Un nouveau laboratoire pour Sel Saint Laurent

Par Renaud Cyr 2:25 PM - 27 septembre 2023
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Le bâtiment situé à proximité de la rivière des Petites Bergeronnes prend de l’expansion depuis quelques mois. 

Mais que se passe-t-il dans la petite maison sur le bord de la route 138 près de la rivière des Petites Bergeronnes ? La maison sert maintenant de laboratoire pour la recherche scientifique liée à la production de sel de l’entreprise Sel Saint-Laurent, une première au Québec.

Les curieux auront peut-être remarqué l’évolution du chantier près de la rivière des Petites Bergeronnes sur la route 138 au courant de l’année, initialement amorcé en 2022.

Des bras, des véhicules et des pelles mécaniques se sont activés pour soulever de terre l’ossature d’un imposant hangar, d’une annexe de maison et d’un garage, tous terminés cet été.

Une première au Québec

L’entrepreneur originaire de Gaspésie qui a développé son produit au sortir de la pandémie a choisi
son site d’extraction au large des Bergeronnes, pour sa confluence entre les courants du fleuve Saint-Laurent, du fjord du Saguenay et du Labrador.

Manuel Bujold Richard explique que l’eau est recueillie dans la couche mésopélagique entre 200 et 1 000 mètres de profondeur, où « les agents polluants ne se trouvent pas, comparativement à la couche d’eau supérieure », indique-t-il.

Finaliste des Lauriers de la gastronomie dans la catégorie Entreprise ou initiative de l’année en 2022, Sel Saint Laurent continue son développement.

L’entreprise a d’ailleurs élaboré depuis son sel d’ail noir, « qui marche bien », confirme le fondateur.

« On essaie de générer de nouveaux revenus, et on vise éventuellement à sortir un sel d’oursin », révèle-t-il.

L’intérieur de la nouvelle installation avec ses imposantes bassines.

Du jamais vu

Les nouvelles installations permettront d’une part de bonifier le volume de sel qui se retrouvera sur les tablettes, mais aussi de plancher sur la recherche d’un nouveau mode de production qui est si nouveau qu’il n’existe pas encore de brevet le définissant. Du moins, jusqu’à maintenant.

L’équipe de Sel Saint Laurent travaille sur le dépôt de brevet pour une nouvelle technologie qui permettra de concentrer l’eau par congélation afin d’y extraire le sel, comparativement à la méthode de l’évaporation traditionnellement utilisée.

« C’est à venir, mais c’est pour faire de l’eau potable qui serait le déchet des opérations », indique Manuel Bujold Richard.

L’entreprise vise à terme à construire l’usine de production sur le bord de la mer près du lieu de récolte hydrique.

« Pour être sûrs de ne pas faire d’erreurs, nous allons effectuer de la recherche où nous sommes présentement pendant un certain temps, et une fois la recherche terminée nous pourrons financer la vraie usine », estime l’entrepreneur.

Atteindre la rentabilité et miser local

L’entrepreneur caresse l’idée d’arriver à concurrencer le sel d’importation à l’échelle de la province, mais l’incertitude persiste.

« On ne sait pas encore si le marché du Québec est suffisant pour répondre aux besoins financiers de l’entreprise », observe-t-il, en songeant à ouvrir plus de points de vente si la demande est au rendez-vous.

« Je pense que les gens aiment le produit. La qualité est là, mais notre défi pour l’instant est de réduire le prix pour rendre le sel plus accessible et de réduire l’empreinte carbone liée au transport », assure l’homme d’affaires.

« Ce que le Québec consomme est importé, et ça revient aux Québécois d’acheter des produits locaux, et c’est valable pour tout ce que le Québec essaie de produire au niveau local », conclut Manuel Bujold Richard.

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