Affichage en français : les plaintes se font rares sur la Côte-Nord

Par Johannie Gaudreault 7:00 AM - 10 juin 2025
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Le magasin Walmart de Baie-Comeau devra changer son affichage pour se conformer au nouveau règlement. Certains commerces font le choix de laisser seulement leur logo quand leur nom est en langue étrangère. Photo Karianne Nepton-Philippe

Depuis les sept dernières années, aucune plainte n’a été transmise à l’Office québécois de la langue française concernant des commerces de la Côte-Nord. Il faut reculer en 2016-2017 pour voir apparaître la région dans les statistiques.

Effectivement, selon les données rendues disponibles par l’Office québécois de la langue française, « pour 2016-2017, le pourcentage de plaintes touchant la Côte-Nord est de 1 % », divulgue le porte-parole de l’organisation, Gilles payer. 

Il n’est toutefois pas possible de connaître le nombre de plaintes ainsi que les commerces qui ont été visés. 

Pourquoi ce nombre de plaintes est-il peu élevé ? L’Office dit ne pas avoir d’information à ce sujet. De plus, elle « ne dispose pas [non plus] de données concernant les défis et enjeux en lien avec l’affichage dans la région de la Côte-Nord », ajoute M. Payer. 

Nouvelle réglementation

Le gouvernement du Québec a adopté une nouvelle réglementation le 1er juin à laquelle les commerçants doivent se conformer. Le français doit dorénavant prendre plus de place sur les affiches commerciales.

En 2016, l’exigence demandait aux entreprises d’ajouter un mot en français à une marque en langue étrangère pour s’assurer que le français soit sur les panneaux.

Maintenant, la nouvelle règle est plus rigoureuse puisqu’elle demande « une nette prédominance du français ».

Pour être nettement prédominant dans un affichage, le français doit avoir « un impact visuel beaucoup plus important par rapport aux autres langues utilisées dans cet affichage », explique l’Office québécois de la langue française.

Cela signifie que le texte en français doit occuper un espace au moins deux fois plus grand que le texte dans une autre langue en plus d’avoir un caractère permanent ainsi qu’une visibilité et une lisibilité au moins équivalentes à celles de tout texte dans une autre langue, notamment en ce qui a trait à l’éclairage.

« Les composants de l’affichage public rédigés en français doivent, par rapport à ceux rédigés dans une autre langue, être conçus, éclairés et situés de manière à permettre qu’ils puissent être lus en tout temps, facilement et de manière simultanée », précise l’organisation.

Notons que les heures d’ouverture, les numéros de téléphone et les adresses, les chiffres et les pourcentages ainsi que les articles définis (ex. : le, la, les), indéfinis (ex. : un, une, des) et partitifs (ex. : du, de la, de l’) ne contribuent pas à assurer la nette prédominance du français dans un affichage.

Il y a toutefois des exceptions où la nette prédominance du français n’est pas exigée : lorsque l’affichage est à l’intérieur d’un local et ne peut être vu depuis l’extérieur, sur un véhicule, sur une borne ou toute autre structure indépendante, y compris celle de type enseigne pylône, qui comprend plus de deux noms d’entreprises ou marques de commerce.

Cependant, le nom d’entreprise doit toujours être accompagné d’un générique en français. Par exemple, dans le nom d’entreprise Vêtements Coolkids, Vêtements est le générique et Coolkids est le spécifique.

Des amendes de 30 000 $ par jour pourront être remises aux contrevenants, pour une première infraction. Le gouvernement du Québec a toutefois assuré qu’un temps sera alloué aux entreprises pour faire les changements demandés avant de passer aux sanctions financières.

Dans son affichage public, le service de restauration rapide Subway, qu’on retrouve à plusieurs endroits sur la Côte-Nord, doit grossir le mot restaurant pour qu’il soit nettement prédominant comme le demande le nouveau règlement. Photo Johannie Gaudreault

Plus facile à dire qu’à faire ?

Sur la Côte-Nord, la majorité des petits commerces de détail n’auront pas besoin de changer leur affichage public puisqu’ils utilisent davantage le français. Là où les difficultés se font sentir, ce sont plutôt chez les grandes chaînes. 

Par exemple, à Baie-Comeau et Sept-Îles, on retrouve des magasins à grande surface comme Walmart ou encore Canadian Tire. Ceux-ci sont concernés par le nouveau règlement. 

Pensons aussi aux chaînes de restauration rapide comme Subway qui devra se conformer et changer ses affichages. 

Au moment de passer sous presse lundi, seulement Walmart avait répondu à notre demande d’entrevue. 

« Nous prenons nos responsabilités légales et réglementaires au sérieux et continuerons de nous conformer aux lois et règlements applicables au Québec. Nous collaborons étroitement avec les autorités locales, dont plusieurs municipalités, afin d’obtenir les approbations nécessaires pour apporter les modifications requises à notre affichage extérieur », déclare le porte-parole Steeve Azoulay.

Il y a des exceptions où la nette prédominance du français n’est pas exigée comme lorsque l’affichage est à l’intérieur d’un local et ne peut être vu depuis l’extérieur. Sur la photo, le panneau d’affichage des magasins des Galeries Montagnaises à Uashat. Photo Émilie Caron-Wart

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