L’ex-pro du golf Sainte-Marguerite de Sept-Îles coupable d’agression sexuelle

Par Emy-Jane Déry 5:30 AM - 17 avril 2025
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Anthony Demers a été reconnu coupable d’agression sexuelle en décembre dernier, au terme d’un procès en lien avec des événements s’étant produits à la sortie d’un bar de Montréal, en 2019. Quelques mois après son arrivée en poste à Sept-Îles, en 2021, il avait été arrêté par la police en lien avec cette affaire. L’histoire avait créé une onde de choc au sein du Club de golf Sainte-Marguerite, pour qui la joie d’avoir trouvé un pro pour venir s’établir sur la Côte-Nord aura été d’une courte durée.

Printemps 2021. Anthony Demers n’a pas encore 26 ans, lorsqu’il prend les rênes du Club de golf Sainte-Marguerite, réalisant un rêve. 

L’athlète originaire d’Acton Vale avait fait le bonheur de l’organisation, qui venait de perdre son pro bien-aimé aux dépens d’un poste plus près de sa région natale. 

Mais la lune de miel aura été brève. Le 17 août 2021, Anthony Demers est arrêté par la Sûreté du Québec, à Sept-Îles. Il fait face à une accusation d’agression sexuelle pour des événements survenus à Montréal, 2 ans plus tôt. 

Sur la piste de danse d’un bar, Anthony Demers a rencontré une femme qui était dans un était visiblement ivre, apprend-on dans le jugement rendu le 11 décembre dernier. Il l’a transporté dans ses bras jusqu’à l’extérieur de l’établissement, puisqu’elle peinait à marcher sans tomber. 

« On voit ses jambes qui se balancent au rythme des pas de l’accusé, comme les jambes d’une poupée de chiffon », peut-on lire dans le jugement décrivant les images des caméras de surveillance du bar. 

Demers aurait entrainé la victime dans « un cabanon sombre », où ils auraient eu une relation sexuelle sur de la laine minérale. 

Pour Anthony Demers, « la relation était consentie » et il « ne l’a jamais menacé ».

« C’était sûr qu’elle avait pris un verre, mais elle était réactive », a-t-il témoigné. 

Tout le procès, qui s’est déroulé du 16 au 20 septembre dernier, s’est articulé autour de la notion de consentement. 

Résurrection miraculeuse

« Lorsqu’on regarde les images vidéo qui ont été captées dans les instants qui précèdent, il faudrait croire à une forme de résurrection miraculeuse de la plaignante pour croire que sa version est possible », souligne dans son analyse le juge Bruno Ménard, à propos de la version des faits d’Anthony Demers. « Mais à part ses bras accrochés autour de son cou, elle est inerte », poursuit-il un peu plus loin, sur l’état de la victime avant la relation sexuelle avec Demers. 

Les images des caméras de surveillance du bar et les témoignages des amis de la victime présents et ainsi que de ceux d’Anthony Demers auront permis au juge de conclure que « l’état d’incapacité » de la plaignante « était évident » et que si Anthony Demers croyait le contraire, « c’était à cause de son insouciance ». 

Des versions contradictoires

Les versions de la séquence des événements entendues au procès sont contradictoires. Après son arrivée au bar où elle a rencontré Anthony Demers, la victime ne se souvient de pratiquement rien. 

« Son prochain souvenir est d’être assise à l’extérieur du bar et de dire à ses compagnons de soirée qu’elle s’est fait violer », rapporte le jugement. « Dans les jours qui ont suivi, un fragment de mémoire semble lui être revenu. Elle a un vague souvenir d’un homme qui lui ordonne de lui faire une fellation en la menaçant de ne plus jamais revoir ses amis si elle ne s’exécute pas. »

À propos de ce souvenir, le juge écrit dans son analyse qu’il croit la victime sincère lorsqu’elle le relate, mais que « malgré sa sincérité, son souvenir n’est pas suffisamment fiable pour constituer une preuve hors de tout doute ».

Cependant, pour le juge, il est clair qu’Anthony Demers a commis une « grave erreur de jugement ». 

« Les circonstances faisaient en sorte qu’il devait prendre un pas de recul et s’assurer auprès de la plaignante de son état, plutôt que de l’amener dans un coin sombre pour avoir une relation sexuelle », conclut le juge, qui l’a déclaré coupable d’agression sexuelle, affirmant « qu’il était évident » que la victime « n’était pas dans un état de consentir ». 

Lundi, le dossier qui était de retour devant la cour a été reporté au 15 mai, pour l’étape de la sentence pro forma. 

Après l’arrestation d’Anthony Demers à Sept-Îles en 2021, le conseil d’administration du Club de golf Sainte-Marguerite avait choisi de garder son pro en poste pendant plus d’un an, avançant qu’il le considérait « innocent jusqu’à preuve du contraire », qu’il « faisait du bon travail » et que « personne ne s’était plaint de sa présence ». 

Son départ aurait aussi placé le Club « dans une situation vraiment compliquée », avait affirmé le président du CA, Michel Lachance. 

De son côté, questionnée par Le Nord-Côtier à l’automne 2022, dans le cadre du déroulement des procédures judiciaires contre Anthony Demers, la Professional Golfer’s Association (PGA) of Canada avait appris du même coup l’accusation à laquelle son membre faisait face et elle l’avait suspendu immédiatement.

Environ trois mois plus tard, en décembre 2022, le Club de Sept-Îles annonçait la démission d’Anthony Demers, qui aurait quitté de son plein gré. 

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