Protéger son patrimoine à vol d’oiseau

Par Lucas Sanniti 5:00 AM - 16 janvier 2025 Initiative de journalisme local
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Tshishteshinu Mckenzie, PDG de INNU DRONE inc. Photo Lucas Sanniti

Un entrepreneur de Mani-utenam souhaite reconnecter sa communauté à la connaissance de son territoire ancestral, grâce à son entreprise de drones.

Depuis plus d’un an et demi, Tshishteshinu Mckenzie travaille sur son entreprise INNU DRONE inc.

Officiellement enregistré depuis février 2024 et incorporé depuis décembre, le projet lui a déjà permis de cartographier le territoire pour ITUM, à l’aide de drones. Il a également collaboré avec Boralex et l’Institut nordique de recherche en environnement et en santé au travail (INREST), en utilisant l’orthophotographie.

« L’orthophoto, c’est une énorme photo », explique M. Mckenzie. « Le drone passe en quadrillage [au-dessus du territoire] et fait un gros collage, avec près de 15 000 photos. […] On est ensuite capable de la géoréférencer sur une carte. »  

Mieux connaître les terres

Si cette technologie a des applications concrètes, notamment pour faciliter le passage d’équipement industriel dans les zones boisées, l’entrepreneur entrevoit aussi un potentiel majeur dans la protection du territoire.

Il veut collaborer avec les entreprises qui exploitent les ressources du territoire de la Côte-Nord.

« J’aimerais que quelqu’un de l’externe aussi puisse venir vérifier [le territoire] au nom du conseil, par exemple », dit-il. « Il faut montrer qu’on maîtrise le territoire, qu’on le connaît mieux que personne. […] Les communautés pourraient avoir plus de documentation par rapport à ça. »

Il prévoit collaborer avec le bureau de la protection des droits et du territoire d’ITUM pour concrétiser cette ambition. Il veut notamment se pencher sur l’enjeu de la villégiature sur le territoire.

« À SM-3, il y a une surpopulation de villégiateurs. Malgré le refus des chefs de famille dans la communauté, [certains] allaient y installer des chalets pareil. J’aimerais pouvoir amener une solution positive à ça. »

Tshishteshinu Mckenzie au travail. Photo courtoisie

Analyse au laser

Tshishteshinu Mckenzie souhaite aussi ajouter le LIDAR à son arsenal, une technologie qui utilise des impulsions lumineuses pour créer des modèles 3D de l’environnement étudié.

« On serait capable de voir les sites sacrés, des anciens villages, des cimetières, des tentes à sudation. […] Si on arrive à voir des structures comme ça à travers les arbres, on serait capable de transformer ça en une aire protégée, par exemple. Selon le besoin de la communauté. »

Les applications de cette technologie sont multiples.

« On peut s’en servir aussi pour le génie civil », remarque-t-il. « Comme pour un pont, on peut montrer l’élévation précise. On peut planifier des réparations, sans même aller voir, sans même mesurer, c’est fait par le drone. C’est une manière plus sécuritaire de travailler. Ça comble aussi le manque de main-d’œuvre. »

Pour la communauté

Après avoir été émerveillé par le spectacle de drones, lors de la dernière édition du Festival Innu Nikamu, l’homme de Mani-utenam envisage de participer à la prochaine.

« C’était de belles images qui nous rendaient fiers, de pouvoir montrer notre histoire, d’où on arrive aussi », dit-il. « Mettre plein de lumières orange qui disent que nos enfants sont plus importants que tout. »

En ce sens, M. Mckenzie planifie aussi former la jeunesse au pilotage de drone.

L’entrepreneur est à la recherche de collaborateurs en administration et en marketing pour l’aider à mener ses projets futurs à terme.