Quand la magie de Noël ne donne plus faim

Par Anne-Sophie Paquet-T. 11:55 AM - 19 décembre 2024
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Les bénévoles du Comptoir alimentaire l'Escale que j'ai rencontré lors de la première journée de la mise en place des paniers de Noël. Photo Anne-Sophie Paquet-T.

En cette période où la magie de Noël est sur toutes les lèvres, comment est-il possible de la faire scintiller dans les foyers où la cuisine crie famine ?

Des personnes comme Carole, Ginette, Chantale, Rodrigue, Rémi et Natacha sont une petite partie de la chaîne humaine qui réussit à offrir pour Noël de la nourriture sur la table. 

Parce que même si les comptoirs alimentaires existent, ça prend de nombreux bénévoles et la générosité de la population pour leur donner un sens. Évidemment, en ce temps des Fêtes, mais également 12 mois par année.

Si vous croyez que décembre est le temps le plus achalandé pour les personnes dans le besoin, détrompez-vous. Ces ventres vides le sont régulièrement et particulièrement lors de la rentée scolaire. 

Mais vous avez raison, la période des Fêtes apporte un élan de partage et d’humanité dans la communauté, ce qui permet à près de 550 familles de la Manicouagan d’obtenir des repas assurés pour les prochaines semaines.

Je me suis mise dans la peau d’une bénévole lors de la première journée de la confection des paniers de Noël 2024 au Comptoir alimentaire l’Escale de Baie-Comeau. 

Deux petites heures à faire 35 paniers de Noël accompagnés de mes nouvelles amies Carole et Ginette qui m’ont accueilli les bras ouverts en soulignant que j’étais habillée un peu « chic », mais le sourire bienveillant. Déjà, mon manque d’expérience était démasqué.

Gants de latex à la main, j’étais prête à me lancer dans l’inconnu d’une nouvelle expérience qui permet d’aider son prochain. 

35 sacs de fruits et légumes, 35 sacs de produits laitiers, 35 sacs de viandes et produits congelés et, finalement, 35 sacs de pains et gâteries… Je me suis dit qu’il y aurait 35 familles qui pourront se préparer des repas qu’ils n’ont peut-être pas l’habitude de s’offrir dans la paix d’esprit.

J’imaginais un papa ou une maman monoparentale avec ses deux jeunes enfants qui partagent quelques bons soupers, le sourire aux lèvres, ou encore une personne seule qui pourrait sentir la satisfaction et le soulagement de voir ses armoires plus garnies qu’à l’habitude. 

Même si je ne serai jamais témoin de ces visages anonymes, le sentiment du devoir accompli était au rendez-vous. 

Le récit que j’ai créé dans ma tête était à son apogée quand l’équipe m’a montré de jolies tasses remplies de confiseries qui seraient offertes aux adultes en plus des cadeaux emballés à l’arrière destinés aux enfants qui, eux aussi, ont fait leurs demandes au père Noël. Cric-crac mon cœur de maman. En plus d’avoir des repas complets et de petites surprises sucrées, le père Noël aura déposé un cadeau spécialement pour eux sous le sapin. C’est merveilleux non ? C’est rassurant, n’est-ce pas ?

Parce qu’en discutant avec les responsables de l’organisme et les bénévoles, on comprend que la demande d’aide n’a plus de visage. C’est une phrase que l’on entend depuis quelques années, mais c’est la vérité. 

Un membre de votre famille éloigné, un ami, un collègue… Vous rencontrez probablement sans le savoir des dizaines de personnes qui, à leur tour, ont levé la main pour subvenir à leurs besoins alimentaires.

Dans les cinq dernières années, les demandes d’aide alimentaire ont triplé dans la Manicouagan et, juste cette année, pour les paniers de Noël, le Comptoir alimentaire l’Escale a reçu 100 nouvelles inscriptions. 100 familles qu’il ne connaissait pas jusqu’à aujourd’hui. 

Ces bénéficiaires, qui ont droit à un répit durant les festivités de fin d’année, sont des inconnus pour les bénévoles.

Le 295, De Puyjalon est conçu pour que les demandeurs et les bénévoles ne se croisent pas. Le tout est fait de façon anonyme et c’est une règle éthique qui est importante pour l’organisme.

« On sait qu’on fait du bien, c’est ça l’important », comme dirait ma nouvelle amie Carole. 

Après ces deux heures, je peux vous dire que ce fameux « bien » là, il m’en a fait à moi aussi. Plus que je le croyais.

Si collectivement on donnait quelques heures par année, pour faire « du bien », comme Carole, Ginette, Chantale, Rodrigue, Rémi et Natacha, nous serions tous gagnants. 

Parce que la magie de Noël, c’est évidemment d’apaiser la faim pour des centaines de foyers, mais c’est aussi de sentir qu’on y a contribué.