Baie-Comeau : Isabelle Hall passe du réseau public à une agence de placement

Par Johannie Gaudreault 12:05 PM - 27 septembre 2022
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Isabelle Hall s’est tournée vers une agence de placement afin d’obtenir de meilleures conditions de travail. Photo : Courtoisie

Isabelle Hall est infirmière auxiliaire depuis 18 ans. Originaire de Forestville, elle a commencé sa carrière à l’hôpital de Baie-Comeau. Depuis quatre mois, elle travaille pour une agence de placement, ce qui améliore grandement sa qualité de vie.

Si on recule de quelques années, il aurait été impensable que Mme Hall se tourne vers le privé pour réaliser sa profession.

Lorsqu’elle a débuté dans le domaine, elle s’est vite impliquée auprès du Syndicat des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes. Une de ses revendications était d’arrêter de recourir aux agences de placement, qui coûtaient beaucoup plus cher pour la même main-d’œuvre.

« À mon arrivée, je me suis impliquée parce que je suis quelqu’un qui aime changer les choses. Je voulais être capable de faire évoluer la profession d’infirmière auxiliaire, mais aussi tenter d’optimiser les soins, de donner de meilleurs soins adaptés aux personnes âgées. Je voulais qu’ils soient chouchoutés malgré le fait qu’ils étaient hospitalisés », se rappelle la native de Forestville.

Le syndicat l’a donc interpellée et elle s’y est investie durant une dizaine d’années.

« J’ai vu tous les volets tant des soins que des ressources humaines. En 2020 est arrivée la pandémie de la COVID-19 où tout est devenu difficile. C’est devenu compliqué. On nous donnait plus de tâches alors qu’il y avait moins de personnel », témoigne Isabelle Hall.

La crise sanitaire a joué un rôle dans la décision de l’infirmière auxiliaire de quitter le réseau public.

« On est toujours moins et on nous en demande toujours plus, se désole-t-elle. La désinfection des salles d’examen, ça prend beaucoup plus de temps. Les conditions de travail ne me convenaient plus. »

Il y a 18 mois, Mme Hall a finalement franchi la porte du réseau public pour la dernière fois. Elle a dû patienter 12 mois pour pouvoir joindre les rangs d’une agence et œuvrer à nouveau à l’hôpital de Baie-Comeau.

« Maintenant, je suis au laboratoire, je m’occupe des prélèvements », dévoile celle qui peut désormais choisir son horaire ainsi que les départements dans lesquels elle souhaite travailler.

« Je ne fais pas de temps supplémentaire obligatoire à moins de le vouloir. J’ai 54 ans, je veux, jusqu’à ma retraite, prendre ça plus relaxe, sans pression », ajoute-t-elle.

Une réalité différente

Même si elle reprochait au CISSS de la Côte-Nord de trop utiliser les services des agences de placement auparavant, Isabelle Hall évoque qu’il s’agissait d’une réalité tout à fait différente d’aujourd’hui.

« Il prenait des quarts de nos employés à cette époque-là (en 2015). Il y a des infirmières qui ne travaillaient pas et celles des agences oui. C’est pour ça qu’on se battait. »

Maintenant, en raison de la pénurie de main-d’œuvre flagrante, le CISSS n’a d’autres choix que de faire appel aux agences, selon Mme Hall.

« Je n’avais jamais vu d’agence au laboratoire et là il y en a, parce qu’il n’y a plus personne pour faire les prélèvements. Il (le CISSS Côte-Nord) en a besoin des agences sinon il va fermer des secteurs et des unités de soin », témoigne-t-elle.

Pour l’infirmière auxiliaire, il ne fait aucun doute que l’amélioration des conditions de travail permettrait de retenir le personnel infirmier dans le système public. « Il y a encore des choses qui doivent être améliorées. Le temps supplémentaire obligatoire, ça ne devrait pas exister », dénonce Isabelle Hall, qui continue de s’intéresser aux négociations avec le gouvernement.

La travailleuse de la santé ne voit pas de désavantage pour l’instant à son virage vers le travail en agence. « S’il y en a un, c’est celui de ne pas avoir de fonds de pension, mais avec le salaire qui est plus élevé, on peut se permettre de s’en créer un soi-même », commente-t-elle.

Selon cette dernière, il y a de plus en plus d’infirmières et infirmières auxiliaires qui joignent les rangs d’une agence, notamment pour les mêmes raisons qu’elle.

« Ce n’est pas pour rien qu’il y a une recrudescence dans les agences. Les gens ont vécu la COVID, ils ont trouvé ça vraiment difficile les conditions avec lesquelles ils ont travaillé. »

Pour qu’elle revienne dans le réseau public de la santé, le gouvernement devra redoubler d’efforts.

D’ailleurs, Isabelle Hall ne voit pas ce qu’il pourrait faire pour l’instant puisque « c’est comme si on demandait de changer le système au complet ».

« Il faudrait qu’il y ait une défusion, qu’il revoie vraiment les salaires, entre autres celui des infirmières auxiliaires, qu’il revoie les conditions de travail et qu’il abolisse le temps supplémentaire obligatoire. Je ne pense pas voir ça de mon vivant », conclut Mme Hall qui se dit très heureuse de son choix.

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