Le chef de Uashat mak Mani-utenam compare la DPJ aux pensionnats

Par Lucas Sanniti 11:11 AM - 19 février 2025 Initiative de journalisme local
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Les conseillers Jonathan St-Onge, Karine Fontaine-Jourdain, le chef Mike Mckenzie, la vice-cheffe Rose-Anne Grégoire et le conseiller Bruce Michel lors de l'adoption de la loi sur la bienveillance des enfants, 18 février 2025. Photo Lucas Sanniti

Le chef de Uashat mak Mani-utenam, Mike Mckenzie, établit un parallèle entre la Loi sur la protection de la jeunesse du Québec et l’histoire des pensionnats.

« Dans la protection de la jeunesse, il y a des signalements, ensuite les intervenants de la DPJ interviennent, ils appellent la police et ils viennent enlever l’enfant de la demeure où il reste. Ça revient toujours de la part des familles : c’est comme les pensionnats », a indiqué Mike Mckenzie. « C’est le même principe, on emploi la force policière et juridique pour aller chercher l’enfant et le déplacer ailleurs, hors de la communauté. Il y a eu beaucoup de déchirements par rapport à ces enfants-là. »

C’est comme ça qu’il a illustré, mardi, l’importance pour la communauté du projet de Loi Tshisheuatishitau, alors officiellement adopté.

Celui-ci, en chantier depuis plus de 10 ans, retirera les membres de la communauté habitant sur la Côte-Nord du cadre de la Loi sur la protection de la jeunesse du Québec, confiant les décisions sur le bien-être des jeunes aux familles de la communauté.

« La volonté de la communauté c’est de retirer tout pouvoir aux tribunaux, comme la Cour du Québec et la Cour supérieure, sur les enfants », remarque Marie-Claude André-Grégoire, avocate chez O’Reilly, André-Grégoire et Associés, qui a soutenu ITUM dans la rédaction du texte de la loi.

« On va s’assurer que les enfants restent dans un système de bienveillance où les décisions sont ramenées aux familles », poursuit-elle. « De manière parallèle, on va offrir des services pour soutenir les parents, afin qu’ils puissent reprendre la responsabilité de leurs enfants. »

Marie-Claude André-Grégoire, avocate chez O’Reilly, André-Grégoire et associés. Photo Lucas Sanniti

Pour ce faire, des conseils de famille, des conseils de sages, des comités indépendants, et des cercles aidants, tous issus de la communauté, prendront les décisions sur le sort de l’enfant, si le parent ne peut s’en occuper.

Le tout sera fait dans le respect de la culture et de la langue innue.

Le chef Mike Mckenzie affirme que l’adoption de cette loi est un jalon important dans l’autonomie gouvernementale de sa communauté.

« C’est ça l’entente historique, c’est de gérer soi-même les propres instances de notre communauté », dit-il.

Avec les Atikamekw d’Opitciwan, Uashat mak Mani-utenam devient la seconde communauté autochtone du Québec à avoir sa propre loi sur la protection de la jeunesse.

La Loi doit entrer en vigueur d’ici l’automne 2025. Une négociation d’un Accord de coordination avec le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec devra avoir lieu, afin d’assurer une transition fluide des dossiers.

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