Les jeunes caquistes s’en prennent aux syndicats lors de leur congrès à Lévis

Réunis en congrès à Lévis samedi, les jeunes caquistes ont dénoncé certaines pratiques «antidémocratiques» des syndicats, reprenant bon nombre d’arguments du gouvernement Legault.
Ils ont largement fait écho aux doléances du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, qui ne cesse de s’attaquer à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), devenue un mouvement politique, selon lui.
Le gouvernement en a contre la FAE, parce qu’elle conteste devant les tribunaux la loi 21 sur l’interdiction du port des signes religieux chez certains employés de l’État, y compris les enseignants.
M. Drainville s’est d’ailleurs réjoui lors d’une allocution, samedi, que la relève caquiste, qu’il qualifie de «bougie d’allumage», aborde le syndicalisme et donne un «bon coup de pied dans le nid de guêpes».
«Est-ce que c’est normal qu’un syndicat comme la FAE déclenche une grève générale illimitée sans fonds de grève, mais qu’ils aient l’argent pour aller contester la loi 21?» a-t-il demandé.
«Il y a quelque chose qui ne marche juste pas. Pourquoi on les laisse faire? (…) Un syndicat, ce n’est pas un parti politique», a plus tard répété la présidente sortante de l’aile jeunesse, Aurélie Diep.
Les jeunes avaient choisi comme thème pour la journée une expression souvent utilisée par le premier ministre François Legault: «Ça va brasser». Au terme de la discussion, ils ont adopté trois propositions:
– restreindre l’utilisation des cotisations des membres (…) afin qu’elles ne servent pas à des fins partisanes;
– rendre obligatoire la publication détaillée des dépenses des associations syndicales et étudiantes;
– soumettre les résolutions (…) autorisant le déclenchement d’une grève, une prise de position ou une dépense n’entrant pas dans leur mission à un vote à la majorité du total de leurs membres..
Tant la vice-présidente de l’Union étudiante du Québec, Audrey Fortin, que la présidente de la FAE, Mélanie Hubert, ont réagi samedi en accusant la Coalition avenir Québec (CAQ) d’hypocrisie.
«C’est quand même fascinant de se faire faire des leçons de démocratie par un parti qui, ce matin, à 4h30, adoptait une loi sous bâillon», a lancé Mme Hubert en entrevue téléphonique.
«La CAQ a été élue à 41 % des voix en 2022 par une population qui avait voté à 66 %», a-t-elle rappelé.
Pour sa part, Mme Fortin a noté en entrevue qu’à peine une centaine de jeunes caquistes étaient présents dans la salle pour voter sur les propositions qui étaient soumises.
Legault jubile et en rajoute
M. Legault a applaudi son aile jeunesse, qui continue de faire preuve «d’audace», selon lui. «Ça prend un certain cran [pour] parler des syndicats, mais vous avez raison», a-t-il dit.
«Voter des grèves à 2 h du matin, (…) utiliser l’argent des membres pour contester la loi 21 sur la laïcité, ce n’est pas ce qu’on souhaite au Québec.»
En 2023, la grève de la FAE a «dérapé», a-t-il affirmé. «À tous les matins, j’implorais d’arrêter leur grève qui a touché des enfants pendant cinq semaines. (…) On ne veut plus que ça se reproduise.»
La réaction des syndicats à la loi 89, qui limite la durée des grèves et lockouts pour assurer le «bien-être» de la population, démontre toute sa pertinence, selon lui.
«On a eu (des) bureaux de députés qui ont été saccagés par des syndicats. Il y en a qui sont allés manifester devant la maison du ministre Jean Boulet. Il y a une présidente qui a dit: “On veut le chaos”.»
Poursuivant sur sa lancée, le premier ministre s’est dit «préoccupé» par les agissements des «deux syndicats de médecins» relativement au projet de loi 106 qui modifierait leur rémunération.
Selon lui, les deux fédérations médicales utilisent les cotisations de leurs membres pour faire peur aux Québécois. Mais, «on ne va pas reculer», a-t-il une fois de plus juré.
Flèches à PSPP
Outre les enjeux de syndicalisme, le congrès caquiste a discuté, samedi, d’économie, du développement des mines et de la défense, et d’allègements bureaucratiques.
Le premier ministre en a profité pour décocher plusieurs flèches à l’endroit du chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, qui trône présentement au sommet des intentions de vote.
«Ce n’est pas le temps de mettre au pouvoir un PSPP qui veut un référendum sur la souveraineté. Est-ce que vous pensez que PSPP premier ministre serait intéressé à (…) faire des réussites avec le gouvernement fédéral?
«Bien non! Son objectif à PSPP, c’est de démontrer que ça ne marche pas, le Canada. Donc, ce n’est pas le temps d’avoir le PQ au pouvoir. Il faut être très clairs et l’expliquer aux Québécois», a-t-il martelé.
Les jeunes caquistes ont adopté une proposition pour «développer l’industrie de la défense au Québec et miser sur ce secteur à haute valeur ajoutée pour diversifier l’économie québécoise».
En outre, ils veulent «alléger de 50 % la paperasse dans le secteur minier, afin qu’il soit plus facile que jamais d’exploiter nos minéraux critiques et stratégiques».
Pour augmenter la productivité, l’aile jeunesse de la CAQ souhaite également un retour au travail en présentiel de trois jours pour les fonctionnaires et de quatre jours pour leurs gestionnaires.
Par ailleurs, le congrès a élu un nouvel exécutif. Le nouveau président des jeunes, William Denis, qui succède à Mme Diep, détient un certificat en droit de l’Université Laval.
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