CHRONIQUE | Serait-il temps de réfléchir à notre avenir?

Campagne électorale de René Lévesque du Parti québécois. Photo Daniel Lessard, E10, S44, SS1, D76-658, BAnQ Québec, Fonds Ministère des Communications
À ne plus en douter, au sud de notre frontière se déploie pièce par pièce un régime autoritaire où la censure est sur le point de devenir la norme, alors que les écoles se voient muselées, que la science et l’opposition sont mises au banc des accusés, que les inégalités meublent le quotidien et que la doctrine religieuse reprend du service.
Le grand paradoxe de cet écroulement démocratique, c’est qu’il aura été soutenu par une masse de gens qui se seront réclamés de plus de liberté, comme si régime autoritaire et liberté pouvaient avoir une quelconque relation.
Des gens voulant exprimer leur colère face à un système qui les oubliait, qui les marginalisait ou même les ridiculisait. Des péquenauds comme certains les appellent, regardés de haut par une élite privilégiée, diplômée de ces grandes écoles prestigieuses à qui Wall Street réserve les meilleures places, élection après élection.
Il y a bien quelques transfuges de classe pour mousser ce rêve américain, mais la tromperie n’a plus l’éclat des belles années. C’est ce que sont devenus les États-Unis : le théâtre bien assumé d’une confrontation entre les classes où richesse et pauvreté, toutes deux indécentes, se côtoient tous les jours dans la plus grande indifférence des mieux nantis (un euphémisme).
Tout d’un coup, le film repasse dans ma tête ; ces charges en règle, ici au Québec, pour augmenter substantiellement les frais de scolarité et nécessairement diminuer l’accès à l’éducation. Ajoutez à cela la détérioration du système de santé pour en justifier sa privatisation ici et là, favorisant l’accès aux mieux nantis.
Et que dire de tous ces efforts déployés pour réintroduire la production privée d’énergie au Québec. Sournoisement au début, mais sans gêne désormais, pillant pièce par pièce l’héritage de René Lévesque. Qu’ont en commun ces attaques contre nos acquis collectifs à part qu’elles ont été toutes trois initiées par les Libéraux et reprises allègrement par le gouvernement de M. Legault ? Elles favorisent la concentration de la richesse et la distinction entre les classes. Il y a cette poignée de très riches pour qui c’est important de rappeler que tous les hommes ne sont pas égaux… sinon, pourquoi être si riche ?
Ce qui se passe au sud de la frontière n’a rien de banal, le peuple ayant perdu tout contrôle d’une élite politique riche et corrompue et tout espoir aussi de voir l’intérêt commun reprendre ses droits. Les Américains se sont accrochés à Donald Trump comme à une bouée, celle de la dernière chance.
Mais nécessairement ils déchanteront parce qu’aucun régime autoritaire ne s’intéresse au bien être de la population, misant davantage sur son asservissement. Le réveil sera brutal pour tous ces péquenauds à qui on aura fait miroiter des jours meilleurs. Trump les aura tout au plus décomplexés, mais surtout, il aura dédouané le recours à la violence, la radicalisation et ramené l’église au centre des affrontements, avec tous ses préjugés et ses dérives.
Tout ça risque de devenir explosif, dans un pays où on vénère les armes et où on se sera assuré d’affaiblir le rempart législatif à sa plus simple expression.
Bien sûr, il s’agit d’un scénario catastrophe et nous n’en sommes pas là chez nous. Serait-il néanmoins le temps de réfléchir un peu à notre avenir et nous assurer que jamais ne se mettent en place ici, les mêmes conditions explosives et malsaines qui rongent les USA de l’intérieur ?
Une grande réflexion sur ce que serait en 2025 une société moderne, juste et égalitaire, histoire de reprendre contact avec notre sociale démocratie. Avec tout ce qui se passe autour de nous, il me semble que nous n’avons plus le luxe de faire l’économie d’un vrai débat de société, afin de remettre au centre de nos réflexions tous ces grands enjeux qui trop souvent sont balayés par la panique du moment.
À quand des états généraux sur le Québec de demain ? Notre avenir, celui d’un peuple sorti un jour de la grande noirceur, doit-il se résumer à quelques plateformes électorales devenues de plus en plus populistes et sans vision ?
L’histoire nous dit que l’improvisation n’est guère bonne conseillère et pourtant, nous sommes continuellement à la remorque des évènements, de 4 ans en 4 ans. Jean-François Lépine, ce grand journaliste pour qui j’ai un profond respect ajoutait sa voix à de nombreuses autres, pour dire qu’une crise vient aussi avec des opportunités, alors pourquoi ne pas nous positionner et les saisir.
Je ne sais pas pour vous, mais c’est fou ce que René Lévesque me manque !
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