Chronique de Réjean Porlier ǀ L’indépendance par le pragmatisme !

Par Réjean Porlier 4:00 PM - 27 novembre 2024
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Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon. Photo courtoisie

Il était une époque où l’indépendance du Québec alimentait nos discussions de cuisine, désireux que nous étions toutes et tous, de nous extirper de cette seconde classe, héritage de la colonisation anglaise. Des discussions qui ont culminé à deux référendums dont le dernier échappé de peu en 1995.

Puis, ce fut le calme plat, les ténors du OUI sans doute ébranlés par cette amère défaite que Jacques Parizeau aura maladroitement attribuée à l’argent et l’immigration. Comme si le Québec avait les moyens de se mettre à dos ces deux forces vives de la société québécoise. Une erreur de franchise que M. Parizeau a sans doute regrettée.

On ne refera pas l’histoire dont certains épisodes peu glorieux ont exacerbé le fossé entre les cultures, entre les peuples fondateurs du Canada ; nuit des longs couteaux, échec du Lac Meech. D’autant plus que s’il fallait rouvrir l’histoire, un grand pan de celle-ci devrait être revu pour y inclure les peuples autochtones, victimes d’une histoire complètement déformée.

Il n’y a pas si longtemps, j’étais le premier à penser que les grands débats sur l’indépendance du Québec étaient derrière nous. Son principal porteur, le parti Québécois ayant choisi de jouer au bon gouvernement et de mettre l’option en veilleuse, chaque fois qu’un sondage la relayait au second rang des enjeux populaires.

L’économie d’abord ! Comme si les deux choses n’avaient aucune relation. Je trouve personnellement qu’elles ont beaucoup à voir, particulièrement lorsque se dessinent d’importantes coupures en santé au même moment où le gouvernement fédéral annonce un congé de taxes pour permettre à plein de gens bien nantis de profiter d’une pause TPS. Ne pas pouvoir établir nos propres priorités lorsque vient le temps de faire des choix difficiles, que voilà le premier des arguments.

Paul Saint-Pierre Plamondon, ce jeune chef péquiste, semble avoir trouvé une formule pédagogique gagnante qui permet de dépoussiérer le dossier de l’indépendance, sans tomber dans l’émotivité.

Son principal allié : la piètre performance d’un gouvernement fédéral déconnecté, mais surtout, enlisé et dont les promesses de jours meilleurs n’impressionnent plus grand monde. D’ailleurs, on sent M. Trudeau manquer de subterfuges pour convaincre l’électeur de sa capacité à diriger un pays qui a toujours été profondément divisé. Au point de tomber à son tour dans le populisme en distribuant les petits cadeaux à l’approche des fêtes. 

L’indépendance, si elle doit se faire, ne sera pas l’aboutissement d’une quête émotive, celle d’une population meurtrie de toutes ces attaques envers sa culture. Je n’y crois pas. L’économie et le pouvoir d’achat semblent davantage rallier la jeunesse et même l’immigrant qui s’accommoderait très bien de l’anglais. Quant à la poignée de nostalgiques encore suspendus aux lèvres de René Lévesque, ils ont un peu vieilli, je le sais, je le sens. Avec la vieillesse nait l’incertitude, qui ouvre la porte à la peur. Une peur que les tenants du non ont toujours su exploiter. Lorsqu’on a peur, c’est plus difficile d’être pragmatique.

Si le chef du PQ arrive à maintenir l’argumentaire au centre de sa démarche plutôt que de glisser dans le débat idéologique où tenteront de l’amener ses détracteurs, nul doute qu’il mettra en évidence les coûts exorbitants d’un système à deux têtes, où deux lourdes bureaucraties payées à même nos impôts, s’affrontent continuellement.

Heureusement, du pragmatisme, Paul St-Pierre Plamondon n’en manque pas et heureusement pour nous, il sait faire preuve de cohérence, excellent rempart au populisme. Si le chef du PQ arrive à maintenir l’argumentaire au centre de sa démarche plutôt que de glisser dans le débat idéologique où tenteront de l’amener ses détracteurs, nul doute qu’il mettra en évidence les coûts exorbitants d’un système à deux têtes, où deux lourdes bureaucraties payées à même nos impôts, s’affrontent continuellement. C’est autant d’argent qui ne sert pas le peuple.

Peu de gens pensaient sérieusement que ce jeune politicien arriverait à sortir la promesse d’allégeance à la Reine de l’Assemblée nationale, mais il y est parvenu, calmement et intelligemment.

Alors, ne pariez pas contre lui lorsqu’il est question de ramener le débat sur l’indépendance dans nos cuisines.