Loi 2 : une chirurgienne de Sept-Îles fait un parallèle avec les communautés autochtones

Par Emy-Jane Déry 9:20 AM - 29 octobre 2025
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La ministre de la Famille et députée de Duplessis, Kateri Champagne Jourdain. Photo tirée de Facebook

Une chirurgienne de Sept-Îles s’inquiète de l’appui de la députée caquiste de Duplessis à la Loi 2 venant encadrer le travail des médecins, étant donné qu’elle est une femme issue des Premières Nations : « vous portez dans votre parcours personnel et politique une mémoire précieuse : celle des peuples qui ont été longtemps soumis au contrôle, à la dépossession et à la négation de leur autonomie », écrit-elle. 

En plus d’imposer aux médecins un nouveau mode de rémunération, la Loi 2, adoptée sous bâillon, leur interdit de mener des « actions » pouvant nuire à l’accès aux soins, sous peine de lourdes pénalités. Les médecins sont en colère et la Fédération de médecins spécialistes transportera l’affaire devant les tribunaux. 

Dans une lettre envoyée mardi à la ministre de la Famille et députée de Duplessis, Kateri Champagne Jourdain, la chirurgienne fait état « d’une profonde inquiétude » et d’une « déception sincère » face à l’appui de Mme Champagne Jourdain à la cette loi. 

Ce soutien lui semble « profondément contradictoire », y écrit la Dr Marion L’Espérance. 

« La Loi 2, par son approche centralisatrice et son renforcement du pouvoir de l’État sur les choix et les identités des citoyens, reproduit les mêmes dynamiques de contrôle qui ont été imposées pendant des générations aux communautés autochtones », fait-elle valoir. 

Elle s’explique en nommant « le paternalisme politique », « la surveillance administrative » et « la négation du droit à l’autodétermination, qu’elle soit collective ou individuelle ». 

« Vous savez mieux que quiconque que les peuples autochtones ont dû se battre contre des lois similaires — des lois qui, sous prétexte d’ordre et de protection, visaient à normaliser, assimiler et contrôler », peut-on lire dans la lettre datée du 28 octobre. 

En appuyant, la loi controversée du gouvernement, « qui réduit encore la capacité des citoyens à décider pour eux-mêmes », Mme Champagne Jourdain vient « cautionner ce même principe de domination », affirme la chirurgienne. 

« Vous cautionnez le retour d’une logique que vos ancêtres ont combattue », déplore-t-elle. 

Dr L’Espérance précise toutefois ne pas écrire cette lettre pour « juger » la ministre et députée, mais bien pour l’inviter à « réfléchir à cette continuité historique ». 

« Les peuples autochtones ont toujours revendiqué leur droit de parler pour eux-mêmes, de choisir leur propre avenir, de définir leurs propres identités. Cette revendication est universelle : elle appartient aussi à tous les Québécois et Québécoises qui refusent que l’État s’arroge le pouvoir de redéfinir leur vie sans leur consentement », poursuit-elle. 

La chirurgienne invite la députée à reconsidérer sa position et à « écouter ces échos du passé qui rappellent combien la liberté et l’autonomie sont fragiles, et combien elles méritent d’être défendues, surtout par celles et ceux qui en connaissent le prix ». 

Dr Marion L’Espérance n’a pas souhaité accorder d’entrevue au Journal. De son côté, la députée de Duplessis, Kateri Champagne Jourdain n’avait pas encore donné suite à notre demande au moment de publier. Plus tard, elle a réagi directement sur ses réseaux sociaux.