Avenir inquiétant pour les producteurs agricoles de la Côte-Nord
Frederic Dallaire, propriétaire de Pointe aux Pommes à Pointe-aux-Outardes, accompagné de sa famille. Photo courtoisie UPA
L’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Côte-Nord lance un cri du cœur au nom des membres de sa région à la suite du congrès de l’UPA qui a eu lieu à Québec la semaine dernière. Elle demande une aide concrète au gouvernement pour assurer la survie de l’agriculture dans la région.
Lors de son allocution, le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne, n’a annoncé aucune aide concrète pour les régions périphériques, ce qui inquiète grandement les producteurs agricoles nord-côtiers.
« Nous sommes déçus, voire même inquiets à ce stade-ci, des avancées pour le secteur agricole de la région de la Côte-Nord, de la compréhension du gouvernement de nos enjeux et de l’importance de ceux-ci », a évoqué Daniel Harvey, président de l’UPA de la Côte-Nord.
« La région de la Côte-Nord a été l’une des premières à lever la main pour mentionner que le secteur agricole québécois était en crise et à rassembler les productrices et les producteurs pour créer un élan de mobilisation partout au Québec, au printemps 2024 », a-t-il ajouté.
L’UPA régionale attendait des annonces concrètes de la part du gouvernement cet automne en réponse au mouvement provincial de manifestation du printemps.
« Les producteurs de notre région sont fiers de contribuer à nourrir les citoyens, malgré les nombreux défis auxquels ils font face quotidiennement, mais ils ne peuvent pas le faire à n’importe quel prix. La rentabilité est difficile pour les entreprises déjà établies alors imaginez combien c’est ardu pour les relèves qui souhaitent s’établir en agriculture dans la région. Cela n’augure pas bien pour la survie de l’agriculture sur la Côte-Nord », a commenté M. Harvey.
Des chiffres alarmants
Les chiffres du plus récent sondage de l’UPA sont illustrent les difficultés des régions périphériques où une plus grande proportion des propriétaires de fermes envisage de fermer (15 % en Abitibi-Témiscamingue, 14 % Capitale-Nationale–Côte-Nord et Saguenay–Lac-Saint-Jean ainsi que 13 % au Bas-Saint-Laurent et Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine).
Selon la Financière agricole du Québec (FADQ), 30 % des entreprises qui ont demandé l’aide d’urgence pour le prêt de fonds de roulement sont situées dans les régions périphériques où l’on retrouve 5 000 exploitations sur un total de 28 000 fermes au Québec.
Les programmes du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) et de la FADQ ne sont plus adaptés à la réalité des régions, selon l’UPA Côte-Nord.
Rappelons d’ailleurs que le MAPAQ a injecté un montant de 1 M$ en 2022 dans les entreprises agricoles de la Côte-Nord, comparativement à un montant de 189 500 $ en 2023. De surcroît, les modalités de l’entente survenue le 13 juin 2024 entre le gouvernement du Québec et l’UPA n’ont rien apporté de tangible à ce jour, rapporte l’organisation nord-côtière.
Voici quelques exemples concrets vécus par des producteurs de la Côte-Nord qui témoignent de leur réalité en région périphérique :
- Les frais de transport pour les fertilisants sont autour de 150 $ et 200 $ la tonne, selon l’endroit d’expédition;
- Le coût des carburants est de 15 à 20 % plus élevé;
- Le coût des matériaux de construction est de 25 à 35 % plus élevé ;
- Les frais de transport pour expédier les récoltes de bleuets se situent entre 3 et 5 cents la livre, ce qui peut représenter presque 15 000 $ par année pour certains producteurs;
- Impossibilité d’avoir des ruches pour la pollinisation à cause des distances, donc les producteurs doivent se résigner à utiliser les bourdons qui coûtent 30 % plus cher;
- On ne retrouve pas de mécanicien spécialiste en mécanique agricole. Ils proviennent du Saguenay ou de Rimouski, ce qui implique des délais d’attente de plus d’une semaine et des coûts supplémentaires pour les déplacements de ceux-ci;
- Difficulté pour avoir des pièces de machinerie rapidement, ce qui engendre des frais supplémentaires (ex. : pour obtenir un roulement à billes qui coûte 15 $, les frais chargés par le fournisseur sont en moyenne de 20 $, et ce, pour un délai de 3 jours);
- Les coûts pour la moulée pour les animaux sont très dispendieux avec des quantités minimum demandées (ex. : une tonne de moulée à bœuf coûte autour de 840 $ sur la Côte-Nord et 550 $ en Beauce et une tonne de moulée à ponte est de 858 $ sur la Côte-Nord et 570 $ à Québec).
« Les réalités et les enjeux des producteurs de la Côte-Nord sont distincts et doivent absolument être pris en compte par le gouvernement. L’éloignement des marchés, des services et les coûts de transport compromettent clairement la pérennité des entreprises agricoles de chez nous », a témoigné le président de l’UPA Côte-Nord.
Cette dernière souhaite que l’agriculture nord-côtière soit reconnue, valorisée et soutenue. « Il est impératif que nos messages soient portés et que nos enjeux soient pris en compte, car il y a urgence d’agir. Il en va de la souveraineté alimentaire de notre région, de l’occupation de notre territoire et de la vitalité de la Côte-Nord », a conclu M. Harvey.
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