Un nouveau chapitre s’écrit sur les rives du barrage Outardes-3. Le camp innu Uamastakenis, tout juste inauguré, est bien plus qu’un projet touristique. Il incarne l’endroit moderne où la possibilité de vivre les traditions innues des ancêtres de Pessamit sera possible.
Derrière cette initiative, il y a le fondateur Moïse Ashini, un homme animé par le désir de faire vivre et revivre la culture innue.
D’emblée, M. Ashini explique d’où provient le mot Uamastakenis. « Ça veut dire le petit contournement, précise-t-il avec calme. C’est un portage que nos ancêtres prenaient pour éviter les passages trop accidentés de la rivière. »
Enraciné dans la transmission
Le camp Uamastakenis est le fruit d’un rêve porté par Moïse Ashini, sa conjointe et ses enfants. C’est d’ailleurs avec sa fille qu’il codirige cette entreprise familiale.
« Ce que j’ai appris de mon grand-oncle et de ma grand-mère, je veux maintenant le transmettre », confie-t-il. « C’est un privilège que j’ai eu, et c’est une responsabilité de le partager. »
Ancien policier, Moïse Ashini a fait le choix de la réorientation pour suivre une mission plus profonde, celle de la réappropriation culturelle.
À travers des activités saisonnières telles que le portage, la trappe, le tannage et plusieurs traditions autochtones, il souhaite recréer les gestes du quotidien nomade des Innus.
« On veut que les gens comprennent le nomadisme et qu’ils voient ce que c’était, pas dans les livres, mais avec leurs mains, leurs sens, leur cœur », suggère-t-il.
Une approche humaine et immersive
Le projet est actuellement en phase pilote, avec une infrastructure temporaire. Les visiteurs peuvent déjà y passer une nuit, ou participer à des sorties scolaires. L’objectif est de permettre des séjours prolongés dès que le chalet d’accueil, avec tous les services essentiels, sera complété.
« Pour l’instant, on ne peut pas accueillir plus qu’une nuit, mais dès que le bâtiment sera prêt, ce sera deux nuits, trois jours », précise-t-il.
La clientèle est amenée à explorer la nature selon les saisons, et ce, annuellement. « En mai, on remonte vers le nord et à l’automne, on redescend », divulgue M. Ashini ajoutant qu’il s’agit du rythme des saisons de la vie nomade que l’entreprise proposera.
Guérir par la nature
Plus qu’un lieu touristique, Innu Uamastakenis est un espace de guérison. Moïse Ashini a vu, de ses yeux, des jeunes et des aînés reconnecter avec leur histoire dans la forêt.
« Une jeune m’a dit que tout le monde devrait venir ici », révèle-t-il parlant d’une participante adolescente qui a été marquée par son expérience au camp.
Pour plusieurs aînés issus de pensionnats, ces moments en forêt ont été profondément spirituels. Une femme, notamment, s’est rappelé les récits de sa mère après avoir marché sur ces terres. « Elle disait qu’elle ne croyait pas vraiment à ce que sa mère racontait, mais après avoir vu, après avoir senti, elle a compris que c’était vrai », dit-il.
Ce lien entre nature, mémoire et culture devient un baume pour des blessures anciennes, souvent invisibles, vécues par des participants ou même par leurs propres ancêtres.
« Je ne sais pas si c’était une thérapie, mais c’est revenu, les émotions, les souvenirs », raconte M. Ashini qui a assisté à ces scènes émotives. « Ça guérit quelque part », lance-t-il.
Les écoles autochtones et allochtones manifestent déjà de l’intérêt à faire vivre ces traditions aux élèves nord-côtiers. Depuis l’annonce de leur ouverture, plusieurs réservations se sont effectuées et la famille Ashini est heureuse de cet intérêt face à leur culture. « Ce qu’on veut, c’est que les gens participent et qu’ils touchent à notre réalité », conclut le patriarche.
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