elle illustré. 

Les pharmaciens d’établissement pourraient jouer un rôle dans le désengorgement des urgences, tandis que sur la Côte-Nord, seulement une sur trois peut compter sur les services de l’un d’entre eux.

« C’est démontré que la grande majorité des patients âgés qui viennent à l’urgence, c’est pour des problèmes de médicaments. Soit un médicament qui n’a pas été bien pris, soit une interaction médicamenteuse, ou un mauvais médicament », explique Mme Vaillant. 

Un pharmacien est en poste permettrait d’améliorer considérablement la vitesse du triage. 

« Il peut rapidement voir le patient et au moins détecter si c’est un problème de médicament ou pas. Si ça ne l’est pas, il retourne au médecin, si ça l’est, le médecin va confirmer le diagnostic et ensuite, la prise en charge, la prescription d’admission, ça peut tout être pris en charge par le pharmacien, de façon autonome », dit-elle. « Ça permet de dégager considérablement le médecin. » 

Il pourrait aussi avoir un rôle important à jouer dans le département de psychiatrie, où la gestion des antidépresseurs n’est pas chose simple. 

« Il y a énormément de besoins. Beaucoup de problèmes d’ajustement et d’effets secondaires », dit Mme Vaillant. « La plupart du temps, les patients attendent de revoir leur psychiatre, leur médecin de famille, mais ils pourraient être pris en charge par un pharmacien. »

Équipes fragilisées

En plus de nuire à la contribution des pharmaciens dans le système de santé, le manque d’effectifs fragilise les équipes de pharmacies des établissements de la Côte-Nord, qui se retrouvent très sollicitées. 

« Ce n’est pas long qu’on fragilise une équipe, quand on a une équipe de cinq ou six personnes pour un hôpital comme Sept-Îles ou Baie-Comeau », dit Mme Vaillant. « Dès qu’il en manque un ou deux, ça ne peut pas fonctionner. »

Les gardes de soir, de nuit et de fin de semaine reviennent plus rapidement sur les horaires. 

Dans ce contexte, l’APES rappelle au gouvernement de la CAQ qu’il a pris des engagements envers les pharmaciens d’établissements et qu’à mi-mandat, « le temps presse pour les réaliser ». 

On souhaite que la pratique en établissement de santé soit valorisée par une campagne de promotion. On veut aussi que le programme de maîtrise en pharmacothérapie avancée, qui prépare à la pratique en établissement, soit plus accessible aux étudiants (cours à distance, programme à temps partiel).