Grève en CPE | Des cuisinières qui ne peuvent pratiquement pas s’absenter

Par Marie-Eve Poulin 2:40 PM - 23 janvier 2025
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Les cuisinières et le cuisinier de quelques CPE de la Côte-Nord. (De gauche à droite : Cathy Tremblay, Cindy Thibeault, Véronique Létourneau, Martine Laroque et Rindra Rakotéozasy) Photo Lucas Sanniti

Les cuisiniers et les éducatrices spécialisées vivent eux aussi de nombreux enjeux au quotidien. Un meilleur salaire et du personnel supplémentaire seraient plus que bienvenus, aux yeux de ceux qui occupent ces postes clés dans les CPE nord-côtiers. 

Les cuisiniers de différents CPE de la région se sont réunis pour la première fois, jeudi, dans le contexte de la grève. Ils ont pu discuter entre eux des enjeux qu’ils vivent au quotidien dans les cuisines. 

Concocter les repas des enfants et du personnel n’est pas si simple. Ils doivent prendre de nombreuses précautions en lien avec les allergies alimentaires. 

« On n’a pas le droit à l’erreur, on joue avec la vie des enfants », dit Cathy Tremblay. 

De plus, le coût de la vie augmente, mais pas le budget pour la nourriture. Ils doivent donc jongler avec peu pour composer des repas répondant aux normes, aux allergies et respectant le menu préalablement établi. 

« Des pommes, des bananes, des oranges et des fois des raisins », récitent-ils tous en cœur. « Les enfants sont tannés d’en manger, mais bon, c’est ça. »

Le matériel en cuisine n’est pas toujours adéquat pour préparer un grand nombre de repas. Ils utilisent des fours conventionnels pour concocter une soixantaine de repas. 

« Ça fait deux semaines que je n’ai plus de lave-vaisselle ! », lance Cathy Tremblay. « Moi aussi », répondent toutes les autres.

Ils doivent donc tout laver à la main.

« C’est encore du travail de plus. Il faut utiliser le bac, faire sécher la vaisselle (…) Ça nous retarde dans nos heures de travail », dit Martine Laroque. « Le temps qu’on fait en surplus n’est pas calculé. »

Pas de remplaçants

Ces professionnels en alimentation sont une denrée rare. Tellement, qu’il est difficile pour eux de prendre congé. Lorsqu’ils doivent le faire, ils doivent travailler en double les journées précédentes, pour veiller à ce que tout soit prêt pour les repas des jours à venir.

Avant de prendre congé, tout doit être bien identifié pour indiquer quel enfant ne peut pas manger cet aliment.

« Il faut que tu travailles tes vacances avant de les avoir », disent-ils. « Ça fait 15 ans que je n’ai pas eu de remplaçant », s’exclame Cathy Tremblay. « Quand je m’en vais en vacances, je suis brûlée raide, parce que j’ai fait des repas de plus, des collations de plus. »

Les cuisinières considèrent toutes ne pas avoir assez de temps pour accomplir la tâche nécessaire. Certaines ont des postes de 27 heures, d’autres 30 heures. Tous affirment devoir faire des heures supplémentaires non payées, pour réussir à accomplir le travail. 

Elles souhaitent de meilleures conditions pour attirer des nouveaux qui viendront grossir les équipes de travail, puis alléger la tâche. 

Peu de ressource spécialisée

Les ressources pour les enfants ayant des besoins particuliers se font rares. Du côté de Baie-Comeau, une seule éducatrice spécialisée est en charge de trois CPE. 

« Le nombre d’enfants à besoins particuliers est exponentiel. Plus les années passent, plus il y en a », mentionne Karine Bélanger, éducatrice spécialisée à Baie-Comeau.

Que ce soit un enfant avec diagnostic ou non. Plusieurs éducatrices rencontrées sur le terrain déplorent le fait que les ressources ne suivent pas cette augmentation des besoins. 

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