Le pin blanc au cœur d’une recherche du CEDFOB

Le Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale (CEDFOB). Photo archives
Une bourse de 300 000 $ du ministère des Ressources naturelles et de la Forêt permettra à Boris Dufour, du Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale du Cégep de Baie-Comeau, d’aller plus loin dans sa recherche sur « le pin blanc comme assise pour la restauration des pessières envahies par les éricacées ».
Boris Dufour est responsable des projets forestiers au CEDFOB depuis 2023. Spécialiste de l’écologie forestière, le chercheur originaire de Clermont, dans Charlevoix, est détenteur d’un doctorat en Sciences de l’environnement de l’UQAR. Cette subvention importante est la première qu’il obtient depuis son entrée au CEDFOB.
Ce projet de recherche sur le potentiel de l’implantation du pin blanc dans la forêt boréale a été motivé par une observation étonnante : la présence du pin blanc le long du littoral nord-côtier. Cette espèce à haute valeur ajoutée pourrait-elle croître avec succès dans un écosystème qui n’est pas naturellement le sien ?
« Certaines forêts boréales sont dégradées par les perturbations (insectes, feu, coupes). Le cas qui nous intéresse, c’est l’envahissement des pessières (forêt d’épinettes noires) par les éricacées, soit des arbustes de la famille des bleuets, comme la kalmia et le thé du labrador, qui ont peu d’intérêt pour l’industrie. Étonnamment, le pin blanc réussit à pousser dans ces lieux dégradés. »
Comment cet arbre peut-il survivre dans un environnement qui n’est pas le sien est une question, à ce jour, sans réponse.
« Le pin blanc, d’abord, ce n’est pas un arbre boréal. Il est de la forêt tempérée, mixte et feuillue. Mais dans sa distribution, il a fait quelques incursions en forêt boréale, rares, entre autres sur la Côte-Nord, sur une mince bande le long de la côte de 10 à 20 km de large, jusqu’à Pointe-des-Monts. Je ne peux pas l’expliquer, mais à cet endroit, les graines réussissent à germer à travers les éricacées et à bien pousser. »
Il a pu constater le phénomène directement sur le site de la forêt d’enseignement et de recherche du Cégep de Baie-Comeau.
Des arbres de grandes dimensions, qui ont atteint des 40 ans d’âge, y prospèrent. « Ils ne sont pas atteints par la rouille vésiculeuse du pin blanc, une maladie qui limite la sylviculture du pin blanc dans tout le Québec. On pense que l’écosystème particulier que constitue une lande à éricacées offre peut-être une protection contre la rouille vésiculeuse », explique le chercheur.
La subvention permettra de valider cette hypothèse. Et, qui sait, de développer un nouveau traitement sylvicole pour les landes à éricacées. « On va avoir deux approches : des plantations expérimentales et des ensemencements expérimentaux de pin blanc en forêt boréale dans les landes à éricacées pour voir si on a autant de succès que dans les sites où on l’a observé », résume M. Dufour.
Tout l’intérêt de ce projet de recherche réside dans la haute valeur ajoutée du pin blanc. « C’est un des bois qui a le plus de valeur chez les résineux. Il n’y a pas une industrie actuellement sur la Côte-Nord pour ce bois, mais elle pourrait se développer. Si ses plantations se développent bien, que la maladie ne se développe pas, qu’il y a peu de mortalité, il y a un potentiel intéressant », précise M. Dufour.
Les 300 000 $ permettront d’aller valider cette hypothèse. Deux chercheurs universitaires mèneront des projets de maîtrise dans le cadre de cette recherche. « Au CEDFOB, on va s’occuper de la mise en place des dispositifs, de l’implantation d’un réseau de plantation et d’ensemencement sur le territoire de la Manicouagan », témoigne Boris Dufour.
Les parcelles de recherche seront disposées sur un transect nord-sud d’environ 100 ou 150 km. Cinq blocs de 4 parcelles, pour environ 5 000 individus, seront implantés sur le territoire de la Manicouagan.
” Il y a une dimension migration d’espèce parce qu’on va planter du pin blanc dans la zone boréale, au-delà de sa distribution naturelle. On veut vérifier s’il va réussir à bien survivre dans des conditions plus froides, continentales “, conclut M. Dufour.
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