« Pour les enfants, tout est permis si tu t’excuses », confie Kim Reid. Cette professeure de Sept-Îles et les syndicats de l’enseignement constatent une hausse des actes de violence envers le personnel dans les dernières années.
L’enseignante du primaire, Kim Reid, rapporte s’être fait tirer les cheveux et avoir subi des « grafignes qui laissent des cicatrices » par ses élèves.
« J’ai été victime de violence [de la part des enfants] à plusieurs reprises cette année. Ça a pris de l’ampleur. »
Pour Kim Reid, le plus difficile lorsque des incidents d’agressivité verbale ou physique surviennent est de réintroduire l’enfant dans la classe après seulement quelques minutes, « comme si de rien était ».
Le milieu scolaire est « à bout de solution », selon Madame Reid. Elle déplore que, dans une volonté de « bienveillance », le protocole d’intervention ne soit pas assez « serré » pour sanctionner et prévenir les formes de violence de la part des enfants.
Près de 40 % des profs
En avril dernier, une consultation du Syndicat de l’enseignement de la région du Fer en collaboration avec la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) révélait que près de 40 % des profs ont subi un acte de violence depuis le début de l’année scolaire, et ce, au moins une fois par semaine pour 21,5 % d’entre eux.
« [Les petits], c’est comme ça qu’ils expriment leur colère », explique Kim Reid. Elle regrette tout de même que la violence soit davantage banalisée lorsqu’elle est commise par des enfants en bas âge.
« Même s’il est petit, ça reste un geste de violence quand même », et l’établissement scolaire doit s’assurer du bien-être de l’enseignant avec sérieux, explique Monica Chiasson, présidente du Syndicat de l’enseignement de la région du Fer. « Est-ce que quelqu’un s’assure que les profs vont bien après [un acte de violence] et que ça change ? »
Madame Chiasson encourage le personnel scolaire à ne pas normaliser les actes de violences qu’ils peuvent subir, même lorsqu’ils sont commis par de jeunes enfants.
Est-ce que les profs vont bien ?
Richard Bergevin, président de la FSE-CSQ, estime que les directions ne peuvent pas se permettre de négliger le bien-être psychologique des professeurs, surtout dans le contexte de pénurie du personnel enseignant.
« Un suivi de la part des directions, ce n’est pas nécessairement très compliqué. Il faut simplement s’assoir avec la personne qui est victime de violence et poser la question : est-ce que ça va ? Et de s’assurer que la personne est en état de continuer le travail. Pourquoi ce n’est pas fait ? Parce que les milieux sont vraiment surchargés présentement. »
Le Syndicat de l’enseignement de la région du Fer-CSQ et la FSE-CSQ ont établi un guide pour « traiter la violence » et un protocole d’intervention auprès du personnel victime de violence.
« Ce n’est pas juste en disant le “vous” qu’il n’y aura plus de violence dans nos établissements », ajoute Monica Chiasson.
Marc-André Masse, directeur du Centre de services scolaire du Fer, affirme que les directions font les suivis nécessaires. « J’invite [les enseignantes victimes de violence] à en faire part à leur direction. Il faut prendre soin de notre personnel », dit-il.
Près de 40 % des profs victimes de violence dans la région du Fer
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