C’est officiel depuis le 11 décembre 2024. Yanick Bérubé reprend les rênes du commerce familial qui a plus de 50 ans d’histoire : la boulangerie Au P’tit Four de Forestville.
Jamais bien loin, que ce soit derrière le comptoir ou à la fabrication des pains, il était facile de penser que l’entrepreneur avait déjà pris la relève de l’entreprise paternelle. Mais Christian Bérubé a passé le flambeau il y a seulement quelques semaines.
Depuis mars l’an dernier, le fondateur de la boulangerie a commencé à prendre ses distances. « On a engagé quelqu’un pour l’administration et la comptabilité. Avant, c’était moi qui faisais ça. Je venais presque tous les jours », mentionne M. Bérubé.
Presque deux années ont été nécessaires pour compléter la transaction du transfert de l’entreprise, ce qui a largement laissé le temps au patriarche de bien préparer son départ. Quant à la relève, il connaît les rouages du commerce depuis belle lurette.
« Il baigne depuis toujours dans la farine », rigole le père fier que la boulangerie demeure dans la famille. « J’ai commencé à travailler à la boulangerie vers l’âge de 12 ans. J’emballais des brioches », se rappelle Yannick Bérubé.
Durant ses années d’école secondaire, le futur boulanger venait donner un coup de main au commerce familial. Il a appris plusieurs tâches au fur et à mesure comme le service au comptoir, l’emballage, les livraisons, la fabrication des différents types de pains, etc. Il a touché à tout.
« Ensuite, je suis allé à Baie-Comeau suivre mon cours de minerai et soudure. Tous mes amis partaient aux études, j’ai voulu le faire aussi », raconte l’entrepreneur de 49 ans.
Après quatre ans à travailler dans son domaine d’études, il est finalement revenu à ce qui le passionnait le plus : la boulangerie. « J’étais pris en quatre murs sans voir personne. Le contact avec les clients me manquait », indique Yanick Bérubé.
Rien n’aurait pu faire plus plaisir à son père, qui se retrouvait sans relève pour son entreprise. Sa fille Sonia Bérubé évoluait quant à elle dans le domaine du droit. « Il était content que je revienne », lance celui qui travaille depuis maintenant 25 ans en continu à la boulangerie.
« Si Yanick n’était pas avec moi, la boulangerie serait fermée depuis trois-quatre ans, renchérit le nouveau retraité. C’est difficile aujourd’hui de trouver de la relève. »
Troisième génération
La boulangerie Au P’tit Four est maintenant une entreprise de troisième génération. Elle a été fondée en 1969 par Auguste Bérubé, le père de Christian et le grand-père de Yanick. Il l’opérait avec sa femme Françoise Boulianne et ses deux fils Christian et Jocelyn.
Depuis trois ans, Christian Bérubé est le dernier fondateur encore vivant. Il était donc le seul propriétaire de l’entreprise au moment du transfert à son fils. Yanick en est également l’unique actionnaire aujourd’hui.
Les plus anciens se rappelleront des débuts de la boulangerie qui a vu le jour au sous-sol chez Frontenac. « Ensuite, on a déménagé chez Marino. La boulangerie était au sous-sol, le commerce était à l’étage et mes parents restaient au deuxième étage », se souvient celui qui a cumulé 55 années d’expérience à la boulangerie.
En 1977, le commerce s’installe à son endroit actuel à la suite de la faillite de l’épicerie Morneau. « Ma mère et moi on a convaincu mon père de s’acheter notre propre bâtisse. Ça coûtait quand même 800 $ de loyer à l’époque où est-ce qu’on était », raconte le patriarche.
Évolution
En 55 ans d’histoire, la boulangerie Au P’tit Four a été en constante évolution. Au fil des années, des produits ont disparu des comptoirs et d’autres se sont ajoutés. Les mets préparés sur l’heure du midi ont agrémenté l’offre de services tout comme la préparation de buffet.
Alors qu’ils ont commencé en travaillant en famille, aujourd’hui les boulangers sont entourés de 14 employés qui s’affairent à produire pains, pâtisseries et dîners tous les jours de la semaine. Chaque semaine, l’entreprise utilise 2 000 livres de farine et produit plus de 1 250 pains de ménage, tout dépendamment de la période de l’année.
« On livre nos produits jusqu’aux Escoumins et à Baie-Comeau. On sent que nos produits sont appréciés et c’est toujours agréable à entendre », fait savoir le nouveau propriétaire.
Les réputés Ti-Gus sont d’ailleurs un des produits les plus demandés à la boulangerie forestvilloise. Rappelons qu’ils ont d’abord été nommés Joe-Louis, mais Vachon a forcé l’attribution d’une nouvelle appellation. « On a décidé de l’appeler Ti-Gus en l’honneur de mon père Auguste », précise Christian Bérubé.
L’été, l’employée attitrée à la pâtisserie, cuisine 400 à 500 Ti-Gus par semaine pour répondre à la demande locale. « Je ne peux pas en apporter ailleurs, je les vends tous ici au comptoir », confirme Yanick Bérubé qui se souvient d’un duo de Drummondville qui est venu en avion chercher 50 Ti-Gus.
Vision d’avenir
En ce qui concerne l’avenir, Christian Bérubé compte bien profiter de sa retraite. Âgé de 75 ans, il veut surtout voyager et faire du camping avec sa conjointe Élise Gauthier. « On va en profiter », se réjouit-il.
Quant à son fils, ce ne sont pas les projets qui manquent. Au fil des semaines, des mois et des années, il apportera sa touche personnelle à l’entreprise familiale.
« Je veux garder mes produits. Il y a des choses que j’aimerais changer dans les mets préparés. J’aimerais ça rajeunir le département des pâtisseries et j’aimerais aussi étendre le territoire que je dessers avec la livraison », partage-t-il. L’homme d’affaires pense également à un réaménagement de la salle à manger.
Est-ce que l’entreprise passera entre les mains d’une quatrième génération ? « J’en ai parlé avec ma fille qui a 13 ans et elle me dit que non. Moi aussi je disais ça à cet âge-là, donc on verra ce qu’elle souhaite faire », conclut Yanick Bérubé.
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