Fiasco SAAQclic : le ministre Éric Caire remet sa démission

Le ministre du Numérique, Éric Caire, démissionne.
La pression était devenue insoutenable pour le ministre, soupçonné d’avoir aidé la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) à cacher à la population d’importants dépassements de coûts en pleine année électorale.
«C’est n’importe quoi», s’était défendu le principal intéressé qui était talonné par les partis d’oppositions à la période des questions, jeudi. Il affirmait qu’il n’avait aucunement l’intention de démissionner et qu’il comptait même se représenter en 2026.
«Dans le document qui m’a été présenté, (…) il n’est pas question de dépassements de coûts. Il n’est pas question d’un projet qui est en dérapage, d’aucune façon», avait-il déclaré en Chambre.
Le fiasco numérique à la SAAQ domine les échanges à l’Assemblée nationale depuis le dépôt du rapport explosif de la vérificatrice générale, la semaine dernière, qui faisait état d’un dépassement de coûts d’au moins 500 millions $.
Jeudi, Le Devoir et Le Journal de Québec ont allégué que des conversations avaient eu lieu dès 2022 entre M. Caire et la SAAQ, puis qu’un arrêté ministériel avait été signé permettant à la société d’État de morceler un dépassement de 222 millions $ afin qu’il passe sous le radar.
Dans son rapport, la vérificatrice a révélé que ce morcellement s’était fait en raison d’un soi-disant «risque médiatique et politique élevé».
M. Caire «s’est fait prendre la main dans le sac», a déclaré en point de presse, jeudi, le chef intérimaire du Parti libéral du Québec (PLQ), Marc Tanguay, qui réclamait la démission du ministre.
«Ce matin, une chose est sûre: c’est bye bye le shérif Éric Caire», a-t-il lancé. Le PLQ réclame aussi la tête de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, et de son prédécesseur François Bonnardel.
Tandis que certains députés caquistes interrogés jeudi réaffirmaient leur soutien envers M. Caire, d’autres ont exprimé un malaise. «La cohésion d’équipe, mais…», a laissé planer le député de Beauce-Sud, Samuel Poulin.
«C’est lui qui est le ministre, qu’il gère ses affaires», a ajouté son collègue de Beauce-Nord, Luc Provençal.
«On a eu un bon caucus hier soir», s’est limité à dire le whip en chef du gouvernement, Mario Laframboise. «Éric Caire, c’est un collègue que j’apprécie beaucoup», a affirmé pour sa part le ministre responsable des Infrastructures, Jonatan Julien.
M. Tanguay en a profité pour souligner l’absence du premier ministre François Legault, qui a choisi de passer la journée à La Tuque, en Mauricie. Selon lui, M. Legault «se déresponsabilise» en choisissant de se «sauver à La Tuque» au lieu de répondre aux questions.
Rodrigue démissionné
Pendant ce temps, la présidente du Conseil du trésor, et ancienne procureure de la commission Charbonneau, Sonia LeBel, a annoncé avoir écarté l’ex-sous-ministre de M. Caire, Pierre E. Rodrigue, de la présidence de l’Office des professions du Québec.
M. Rodrigue venait d’être nommé président de l’Office la veille. «Il est important qu’on ait à la tête de cette institution-là des gens qui y travaillent qui ne soulèvent pas de questionnements», a-t-elle expliqué au Salon rouge.
Elle a précisé que c’est M. Rodrigue lui-même qui lui aurait fait part dans une lettre de son intention de démissionner.
Selon Le Devoir, Pierre E. Rodrigue a assisté avec M. Caire à une présentation le 13 juin 2022 au cours de laquelle il aurait été mis au fait de dépassements de coûts à la SAAQ.
Prenant bonne note du départ de M. Rodrigue, M. Tanguay s’est demandé si «ce qui est bon pour pitou est bon pour minou», en référence à Eric Caire. «Bye bye, mon cowboy, comme disaient les libéraux», a lancé la co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Ruba Ghazal.
«La cause du ministre de la Cybersécurité et du Numérique est entendue. Les regards se posent maintenant sur le premier ministre. Il est question de son jugement», a ajouté le député du Parti québécois (PQ) Pascal Bérubé.
QS et le PQ réclament la tenue d’une commission d’enquête publique; les libéraux se sont dits jeudi «ouverts» à une telle commission. Alors qu’il était dans l’opposition en 2015, M. Caire réclamait lui-même une enquête publique sur les contrats informatiques.
Se disant malade jeudi, arborant un masque chirurgical, le ministre Caire a quitté le parlement en fin d’avant-midi alors qu’il devait participer à l’étude détaillée de son projet de loi 82 sur l’identité numérique nationale.
L’Assemblée nationale a suspendu ses travaux pour deux semaines.
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