CHRONIQUE | Une gifle pancanadienne

Par Raphaël Hovington 11:00 AM - 23 janvier 2025 Chroniqueur
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Le président des États-Unis, Donald Trump. Photo Pixabay

Donald Trump mettra-t-il ses menaces à exécution ? Au moment d’écrire ces lignes, je l’ignore. Toute cette histoire me rappelle la grande crainte vécue sur la planète lors du changement de millénaire. Le bogue de l’An 2000 ! Ce devait être une terrible catastrophe, car tout allait s’arrêter tout net à minuit.

Les Canadiens vivent avec cette hantise depuis la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. À peine élu, voilà qu’il se fait menaçant, non seulement envers le Canada et le Mexique, mais envers l’ordre mondial. Il veut régler des conflits en une journée. Il veut, il veut, mais le peut-il ?

L’imposition de tarifs douaniers de 25 % sur les exportations canadiennes ferait très mal à notre économie, mais pas seulement à la nôtre. Donald Trump et son équipe oublient que les États-Uniens vont aussi en subir les conséquences. Actuellement, le Canada parle d’une seule voix, sauf l’Alberta qui devra se rallier et cesser de faire bande à part. Quand un pays voisin et ami nous déclare une guerre économique, nous n’avons pas d’autres choix que de riposter.

Comment se fera la riposte ? Quelles en seront les conséquences ? Difficile à prédire pour le moment, car je ne possède pas de boule de cristal pour savoir si, au moment de rédiger ce texte, Donald Trump est passé de la parole aux actes. Comme il est imprévisible, tout est possible.

Donald Trump est un homme chanceux. Il a échappé à deux tentatives d’assassinat pendant la course à la présidence de même qu’à une peine de prison après avoir été reconnu coupable de dissimulation de documents dans l’affaire Stormy Daniels. Certes, il aura un casier judiciaire, mais il s’en tire avec une tape sur les doigts. Y aura-t-il deux systèmes de justice aux États-Unis ? Une justice pour les milliardaires et une justice pour Monsieur et Madame Tout le Monde ?

Poser la question, c’est y répondre. Quoiqu’il en soit, on peut se demander si les États-Unis sont en voie de devenir une république de bananes, où il suffirait de se faire élire à la présidence pour voir tous ses péchés absouts.

La dernière campagne à la présidence a mis en relief un phénomène auquel on ne voulait pas croire. Les Américains seraient-ils misogynes ? C’est la deuxième fois qu’ils disent non à une femme qui se présente à la présidence. Étrangement, Donald Trump était sur les rangs aux deux occasions.

Les menaces de l’élu américain ont fait accourir Justin Trudeau à Mar-a-Lago. Cette visite était-elle utile et nécessaire. Plusieurs commentateurs y ont vu un geste spectaculaire au point de départ, mais je suis aussi de l’avis de Jean Chrétien, Trudeau, en tant que premier ministre, aurait dû s’abstenir.

Car en plus de lancer une guerre économique, Donal Trump veut maintenant annexer le Canada. Il a ridiculisé notre premier ministre, lui conférant le titre de gouverneur du 51e état américain. C’est d’une discourtoisie malhabile et surtout une gifle à l’ensemble du peuple canadien, y compris les Québécois.

Chez nous, personne ne veut d’une telle annexion. Donald Trump est gourmand. Il cherche à s’approprier les richesses naturelles de notre pays. Même s’il affirme qu’il n’a pas besoin de notre lait, ni de notre bois, ni de notre aluminium, reste tout de même que nos voisins comptent beaucoup sur notre électricité et notre pétrole. Et Los Angeles aura aussi besoin de notre bois pour reconstruire certains quartiers dévastés par un gigantesque et sinistre incendie.

Croisons les doigts et espérons, tout comme en 1999, à minuit moins une, que l’on échappera au bogue qui devait immobiliser la planète entière. Dans ce cas-ci, ce sont des milliers d’emplois qui sont en jeu au pays. La Côte-Nord ne sera pas épargnée ans par une telle tornade économique. Celle-ci arrive à un bien mauvais moment alors que le Canada est affaibli par la crise politique qui secoue la colline parlementaire à Ottawa et l’imminence d’une élection fédérale à très courte échéance.

Comment s’en sortira le Québec ? Je pense que c’est lui qui scellera le sort du prochain gouvernement, soit en sauvant les Libéraux ou en envoyant les Conservateurs au gouvernement. Mais il n’est pas impossible non plus que le Québec se range derrière le Bloc Québécois pour répéter l’exploit de Lucien Bouchard en 1993 et le hisser au rang d’opposition officielle.