Pour que le cœur de l’école continue de battre 

Par Anne-Sophie Paquet-T. 12:15 PM - 4 juin 2025
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L'un des bricolages collectifs que les élèves ont réalisés cette année en lien avec la Semaine de la persévérance scolaire. Photo Anne-Sophie Paquet-T.

Quand on pense à la vitalité d’un village ou d’un quartier, l’école primaire en est souvent le cœur battant. 

Grande bâtisse, parfois colorée, bien ancrée dans le paysage municipal et familière aux regards, elle ne passe jamais inaperçue. Derrière ses murs, une multitude de petits cœurs qui battent fort, rythmés par les rires joyeux des enfants.

Mais derrière cette effervescence se cache parfois une réalité plus discrète, une fragilité qu’on ne remarque pas toujours au premier regard.

Cette chronique, je l’écris autant comme journaliste que comme mère, comme citoyenne, comme présidente d’un conseil d’établissement et surtout comme humaine qui tient à son école de municipalité.

Elle ne vise ni à dénoncer ni à accuser. Au contraire, elle souhaite mettre en lumière une réalité partagée par plusieurs petites écoles de notre territoire, dont la nôtre, celle de Colombier, mais aussi Tadoussac, Ragueneau, Chute-aux-Outardes, Baie-Trinité et toutes les autres fragilisées par leur ratio peu nombreux. 

Dans nos milieux, chaque inscription compte. Chaque enfant présent dans son école de quartier fait la différence.

Non seulement pour le maintien de certains services, mais pour entretenir le fil invisible qui relie les gens entre eux.

On ne le réalise pas toujours, mais ces choix ont un impact concret pour nos petites écoles.

Cette année, à Colombier, le nombre d’inscriptions préscolaires prévu pour la rentrée 2025-2026 n’atteint pas le seuil nécessaire pour financer une classe dédiée.

Ce n’est pas une décision locale ni une injustice. Ce sont les règles qui encadrent notre système d’éducation, établie à l’échelle nationale. Et comme me l’a bien expliqué une représentante du Centre de services scolaire de l’Estuaire : « Il n’y a pas de nouveaux ratios. Les règles sont connues, mais les budgets étant ce qu’ils sont, nous devons parfois faire preuve de prudence. »

Cela n’enlève rien à l’engagement des équipes-écoles. Au contraire. À Colombier, malgré les contraintes, l’équipe s’est mobilisée.

Des solutions ont été trouvées. Une nouvelle organisation a été proposée. L’enseignement personnalisé reste au cœur des priorités. Il le faut.

Et surtout, l’école demeure un lieu accueillant, vivant, humain. Ça aussi il le faut. 

C’est justement pour soutenir cette énergie qu’il faut s’engager.

Pour faire comprendre que l’école de quartier n’est pas un acquis éternel, mais un bien commun à chérir.

Que l’on soit parent, grand-parent, voisin, citoyen, nous avons tous un rôle à jouer. Et parfois, ce rôle passe simplement par un choix, celui d’inscrire son enfant localement. Répondre présent quand l’école lance un appel à tous. Participer à une sortie. Lire une histoire. Offrir un atelier… tout est possible. 

Je ne prétends pas avoir toutes les réponses et surtout pas toutes les solutions, mais depuis que je siège au conseil d’établissement de l’école de Colombier, j’ai découvert à quel point ces rencontres sont précieuses. Ce ne sont pas des réunions poussiéreuses, ce sont des lieux d’écoute, de décisions concrètes, de partages entre parents, membres du personnel et direction.

On y comprend mieux les défis et comme parent, ça m’a permis de voir l’école autrement. Et surtout, comme citoyenne, ça m’a convaincue qu’on gagne à s’impliquer, même modestement.

Le Centre de services scolaire de l’Estuaire parle souvent de l’effet-communauté dans son Plan d’engagement vers la réussite. Je comprends maintenant pourquoi. Quand les parents, les familles et les citoyens marchent dans la même direction que l’école, on crée un environnement où les enfants peuvent vraiment s’épanouir.

Je n’écris pas cette chronique pour faire des reproches ni pour pointer qui que ce soit. Je l’écris avec l’intention sincère de rallumer un petit feu, soit celui de croire en notre école de quartier, de la soutenir à notre façon, avec notre propre pouvoir qui se retrouve dans l’entraide.

À Colombier, notre école est bien là. Vivante. Résiliente. Mais pour qu’elle garde ce rôle de phare dans notre village, elle a besoin de nous tous.

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