Cruauté sur un orignal : un Septilien regrette, et s’épargne une longue sentence

Présent à la Cour mercredi, Michael Montigny n'était visiblement pas confortable avec l'idée d'être pris en photo par les médias, tentant d'y échapper du mieux qu'il pouvait. Photo Sylvain Turcotte
« C’est totalement gratuit, sauvage, une souffrance atroce pour un animal, et le fait d’avoir reculé à nouveau, c’est épouvantable », a dit la juge Annick Boivin, mercredi, au moment de rendre la sentence à l’homme de Sept-Îles qui a volontairement roulé sur un bébé orignal avec sa camionnette en se filmant, en août 2022.
Le dossier criminel de Michael Montigny, celui qui a gratuitement roulé sur un orignal en août 2022 et diffusé le tout sur les réseaux sociaux, s’est réglé mercredi. Avant que la juge rende sa sentence, au Palais de justice de Sept-Îles, l’homme de 34 ans a assumé et regretté ses gestes.
« J’assume mes erreurs. C’est inacceptable, je n’ai pas à trouver d’excuses. À l’époque, je ne le réalisais pas » a dit Michael Montigny, à propos de cette période de sa vie marquée par la consommation et la surconsommation d’alcool et de drogues, en plus du trafic de stupéfiants.
« Aujourd’hui, je ressens des regrets, mais je ne peux pas revenir en arrière », a-t-il ajouté.
Il comprend que ce n’est pas tout le monde qui pourra lui pardonner « et que la confiance se gagne avec le temps. »
« J’espère que mes actions d’aujourd’hui et de demain parleront plus fort que mes erreurs du passé », a-t-il laissé entendre. L’homme, entrepreneur dans la construction, dit avoir changé de mode de vie et réorienter sa carrière.
« Ça m’a pris du temps à démêler le pourquoi j’étais rendu là. »
Michael Montigny a souligné n’avoir jamais regardé la vidéo, à l’exception d’une fois, avec son avocat.

Témoignage convaincant
Le témoignage de M. Montigny a pesé dans la balance pour la sentence qu’aura rendue la juge Annick Boivin.
Avant la présence de l’homme de 34 ans à la barre, la juge Boivin avait dans l’idée qu’il méritait une longue peine.
« C’est extrêmement choquant, encore plus choquant du fait d’être un Innu. Ils ont le respect pour la nature et la vie animale », a-t-elle mentionné, en lien avec les gestes reprochés. « C’est totalement gratuit, sauvage, une souffrance atroce pour un animal, et le fait d’avoir reculé à nouveau, c’est épouvantable », a exprimé la juge.
À ce moment, il voulait que la planète entière le voie, « que tout le monde soit spectateur de son show ».
M. Montigny avait reçu plusieurs menaces à l’endroit de ses enfants, après la diffusion des événements sur les réseaux sociaux.
La juge Annick Boivin a dit comprendre que les gens aient été choqués, « mais ça ne justifiait aucunement les menaces envers sa famille. »
Verdict
La juge reconnait que Michael Montigny a plaidé coupable et que son plaidoyer évite la tenue d’un long procès, à la suite d’une enquête complexe.
« Je perçois la sincérité des regrets, des remords. Vous avez réalisé l’environnement du moment, la drogue, les mauvaises fréquentations. Vous avez été l’artisan de votre propre malheur. »
Et au sujet de la vidéo, « ça va vous suivre. »
La juge Boivin a ainsi mentionné que la suggestion commune n’était pas déraisonnable, à la lumière du témoignage.
Michael Montigny écope donc de 24 mois de probation, 240 heures de services communautaires à réaliser dans un délai de 18 mois et une interdiction avec tout ce qui touche les armes. Son pick up, qui a servi à l’événement du 3 août 2022, a été confisqué.
Cette sentence s’apparente à ce que les deux parties avaient comme suggestion commune.
Content de la sentence, Me Smith Morin, du Directeur des poursuites criminelles et pénales, peut enfin fermer ce dossier au niveau criminel.
Dans cette même histoire de cruauté animale, Michael Montigny doit revenir devant la Cour le 3 mars, cette fois au niveau pénale, face au ministère de la Faune.
« Il entendrait plaider coupable », a fait savoir Me Smith-Morin. Il pourrait se voir imposer une amende maximale de 3 500 $.
Autre dossier
Dans un autre dossier, Michael Montigny a aussi plaidé coupable. Alors qu’il lui était interdit de conduire un véhicule à moteur, à la suite d’une conduite avec facultés affaiblies vers la fin de 2022, il y a eu bris de condition le 11 février. Comme sentence, une amende de 3 000 $ et une interdiction de conduite, à partir d’aujourd’hui, pour une période de six mois.
Retour sur les faits
En août 2022, dans le secteur du chemin des Forges à Moisie, Michael Montigny a fait preuve de cruauté animale, percutant volontairement avec son pick up un orignal pour une première fois, et après l’avoir entendu gémir, a reculé pour piler dessus à nouveau, filmant le tout et y allant de propos grossiers.
Après plusieurs reports au niveau judiciaire, une suggestion commune entre la défense et le ministère public a finalement été présentée en cour, le 29 janvier.
En lien avec la nature des gestes, “ des gestes qui ont choqué le public ”, aux dires de l’avocat du Directeur des poursuites criminelles et pénales, l’avocat Me Patrick Smith-Morin a notamment évoqué une sentence suspendue et 240 heures de travaux communautaires.
Pour sa part, l’avocat de Michael Montigny, Me Jean-Luc Desmarais, a indiqué que, bien que son client soit Innu, la loi québécoise prévoit de quelle façon un animal peut être abattu. Il a ajouté que M. Montigny avait reçu plusieurs menaces à l’endroit de ses enfants, après la diffusion des événements sur les réseaux sociaux.
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